Le Panafricanisme est une idéologie née en 1885 à la Jamaïque, et dont le père fut Marcus Garvey. A l’origine, il s'agissait pour les Afro-Américains en quête de racines, de pouvoir revendiquer une appartenance mythique à un «Peuple noir uni» censé avoir existé dans ce «paradis perdu» qu'était l'Afrique d'avant les Blancs. A cette revendication ethnoculturelle s’ajouta un courant musical qui connût ultérieurement de grands succès avec Bob Marley et le reggae.
Le véritable essor politique du Panafricanisme se fit aux Etats-Unis dans les années 1920 quand Marcus Garvey y émigra. A l’origine, le mouvement qui mélangeait politique et imprécations bibliques, prêchait le retour en Afrique de tous les descendants d'esclaves disséminés sur le continent américain et il situait la Terre promise des Noirs... en Ethiopie.
L'idée panafricaine prit cependant véritablement forme avec l'Américain Burghard Du Bois (1868-1963) qui fonda en 1908 la National Association for the Advancement of Coloured People. Puis, en 1919, il réunit à Paris le premier Congrès panafricain, qui rassembla cinquante-sept délégués venus des colonies britanniques ainsi que des Etats-Unis et des Antilles.
En 1921, à Londres, lors du 2ème congrès, l’égalité des droits entre Blancs et Noirs fut demandée.
Au mois de mars 1945, se tint à Manchester le 5e congrès panafricain qui marqua un tournant dans la mesure où il fut dominé à la fois par des délégués marxistes à l’image de l’Antillais Frantz Fanon et du Ghanéen Kwame Nkrumah, mais aussi par des nationalistes comme le Kenyan Jomo Kenyatta. Les déclarations finales insistèrent sur l’impératif des indépendances et sur la fin de l’«exploitation coloniale» ainsi que sur la nécessité de mettre un terme aux divisions du continent postulées être la conséquence de la colonisation.
Ce fut alors que l’idée panafricaine fut transplantée en Afrique, où certains intellectuels et hommes politiques y virent le moyen de dépasser les divisions ethno-tribales minant le continent. Or, selon eux, ce dépassement était possible parce que, à l’origine, ainsi que le postulait Cheikh Anta Diop, aurait existé une unité culturelle commune et originelle.
Le panafricanisme prit alors une forme de plus en plus militante avec la revendication des indépendances marquée par celle du Ghana (1957). Puis il devint une réalité au mois de mai 1963 lors du congrès d’Addis Abeba qui rassembla les délégués des trente Etats africains alors indépendants.
C’est à cette occasion que fut adoptée la Charte portant création de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine), dont le but était la fin de la colonisation, la coopération entre les Etats membres et la volonté de régler les éventuels conflits potentiels par la négociation. Pour les panafricanistes, le but à plus long terme était l'avènement des Etats-Unis d'Afrique, qui intégreraient les Antilles et la communauté afro-américaine.
Cette volonté unitaire ne résista pas longtemps à la «guerre froide» et à la politique des blocs, puisque les membres de l'OUA se rangèrent dans l'un ou l'autre des deux camps, multipliant les conflits.