Au début du VIIIe siècle, des tribus arabes du groupe des Qays et qui étaient originaires du nord de l’Arabie, entrèrent en Egypte par le Sinaï. Au XIe siècle, certaines d’entre elles, dont les Beni Hilal, les Beni Mâqil et les Beni Sulaim (Solaim) migrèrent vers le Maghreb où elles pénétrèrent à partir de 1050. Elles avaient été poussées et même lancées sur la région par les souverains Fatimides du Caire qui avaient décidé de punir leurs vassaux. En effet, en 1047, le Ziride Al-Mu’izz ibn Badis avait fait allégeance au calife abbasside sunnite de Bagdad, trahissant ainsi les Fatimides chiites.
Or, loin de repousser ces tribus, Zirides et Hammadides les avaient utilisées dans leurs propres querelles internes. C’est ainsi que les Zirides s’étaient alliés aux Riyah afin de combattre leurs cousins Hammadides, tandis que ces derniers s’appuyèrent sur les Athbej. Ces «alliances» consacrées par des mariages étaient cependant fragiles car les Bédouins n’avaient en vue que leur propre intérêt. C’est ainsi que les Hammadides furent battus par eux en 1050, puis en 1051. De leur côté, les Riyah prirent Béja (Bougie) et les Zoghba s’emparèrent de Tripoli. Quant aux Hafsides de Tunis, ils engagèrent à leur service les Kooub, une fraction des Beni Solaim, cependant que Yaghmorassen, fondateur du royaume abd-el-wadide de Tlemcen s’appuyait sur les Zoghba.
Au Maroc, fondateur de l’empire almohade créé par des montagnards berbères, Abd el Moumen ne pouvait que craindre l'arrivée de ces nomades dans l'est du Maghreb. Les menaces grandissantes qu’ils faisaient peser le décidèrent alors à intervenir.
Rassemblée à Salé, l'armée marocaine quitta les rives du Bou Regreg et se dirigea vers le Nord, comme si elle s'apprêtait à franchir le détroit pour gagner Al-Andalus. Abd el Moumen se rendit jusqu'à Ceuta et ce ne fut qu'ensuite qu'il infléchit vers l'Est la marche de sa troupe. Par Tlemcen, l'armée parvint à Alger puis à Bougie. Abd el Moumen renonça à marcher sur Kairouan et il repartit vers Marrakech après avoir nommé des gouverneurs et installé des garnisons dans les régions conquises.
Pensant qu’il était en position de faiblesse, les tribus arabes se lancèrent alors à sa poursuite mais, en 1152, à Sétif, après trois jours de bataille, Abd el Moumen les écrasa.
En 1159, sept ans après sa victoire de Sétif, Abd el Moumen mena une nouvelle expédition en direction de l'Est. Alors qu’il était sur le chemin du retour, les Arabes tentèrent un coup de main sur Kairouan, mais ils furent surpris par un corps de cavaliers marocains et complètement défaits; une pyramide fut même édifiée avec leurs têtes coupées. Tout le Maghreb étant désormais unifié sous domination marocaine, Abd el Moumen décida alors de porter la guerre au nord du détroit, dans Al Andalus.
Cependant, après les avoir vaincues, les Almohades firent passer à leur service les tribus hillaliennes. Elles constituèrent alors leur djish, devant le service militaire, en échange de la dispense du kharadj et de la reconnaissance de nombre d’avantages. Paradoxalement, ce furent donc les Berbères, les Almohades, qui ouvrirent les plaines atlantiques du Maroc ainsi que les steppes du sud et de l’est de l’Atlas aux Arabes. Certains Beni Maqil se dirigèrent ensuite vers la Mauritanie actuelle où ils donnèrent naissance aux tribus Hassan.
Sous le règne de Yacoub al Mansour (1184-1199), les tribus arabes Riyah, Jochem, Athbej, Sofyan Khlot, Atrej et Zoghba reçurent l’autorisation de s’installer dans les plaines atlantiques, alors peuplées par plusieurs tribus berbères du groupe Masmouda, dont les Doukkala, les Regrada, les Dghoug, les Maguer, les Mouctaraia, et les Hazmir qui furent en partie refoulés vers l’Atlas. Ceux qui restèrent s’assimilèrent peu à peu aux Arabes. Quant aux Barghwata, considérés comme des hérétiques, ils furent massacrés et remplacés par les Jochem.