Couples modernes: des sujets qui fâchent les époux!

Famille Naamane

ChroniqueLe mariage d’amour! Rêve de toute jeune fille marocaine. Une vie comblée de bonheur conjugal. Pour les jeunes filles, le mariage est une destinée heureuse qui va compenser toutes les privations qu’elles ont subies étant célibataires.

Le 26/03/2021 à 11h00

Le prince charmant est fortement présent dans la représentation féminine du mariage. Les attentes des jeunes filles sont énormes. Le mariage est une promotion sociale et surtout la liberté dont elles ont été privées chez leurs parents. Wiame, 22 ans: «toutes les belles choses que je veux faire, ma mère me dit d’attendre de les faire avec mon mari!» 

Côté homme, le mariage est une fin et non un début. Les hommes vivent dans une société permissive à leur égard, y compris pour l’expérience sexuelle prémaritale. L’âge moyen du mariage est en recul: 28 ans pour les filles et 31 pour les hommes. Le célibat étouffe les femmes, mais donne toutes les chances d’épanouissement aux hommes. Le mariage est une fin: «wa barraka 3like (stop), range-toi, tu t’es assez amusé». L’épouse va l’assagir: «il te faut une femme qui te rende la raison, te stabilise, te ligote les pieds…». Pour les hommes, le mariage les prive de liberté et les charge de responsabilités. Pour les femmes, le mariage donne des ailes, pour les hommes, le mariage coupe les ailes.

Si les mariages d’amour sont de plus en plus nombreux, la vie à deux n’est pas toujours aussi harmonieuse qu’espérée. Quelques sujets qui fâchent:

Iddi bi iddike (ma main dans ta main): les maris sont habitués à être servis par les mères et les sœurs, sans aucune responsabilité. Ils arrivent au mariage avec une évidence: l’épouse va endosser toute la gestion du foyer. Mais nos jeunes femmes ne l’entendent pas de cette oreille! Elles veulent bien gérer le foyer, mais avec la participation de l’époux. Le partage des rôles est une des principales sources de tension chez les jeunes couples.

La société a toujours méprisé l’homme qui participe aux travaux ménagers, des besognes de femmes qui dévalorisent la virilité. Il n’y a pas pire insulte pour un homme que de passer jaffafa ou el karratha (serpillère). Mais les mutations sociales créent des profils de femmes qui se révoltent contre les rôles traditionnels des époux. Quand la femme travaille hors du foyer, elle exige l’aide du mari. D’où des conflits pouvant mener au divorce. Nawal: «nous avons tous les deux les mêmes journées de travail. Mais le soir, il va se reposer et se distraire avec ses amis et moi, je commence une nouvelle journée de travail. C’est pas juste!». En fin de soirée, les femmes sont si exténuées qu’elles ne peuvent plus donner du plaisir aux époux. Tensions!

Mais il faut reconnaître que de plus en plus de jeunes hommes s’impliquent dans le foyer. Il y a près de 10 ans, quand je demandais aux hommes s’ils aidaient leurs épouses, j’avaient des réactions agressives: «mais ça va pas? Je suis un homme!». Maintenant, de plus en plus de jeunes se vantent d’aider leurs épouses et de s’occuper de leurs enfants, sans complexe.

Rajli bi rajlike (mon pied accompagne le tien): les hommes, avant le mariage, jouissent d’une pleine liberté. Ils développent un grand réseau de connaissances, ont des loisirs hors de la maison. Une fois mariés, ils se sentent privés de leur liberté. Traditionnellement, chacun des époux s’occupait dans son propre espace. La notion de couple n’existait pas. En arabe dialectal, il n’y a aucun mot pour dire le couple. On dit l’époux et l’épouse. Aujourd’hui, les jeunes épouses veulent réaliser l’opération 1+1= 1. Mais les époux n’y sont pas disposés. Pour eux, 1+1=2, voir 3 ou plus! Souvent, ils veulent garder les avantages du célibat et celui du mariage. Dris, 32 ans: «ma femme m’étouffe. Elle veut me porter comme une boucle d’oreille! J’en ai marre de fine ghadi, mnine jiti (où vas-tu, d’où tu viens)». Les jeunes femmes veulent non pas seulement cohabiter avec les époux, mais partager toute leur vie et leurs loisirs. Tensions!

Floussi floussèke (mon argent, ton argent)

La suprématie de l’homme sur la femme a été justifiée par le fait que ce soit lui qui l’entretienne. Elle dépend de lui et doit s’y soumettre. Mais aujourd’hui, de nombreuses épouses ont des rentrées d’argent, participent au budget conjugal et donc tkaddo laktafe (sont insoumises). Ce qui fait dire à Mounir, 34 ans: «je n’épouserai jamais une femme qui travaille. Laflousse tayssakhnou liha rassha (l’argent la rend révoltée)». Il est vrai qu’une femme autonome financièrement cherche à avoir une relation conjugale égalitaire car elle ne souffre pas de la phobie d’être abandonnée sans le sou par le mari. Tension!

Bghite nttallake (je veux divorcer)

L’homme peut assujettir l’épouse en la menaçant de divorcer. Sans moyens, elle se retrouve dans la précarité elle et ses enfants. En plus, la femme divorcée était très mal perçue par la société, accusée d’avoir été une épouse indigne. Mais les épouses autonomes financièrement n’ont plus peur du divorce. Elles s’assument et la société est plus clémente vis-à-vis d’elles. Le mari ne peut donc plus utiliser le divorce comme menace. Pire, c’est l’épouse qui peut menacer de divorcer, ce qui blesse la virilité du mari. La réforme du code de la famille introduit la notion de discordance (chikake) qui facilite le divorce. Tension!

La relation époux/épouse est donc en pleine mutation. Elle peut être tumultueuse quand le mari reste prisonnier de son éducation traditionnelle alors qu’il a fait le choix d’épouser une femme moderne. Elle peut être harmonieuse quand le mari est assez souple pour s’adapter aux changements et que l’épouse est non pas révoltée, mais consensuelle.

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 26/03/2021 à 11h00

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Merci à tous, sujet passionnant. Fouad, pourquoi "soi-disant" ? Je fais mon travail, j'enquête, j'analyse je publie à partir de la réalité. Les jeunes ont évolué, mais quels jeunes ? Vivre dans la mixité et être mari et femme est différent. Hommes et femmes st tiraillés par tradition et modernité. Les filles savent ce qu'elles ne veulent pas et les hommes veulent garder leurs privilèges. D'où des conflits qui peuvent être résolus par le dialogue. Mais communiquer sereinement ne fait pas partie des habitudes. Maitrise de l'égo, transparence, partage des rôles et des responsabilités sauvent le couple. Je suis conseillère de couple et je vs garantie que apprendre au couple à dialoguer sans agressivité produit des miracles. et surtout éviter d'insérer les parents ds ses prb conjugaux !

C'est la femme en tant que mère qui peut amener les filles à un mariage harmonieux.Même si elle n'a pas eu cette chance ,elle peut en tant qu'éducatrice préparer ses fils et ses filles à une future égalité.Pour cela il faut qu'elle accepte de remettre en cause la tradition que ses enfants fille ou garçon soit traités avec les mêmes principes d'équité.Pourquoi envoyer son fils faire un tour pendant que sa soeur range sa chambre?Pourquoi ne pas ranger ensemble et sortir faire un tour après le travail ensemble ou non ?La liberté ne se donne pas ,elle se conquiert ;attendre qu'un mari apporte cette liberté à une jeune femme opprimée parait illusoire .Une mère peut ne pas avoir eu cette liberté dans son foyer mais l'offrir à la future génération.

Les mariages d'antan duraient 30, 40, 50, 60 et 70 ans sans que ces problèmes ridicules importés ou inventés (amour) ne jaillissent . Maintenant les divorces ou les infidélités se multiplient et c'est bien la jeune mariée qui les cherche .

Oula, je crois que c’est des propos sont un peu daté, pour ne pas dire complètement debile (tout comme son auteur à ce que je vois)

Je ne sais pas pourquoi certains de nos "soi-disant" observateurs sociaux (pour ne pas dire sociologues) continuent à employer des concepts vieillis pour décrire une réalité nouvelle; la réalité de mariage brossée dans l'article (avec un homme privilégié socialement et une femme subalterne qui ne peut s'épanouir que dans le cadre du mariage) n'est plus tout à fait valable pour notre époque où hommes et femmes se côtoient partout et fréquentent de plus en plus les mêmes activités, les mêmes espaces publiques, les mêmes habitudes quotidiennes...

Bsr professeure.Quand j'avais 20 ans,un oncle un peu philosophe m'a dit:"Le mariage est tel une recette.Et chaque couple doit trouver sa propre recette de vie et de bonheur."Comme il avait raison!J'ai suivi son conseil,j'ai cherché des ingrédients avec ma charmante épouse,nous sommes passés à la préparation avec le matériel que nous a procurés la vie.Au début ça a marché couci-couça,mais après quelques couacs ça a super marché.Nos enfants grandissent à nos côtés et nous sommes heureux.Mais nous n'oublions jamais de parfaire notre recette avec l'aide d'Allah.Bon week-end.

Bjr professeure.Le mariage est une institution qui n'a pas cessé d'évoluer.Et ce par la maturité des hommes et des femmes.En effet les uns et les autres sont de plus en plus conscients que sans une aide matérielle,et surtout morale,mutuelle rien ne marchera.Quand une personne se marie,elle doit renoncer à son égo et ne plus dire: "Je"mais"Nous".Certes,c'est difficile au début,mais il faut s'habituer pour y arriver. Après cela,c'est le bonheur assuré à toute la famille. Pour les nouveaux mariés,je leur préconise de demander conseil à leurs parents ou à des conseillers matrimoniaux qui les aideront à démarrer leur nouvelle vie à deux sous de bons augures.Salut à vous professeur et à toute l'équipe du 360.ma.

Un mariage d'amour est celui de deux individus qui ne peuvent pas à se passer l'un de l'autre.Ce n'est nullement une revanche ou une porte de sortie d' une frustration vécu dans la famille pour réaliser ses rêves.Le rêve de l'un n'est pas forcement celui de l'autre d’où les divorces en masse.La passion est la liberté de l’âme et il ne faut pas en avoir peur.Quant à la privation c'est une éducation des gens pauvres peut être, mais avec des principes et d'écoute ,ce qui nous manquent en ces temps modernes à être riche et vite.

Bonjour à tous Je ne pense pas qu'il faille demander conseil à ses parents quand on est nouveaux mariés.En effet ,il me semble que si besoin de conseils matrimoniaux il y a ,c'est que l'exemple n'a pas été donné dans la famille durant l'enfance et l'adolescence des jeunes mariés:il y a donc bien peu de chance que le conseil qui sera donné améliore les relations au sein du couple. Certes ,le prince charmant est espéré par les jeunes filles ,mais s'inquiètent-elles ,avant le mariage,de vérifier que ce charme inclue aussi sa vision du couple?Ose-t-elle lui exprimer en toute sincérité ses aspirations ou joue-t-elle le rôle qu' on attend d'elle ou qu'elle imagine que ce prince , pas si charmant ,attend d'elle, en repoussant le temps des révélations?Dialogue ,sincérité sont les bases du mariage

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