Covid ou Covivre?

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ChroniqueCe n’est pas au féminin qu’il faut conjuguer le Covid mais au quotidien. Le Covid-19, on finira bien par l’appeler Covivre!

Le 21/11/2020 à 09h01

Certains scientifiques l’appellent désormais la Covid-19, comme si le virus avait un sexe et qu’il importait de savoir s’il était mâle ou femelle. C’est aussi déplacé que de commander un digestif alors qu’on n’a rien mangé de la journée. Ridicule. Le sexe du virus est comme le sexe des anges, de la pure fiction.

Pour le moment, ce n’est pas au féminin qu’il faut conjuguer le Covid mais au quotidien. Le vrai débat est là. Il n’est pas seulement scientifique mais philosophique, carrément. Le Covid-19, on finira bien par l’appeler Covivre!

Ce n’est plus un épouvantail lointain, ni une maladie de saison. Le virus s’est invité dans tous les cercles, toutes les familles. Il faudra apprendre à vivre avec.

On va finir par ne plus comptabiliser que les cas négatifs. Histoire de se rassurer. On nous dira aux infos: «Aujourd’hui, on annonce 1.000 nouveaux cas négatifs, ce qui constitue un nouveau record!».

Le virus devient une fatalité, certains attendent de le contracter, histoire de tuer ce suspense insoutenable. Autant l’avoir, donc, pour en finir. Mais de préférence dans une forme bénigne, sans complications.

Un ami m’a dit: «Je n’en peux plus, chaque jour un collègue ou un proche est déclaré malade, ça se rapproche, j’ai l’impression que l’étau se resserre autour de moi…». Nous sommes tous un peu comme ça. «Nous» les non Covid-19.

Ceux qui souhaitent contracter le virus croient que le Covid-19 est immunisant. Celui qui l’a une fois ne peut pas l’avoir une deuxième fois, voilà ce que ça veut dire. Mais c’est un vœu pieux.

Si le virus était immunisant, le vaccin serait efficace à 100% ou presque. Mais ce n’est pas le cas. On dit que le virus serait immunisant pour une période de six mois, peut-être plus, ou moins. La science tâtonne et n’en sait pas plus que ça.

Le Covivre, pardon le Covid, se rapproche tellement que dès qu’une personne disparaît, qu’elle ferme boutique, s’absente du bureau, ne sort plus de chez elle ou déserte sa terrasse de café préférée, on pense tous la même chose: «Covid!».

Au Maroc, le problème n’est pas seulement le Covid mais le système de soins. Le nombre de lits disponibles dans les cliniques et les hôpitaux reste faible et proche de la saturation. Le personnel médical et paramédical, déjà en sous-effectif, est lui-même décimé par la maladie…

Et que dire du fait que beaucoup de malades n’ont aucune couverture médicale. Où pourront-ils aller? Que deviendront-ils?

La violence du Covid est là, quand une personne est malade mais qu’elle ne peut pas se soigner: faute de lit, d’équipements médicaux, de personnel soignant, ou de couverture sociale.

Il faut donc espérer que le Covid nous apprendra le Covivre. Le Covivre, pour commencer et loin des grandes phrases, c’est assurer une couverture sociale pour tous. Histoire de nous sentir moins seuls et démunis face à la maladie.

Par Karim Boukhari
Le 21/11/2020 à 09h01