Comment éviter la saturation des aéroports face à l’afflux touristique? La réponse d’un expert

Dessin de Khalid Gueddar.

Plusieurs aéroports, sous forte pression face à l’afflux touristique, peinent à répondre aux attentes des voyageurs. Alertant sur des risques de saturation, Zoubir Bouhoute, consultant, plaide pour une refonte des infrastructures existantes et une meilleure coordination des services pour garantir un accueil optimal des millions de visiteurs.

Le 12/11/2024 à 11h59

Le Maroc voit ses aéroports sous pression croissante. «Avec près de 14,5 millions de touristes accueillis en 2023 et déjà 13,1 millions en 2024, à fin septembre, le Maroc confirme son statut de destination prisée à l’échelle mondiale. Cependant, cette croissance expose des faiblesses apparentes dans la gestion des infrastructures aéroportuaires», alerte Zoubir Bouhoute, consultant en tourisme.

En 2024, les aéroports marocains ont enregistré plus de 25 millions de passagers jusqu’à fin septembre, avec l’aéroport de Marrakech-Ménara en tête, accueillant plus de 6 millions de voyageurs. «Cette augmentation témoigne de l’attrait international grandissant pour Marrakech, mais met également en lumière des lacunes dans la gestion des flux de passagers. Les voyageurs se plaignent de lenteurs aux formalités d’entrée, de signalétiques confuses et de retards dans la livraison des bagages, notamment à Casablanca Mohammed V. Des désagréments qui ternissent l’expérience touristique et risquent de compromettre la fidélisation des visiteurs», déplore notre interlocuteur.

Pour le consultant, l’augmentation des arrivées internationales met en évidence les limites des infrastructures actuelles, alors que le Maroc se prépare à accueillir des événements importants, tels que la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et la Coupe du Monde en 2030. «La complexité des parcours aéroportuaires, aggravée par une signalétique insuffisante, complique la navigation des touristes, surtout ceux se dirigeant vers des destinations moins desservies, comme Errachidia ou Ouarzazate. Ce qui impacte directement la satisfaction des visiteurs et, par conséquent, la réputation du pays sur la scène internationale», explique-t-il.

Pour répondre à ces enjeux, Zoubir Bouhoute insiste sur la nécessité d’investissements financiers conséquents et d’une meilleure coordination entre les différents services aéroportuaires. Renforcer les équipes de contrôle aux frontières, de sécurité et de services à la clientèle est primordial. Parmi les mesures proposées, l’ouverture de guichets supplémentaires lors des pics de fréquentation, le renforcement des effectifs aux points de contrôle, l’aménagement de passages spécifiques pour les vols domestiques et l’augmentation de la capacité des plateformes aéroportuaires sont essentiels.

Technologies plus modernes, renforcement des effectifs et extension des infrastructures

L’implémentation de technologies modernes, telles que les bornes de contrôle automatique des passeports, est également cruciale pour fluidifier les passages et réduire les files d’attente. Ces dispositifs, combinés à un renforcement des effectifs, peuvent considérablement améliorer la satisfaction des visiteurs en offrant une expérience plus rapide et agréable. De plus, Zoubir Bouhoute souligne l’importance d’allouer des moyens financiers adéquats à l’Office national des aéroports (ONDA) pour permettre l’amélioration des infrastructures existantes et garantir une gestion de qualité.

Enfin, l’extension des infrastructures, en particulier à Marrakech, est devenue une priorité urgente pour répondre à l’afflux touristique anticipé. «Le succès futur de cette destination dépendra de la capacité des installations à accueillir des volumes croissants de voyageurs. En modernisant ses aéroports et en optimisant la gestion de ces flux, le Maroc va non seulement améliorer l’expérience de ses visiteurs, mais aussi se préparer pour accueillir avec succès les grands événements à venir, tout en renforçant son image de destination touristique internationale de premier choix», conclut notre interlocuteur.

Par Hajar Kharroubi
Le 12/11/2024 à 11h59