«La grotte de Zegzel est connue à l’échelle nationale et internationale. Classée patrimoine national depuis 1953, nous espérons la voir un jour inscrite sur la liste du patrimoine mondial», confie Mounir El Hamdaoui, guide touristique passionné, qui accompagne les visiteurs dans ce site exceptionnel.
L’histoire, gravée dans la roche, y parle d’elle-même: sur les parois, des dessins muraux datant de 13.000 ans rappellent le passage des premiers hommes dans cette région, laissant derrière eux une empreinte indélébile. À l’entrée, ce sont d’autres marques, bien plus récentes, qui s’imposent: des graffitis laissés par des visiteurs, témoins modernes d’un besoin intemporel de graver son passage.
À quelques kilomètres de là, la grotte des Pigeons recèle d’autres trésors: selon le guide touristique, elle a abrité la première opération chirurgicale crânienne connue de l’humanité, il y a près de 11.000 ans et a livré aux chercheurs les plus anciennes traces génétiques humaines d’Afrique, ainsi que des parures considérées comme les plus anciennes du monde.
Non loin, la grotte dite Foum El Jmel ajoute une dimension géologique à ce patrimoine, avec ses gravures pariétales vieilles de 12.000 ans, les plus anciennes d’Afrique du Nord selon Mounir El Hamdaoui.
Sécheresse, encore et toujours
Mais Zegzel n’est pas seulement un musée à ciel ouvert. Sa vallée fertile a longtemps été le berceau de produits agricoles emblématiques, à commencer par les fameuses nèfles, prisées pour leurs vertus nutritives et symbole de résistance face aux aléas climatiques. Associée à l’apiculture et à la production d’un miel réputé, cette culture a contribué à la subsistance des habitants et à l’économie locale.
Pourtant, depuis trois ans, l’eau se fait rare. Les sources qui jadis jaillissaient des roches et abreuvaient les vergers se tarissent peu à peu, laissant place à un paysage inquiétant. «Ce qui nous attriste, c’est que les dernières années ont connu une sécheresse terrible et le néflier, qui fait partie de notre identité locale, en souffre énormément», déplore Mounir El Hamdaoui.
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Le constat est partagé par les visiteurs fidèles de la vallée. Un touriste casablancais, amoureux de la région, y revient régulièrement depuis plus de dix ans. «J’ai parcouru la moitié du Maroc, mais Zegzel a quelque chose d’unique. Avant, partout où l’on passait, il y avait de l’eau, des ruisseaux où jouaient les enfants. Aujourd’hui, on le ressent tout de suite: l’eau a disparu. C’est dommage, car la beauté de cet endroit mérite mieux», témoigne-t-il, partagé entre admiration et inquiétude.
Malgré ces difficultés, Zegzel continue de séduire par son authenticité et la richesse de son patrimoine. Ses grottes millénaires, ses vergers et son atmosphère empreinte de légendes en font une destination hors du temps, où le visiteur prend la mesure du lien fragile entre l’homme, la nature et l’histoire. Mais pour que cette perle de l’Oriental garde son éclat, il faudra qu’elle retrouve son souffle: celui de l’eau, source de toute vie.








