La violence n’a pas de sexe. C’est un euphémisme. Cependant, si les femmes restent des victimes classiques, les hommes ne sont pas non plus épargnés. Néanmoins, le phénomène des hommes battus relève presque du tabou, surtout dans notre société patriarcale. Mais un tabou qui est en passe d’être brisé. Comme le révèlent les dernières statistiques du HCP, «42% des hommes disent avoir été, au moins une fois, violentés au cours des 12 derniers mois».
Abdelfattah Bahjaji dit ne pas être surpris par les chiffres du HCP dont ce rapport sur la violence subie par les hommes est un «grand pas en avant». «D’autant plus qu’en travaillant sur le terrain depuis plus de dix ans, nous n’avons de cesse de tirer la sonnette d’alarme sur ce phénomène», explique-t-il, ajoutant que «si des centres d’écoute étaient ouverts au Maroc, ces chiffres seraient sans doute revus à la hausse», expliquant aussi que dans une société patriarcale comme la nôtre, les hommes sont peu enclins à faire part des violences qu’ils subissent aussi bien de la part de leur conjointe que de leur père.
Le Réseau marocain pour la défense des droits des hommes a accueilli, depuis sa création en 2008, jusqu’à aujourd’hui, plus de 30.000 cas d’hommes violentés. «Il s’agit, selon le président de cette ONG, de cas qui nous ont contactés directement. Mais plusieurs autres nous sont parvenus par voie téléphonique ou par l’intermédiaire de proches, tels les parents».
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D’après ce responsable associatif, les actes de violences sont davantage psychologiques que physiques: de l’humiliation à la maison, devant les enfants ou les voisins. Les cas de harcèlement sexuel sont également légion. «De nombreux hommes ont perdu leur emploi pour la simple raison qu’ils n’ont pas répondu aux sollicitations de leur patronne au travail», ajoute notre interlocuteur.
Et de préciser que l’atteinte à l’intégrité physique constitue 25% des violences contre les hommes. Ce responsable associatif cite l’exemple de personnes jeunes ou d’un âge respectable qui ont été brutalement agressées par leur conjointe. «Des actes de violence commis parfois devant la famille et les voisins, et parfois aussi avec l’aide d’un ou de plusieurs membres de la famille de la femme.»
Le confinement pour cause de la pandémie du Covid-19 n’a pas arrangé les choses. «Bien au contraire, affirme Abdelfattah Bahjaji. Cette rude épreuve de la crise sanitaire a été un important révélateur des différentes formes de violences commises contre les hommes. Certains d’entre eux, surtout ceux aux petites bourses, se font insulter pour la diminution des ressources ou pour la perte de leur emploi. Nous en avons accueilli beaucoup et avons été contactés par nombre d’entre eux. Le confinement est un important baromètre de ce phénomène.