Vidéo. Enquête. Casablanca: les déchets inertes, une catastrophe écologique qui ne dit pas son nom

Le360

Le 19/09/2020 à 16h38

VidéoVitrine du Royaume, la métropole offre des spectacles déplorables dans plusieurs de ses quartiers. En cause, les déchets inertes, ces rebuts de construction et de démolition, abandonnés dans la nature. Comment en est-on arrivé là? Qui en assume la responsabilité? Eléments de réponse.

C’est là l’un des tristes visages de la ville blanche. Les déchets inertes qui jonchent plusieurs terrains vagues assombrissent l’image de Casablanca et suscitent l’indignation et l’exaspération de tout le monde.

Ce transporteur, qui se confie à Le360, impute la responsabilité de l’entassement de ces rebuts aux responsables de la ville. Selon lui, ces derniers n’ont pas aménagé des endroits spécialement dédiés au dépôt de ces déchets. Mais tout en affirmant que tous les habitants s’en plaignent, il réfute la responsabilité de ceux qui les jettent dans la nature. «On est prêt à payer 10 où 20 dirhams pour chaque lot et aller le déposer dans un endroit précis s’il était réservé. Mais tout le monde est dans l’expectative», s’indigne-t-il.

El Mehdi Limina, acteur associatif, n’y va pas par quatre chemins et pointe les responsables en charge de la ville. «La responsabilité incombe en premier lieu au Conseil de la ville, présidé par un parti politique bien connu et dont c’est le troisième mandat à la tête de Casablanca. Nous n’avons cessé de multiplier les appels pour remédier à ces décharges sauvages, mais en vain», nous déclare, amer, ce représentant de la société civile. 

Notre interlocuteur tient à préciser que tous les arrondissements sont concernés par ce fléau qui participe à la pollution et la dégradation de l’environnement.

Comme vous pouvez le voir dans ce reportage, certains propriétaires de triporteurs n'éprouvent pas de gêne à déposer des déchets de construction près des habitations et dans des lieux pourtant très fréquentés. En toute impunité, malheureusement.

Les gros gravats sont transportés dans des camions et jetés près des carrières, à l’abri des regards. Pis encore, selon des témoins oculaires, à Bouskoura, dans les environs de Casablanca, certains «responsables» perçoivent des sommes d’argent allant de 50 à 100 dirhams qui leur sont versées par chaque conducteur de camion désireux de se débarrasser de ces gravas. 

Adjoint au maire de Casablanca, chargé du dossier de la propreté, Mohamed El Haddadi nuance. «La commune n’a pas à s’occuper des déchets de construction. Cette responsabilité incombe aux promoteurs immobiliers», clame-t-il.

Un argument pas du tout convaincant aux yeux de Karim Glaibi, membre du même Conseil de la ville, qui affirme que «le cahier des charges relatif au contrat de gestion déléguée des déchets stipule que la commune est responsable de la collecte des gravats».

«Mais pas évident», réplique El Haddadi: «nous ne pouvons pas consacrer des sommes colossales pour ramasser les déchets de construction des personnes qui construisent leurs maisons ou villas.»

Le problème réside dans la mauvaise interprétation de la loi 28-00 qui définit les déchets (ménagers, de construction, etc.), estime Ibrahim Jaber, expert en immobilier. «En signant les contrats de la gestion déléguée de la collecte des déchets, a-t-on précisé à la société concernée si la collecte des gravats faisait partie de sa mission?», s’interroge-t-il. 

Par Ali Tantani et Saad Aouidy
Le 19/09/2020 à 16h38