Un milliard de m³ en chantier: le barrage Ratba franchit le cap des 38% de réalisation, en avance sur les délais impartis

Le chantier du barrage Ratba dans la région de Fès-Meknès. (Y.Jaoual/Le360)

Le 29/06/2025 à 16h13

VidéoEn plein cœur de la province de Taounate, le barrage Ratba prend forme à grande vitesse. Avec plus d’un milliard de mètres cubes de capacité de stockage et un taux d’avancement de 38%, ce chantier stratégique, entièrement piloté par des compétences marocaines, vise à sécuriser durablement l’approvisionnement en eau potable et à irriguer la région Fès-Meknès, tout en répondant aux défis du changement climatique.

Dans la province de Taounate, un chantier d’envergure nationale est en train de prendre forme à un rythme accéléré. Il s’agit du barrage Ratba, projet hydraulique stratégique inscrit dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027. Destiné à renforcer la sécurité hydrique de la région Fès-Meknès, ce futur géant de l’ingénierie marocaine affiche aujourd’hui un taux d’avancement de 38%, et se positionne comme le deuxième plus grand barrage du Royaume, après Al Wahda.

Implanté au niveau de la commune de Oudka, sur l’oued Oulaya, affluent majeur de l’oued Ourgha, ce barrage bénéficie d’un emplacement stratégique dans le bassin du Sebou, connu pour sa richesse hydrique. L’objectif est de répondre à une multitude de besoins cruciaux, de l’approvisionnement en eau potable à l’irrigation agricole durable, en passant par la lutte contre les inondations et la production d’énergie hydroélectrique verte.

Avec une capacité de stockage de plus d’un milliard de mètres cubes, une hauteur avoisinant les 100 mètres, et une digue en enrochements représentant plus de 22 millions de mètres cubes, le barrage Ratba impressionne par ses dimensions. Le parement en béton couvrira à terme une surface de 26 hectares. Le coût global du projet est estimé à 4,5 milliards de dirhams, incluant les études, les travaux, la supervision ainsi que les frais liés aux expropriations.

«Il s’agit de l’un des plus grands projets hydrauliques jamais entrepris à l’échelle nationale», souligne Mohssine Bahtat, chef de projet du barrage Ratba. Il précise que l’ouvrage sera prêt à être mis en eau d’ici fin 2028, soit plus d’un an avant la date initialement prévue, grâce à « une accélération du rythme de réalisation rendue possible par les mesures exceptionnelles prises par le ministère de l’Équipement et de l’Eau».

Fait marquant: la totalité des travaux est assurée par des compétences 100% marocaines, ce qui, selon Bahtat, traduit une «vision nationale intégrée en matière de gestion durable des ressources hydriques». Au-delà de ses objectifs techniques, le projet a aussi une forte portée socioéconomique. Il est appelé à générer de l’emploi, à améliorer les conditions de vie locales et à stimuler l’économie régionale.

Sur le terrain, la mobilisation est totale. Depuis le lancement des travaux en mars 2022, le chantier surmonte les défis techniques et géologiques grâce à une coordination étroite entre les différents acteurs.

«Nous avons réussi à finaliser le détournement provisoire de l’oued Oulaya fin septembre dernier», indique le directeur des travaux, ce qui a permis de démarrer le remblaiement de la digue principale. À ce jour, près de 6 millions de mètres cubes de remblais ont été posés, soit environ 34% du volume total. Les ouvrages annexes avancent également à grands pas: le déversoir est achevé à 90%, et la route d’accès au site est finalisée à hauteur de 80%, avec une livraison prévue d’ici la fin de l’année.

Un contrôle qualité rigoureux

La qualité des travaux est au cœur des préoccupations. Mohamed Benmoussa, directeur du Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE) sur le site, affirme que son équipe accompagne le projet depuis ses premières phases, à travers un contrôle technique méticuleux.

«Nous opérons selon des cahiers des charges très stricts, alignés sur les standards nationaux et internationaux, afin de garantir la conformité des ouvrages aux normes de qualité et de sécurité», précise-t-il. Environ 200.000 mètres cubes de béton ont déjà été coulés, et chaque couche de remblai fait l’objet d’un suivi quotidien précis, avec des analyses en laboratoire portant sur la densité, l’humidité et la composition des matériaux.

Dans un contexte national marqué par la raréfaction des ressources en eau et la récurrence des périodes de sécheresse, le barrage Ratba incarne une réponse structurante aux défis climatiques. Par sa taille, sa capacité de régulation et son impact territorial, il s’annonce comme un levier de résilience majeur pour la région Fès-Meknès. C’est aussi un exemple emblématique de l’ambition marocaine en matière de transition hydrique, misant sur une ingénierie locale et une gouvernance anticipatrice.

Par Youssra Jaoual
Le 29/06/2025 à 16h13