La laser-thérapie est une technique thérapeutique moins invasive pour traiter les hémorroïdes, les fistules et les fissures anales. Elle permet avec d’autres techniques chirurgicales dites mini-invasives une proctologique (spécialité médico-chirurgicale du rectum et de l’anus) de traiter en ambulatoire et avec des suites plus simples et moins douloureuses pour les patients au Maroc, indique un récent travail publié par la Dr Hanane Delsa, du service de gastro-entérologie de l’hôpital Cheikh Khalifa Ibn Zaid de Casablanca.
Il faut rappeler que la maladie hémorroïdaire, couramment appelée hémorroïdes peut entraîner des crises douloureuses lors de l’inflammation et la dilatation excessive des veines hémorroïdaires autour de l’anus. Et fait important, la constipation est la principale cause car elle entraîne des efforts de poussée répétés pour l’évacuation des selles.
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La fistule anale est souvent associée à des abcès de la marge anale dont le point de départ est une infection de petites glandes situées dans la marge anale.
La fissure anale est une plaie douloureuse de l’anus. Elle est due à une petite déchirure de la peau de l’anus de 1 à 2 centimètres.
La plupart de ces nouvelles techniques thérapeutiques en proctologie ont été introduites récemment dans plusieurs centres hospitaliers universitaires du Maroc ainsi que dans certaines cliniques privées. Mais peu d’études ont été menées pour évaluer leur vrai apport thérapeutique, indique la Dr Hanane Delsa.
Cette spécialiste marocaine dans les maladies de l’appareil digestif, précise que l’une de ces techniques modernes dans le traitement des hémorroïdes à des stades très avancés et qui résistent aux traitements conventionnels est la ligature des artères hémorroïdaires sous contrôle Doppler. Ce dernier permet grâce à la technique de l’échographie d’évaluer les flux sanguins.
Il s'agit d'une technique décrite pour la première fois en 1995 par une équipe japonaise. Et pour permettre au médecin traitant de bien réaliser cette technique, un nouveau protoscope a été mis au point. C’est un instrument qui est utilisé pour examiner la cavité anale, le rectum et la partie terminale du colon.
Le terme de réparation recto-anale est utilisé par désigner cette procédure thérapeutique combinant chirurgie mini-invasive avec ce procédé visuel.
Cette nouvelle technique thérapeutique a été introduite pour la première fois au Maroc en 2009, par l’équipe de proctologie de l’hôpital militaire de Rabat.
Les premiers résultats publiés en 2015 incluant 200 malades étaient satisfaisants, avec quelques complications post-opératoires comme une douleur, des rectorragies (hémorragies par l’anus) ou un prurit anal. Mais tous ces désagréments ont régressé en 30 mois selon ladite étude.
Depuis, la technique de ligature est devenue une alternative au traitement chirurgical classique des hémorroïdes.
Deuxième nouvelle technique en proctologie présentée par la Dr Hanane Delsa: la laser-thérapie. Elle permet de détruire les tissus hémorroïdaires tout en épargnant le sphincter anal. Cette technique est proposée en cas d’échec du traitement médico-instrumental ou bien chez les patients redoutant les suites opératoires lourdes de l’ablation chirurgicale des hémorroïdes.
La laser-therapie a l’avantage de conserver la physiologie et l’anatomie du canal anal ainsi que la possibilité de sa réalisation en ambulatoire (le patient est traité et rentre chez lui le jour même).
Cette procédure permet une guérison excellente et moins douloureuse, avec une durée et un saignement opératoire moindre qu’avec la chirurgie conventionnelle.
Elle existe également une autre technique de traitement par laser qui associe un meilleur repérage des lésions par Doppler et surtout une meilleure coagulation des artères.
L’avantage principal de cette procédure est l’absence d’impact sur la continence anale avec de bons taux de guérison de 70 à 80%, d’excellents résultats de cicatrisation. De ce fait, les résultats esthétiques sont beaucoup plus satisfaisants.
Au Maroc, la laserthérapie en proctologie a été introduite en 2018 par l’hôpital universitaire international Cheikh Khalifa Ibn Zaid de Casablanca.
Une étude incluant 35 malades et qui a été acceptée par un comité international spécialisé (JFHOD) en 2020, a montré des résultats assez satisfaisants chez plus de 83% des malades sans troubles de la continence anale.
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Pour la Dr Hanane Delsa, de la faculté de médecine de l’université Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS), les techniques mini-invasives en proctologie, notamment la laser-thérapie sont très prometteuses.
Ces procédures constituent une bonne alternative à la chirurgie conventionnelle avec des résultats satisfaisants et des suites opératoires simples et moins douloureuses. Néanmoins, insiste-t-elle, d’autres études doivent être réalisées à l’échelle nationale pour mieux évaluer ces nouvelles techniques thérapeutiques sur le long terme.
*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.