Tragique séance d'exorcisme, ou meurtre avec préméditation

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Revue de presseKiosque360. Le 28 février 2009, à Ouisslane, près de Meknès, une jeune fille succombait à une séance d’exorcisme supposée la libérer d’une possession démoniaque. Les prévenus, soit ses quatre sœurs et le fqih, viennent d’être condamnés à 20 ans de réclusion pour meurtre avec préméditation.

Le 03/11/2014 à 21h19

Le fait-divers rapporté par Al Ahdat al Maghribiya dans son édition du 4 novembre est pour le moins sordide. L’affaire du décès d’une jeune fille, morte durant une séance d’exorcisme, il y a cinq ans, vient d’être clôturée par des condamnations lourdes pour tous ceux qui ont été impliqués de près ou de loin dans ce meurtre.

La victime, une jeune fille, était sujette à des troubles psychiatriques graves, qui se manifestaient par des comportements jugés bizarres par son entourage. Sa famille la considérait en effet comme étant possédée par un « djin » et estimait qu'il fallait libérer son âme et son corps. Pour ce faire, elle a fait appel à un exorciste dont les pratiques se sont avérées extrêmement violentes. Il commencera ainsi par raser le crâne de la jeune fille, avec la bénédiction de ses sœurs. Première étape d'un rituel qui dégénera au cours de la soirée et atteindra l'apogée de l'horreur lorsque l'exorciste ordonnera aux sœurs de la jeune fille de lui infliger une séance de torture à l’aide de couteaux.

L’acharnement des sœurs sur le corps de la victime a finalement conduit à la mort de cette dernière. Face à ce constat, le fqih a pris la fuite. Alertée, la police de l’arrondissement de Ouisslane, à Meknès, a été dépêchée sur place, accompagnée des éléments de la police scientifique et technique. Les premières analyses faites sur le corps de la jeune fille ont confirmé que sa mort était survenue suite à ces tortures.

Le procès des quatre sœurs et du fqih a pris des tournures surréalistes. Les sœurs, conscientes de la gravité de leur forfait, ont plaidé la folie. Assertion rejetée par le tribunal qui s'est basé sur une expertise psychiatrique. Elles ont été rendues responsables de ce meurtre, et la préméditation a été retenue. Les cinq prévenus ont écopé de 20 ans de prison chacun.

Un nouveau drame lié à la non reconnaissance des pathologies et troubles psychiatriques, considérés dans les milieux populaires comme des possessions démoniaques au point que d'aucuns ont recours à des pratiques et rituels relevant du charlatanisme.

Par Asmaa El Kezit
Le 03/11/2014 à 21h19