Révision du Code de la famille: le Comité de pilotage rencontre les partisanes d’une réforme profonde et celles défendant la vision du PJD

A gauche, Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, et Mohammed Abdenabaoui, président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.

Le 03/11/2023 à 19h57

VidéoUne partie du Comité de pilotage chargé d’élaborer un projet de reforme du Code la famille est entrée dans le vif du sujet ce vendredi 3 novembre en rencontrant séparément deux délégations aux principes différents, celle de la Coalition des femmes pour un Code de la famille basé sur la parité et la dignité et celle du Forum Azzahra pour la femme marocaine, une ONG proche des islamisants du PJD.

Interrogée par Le360, la présidente de cette dernière association, Bouthaina Karrouri, a affirmé, au terme de la réunion que son groupe a tenue ce jour avec le Comité de pilotage, sous la présidence du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, «avoir transmis un mémorandum» portant notamment sur certains «ajustements» liés à quelques dispositions.

Sans préciser la nature de ces ajustements, elle a souligné, au sujet du mariage des mineures, que son association plaide pour l’âge du mariage à 16 ans, une base soumise à «certaines conditions à respecter». «Civilement, la majorité devrait être fixée, comme c’est le cas actuellement, à 18 ans, mais pour le mariage, nous conservons 16 ans sous des conditions strictes», a-t-elle déclaré.

Quant à la Coalition des femmes pour un Code de la famille basé sur la parité et la dignité, représentée notamment par les avocates du barreau de Casablanca Aïcha Guellaa et Zahia Amoumou, c’est un changement profond qu’elle préconise.

«Nous réclamons l’interdiction du mariage des mineures, l’octroi de la tutelle à la femme, l’adaptation de l’héritage au profit de la femme ainsi que l’instauration progressive de la parité hommes-femmes», a martelé Aïcha Guellaa, qui est par ailleurs présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV).

Les deux séances se sont déroulées avec la participation de deux membres du comité de pilotage que sont le président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Mohammed Abdennabaoui, et le procureur général du Roi près la Cour de cassation, El Hassan Daki.

Ce comité de pilotage comprend également le président du Conseil supérieur des oulémas, Mohamed Yessef, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, ainsi que la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar.

Formé par le roi Mohammed VI, le comité de pilotage chargé du processus de consultations en vue de la réforme du Code de la famille a ouvert le 4 octobre dernier le cycle des audiences, avec la participation des différentes parties intéressées par ce grand chantier sociétal. La prochaine audience du comité a été fixée au mercredi prochain, a appris Le360.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Fahd Rajil
Le 03/11/2023 à 19h57