Relations sexuelles hors mariage: que dit l’islam? L'éclairage d'Asma Lamrabet

Asma Lamrabet, essayiste, théologienne marocaine.

Asma Lamrabet, essayiste, théologienne marocaine. . Dr

Ce qu’interdit la loi est-il pour autant interdit par la religion? Voici à ce propos le point de vue d’Asma Lamrabet, ancienne directrice du Centre d'études et de recherches féminines en Islam, le Cerfi, affilié à l'institution religieuse Rabita des Oulémas du Maroc.

Le 08/02/2021 à 12h59

Au lendemain de l’affaire de la sextape qui a valu un mois de prison ferme à une jeune Marocaine, divorcée et mère de deux enfants, le débat reprend de plus belle dans la société marocaine, sur l’abrogation de l’article 490 du code pénal, qui pénalise les relations sexuelles hors mariage.

D’un côté, les détracteurs de cette loi jugée liberticide et portant atteinte aux libertés individuelles, de l’autre celles et ceux qui estiment que ce type de liberté n’a pas sa place dans une société aux valeurs musulmanes.

Prenant part à ce débat qui divise, Asma Lamrabet a partagé son précieux point de vue sur la question, apportant une explication religieuse plus que bienvenue. «L’islam en tant que religion interdit les relations sexuelles en dehors du cadre du mariage comme d’ailleurs les autres religions monothéistes», explique-t-elle ainsi de prime abord. Toutefois, précise-t-elle, si avoir des relations sexuelles en dehors du mariage est moralement interdit, «au sein d’une société cet acte pratiqué entre adultes et en privé ne peut être pénalisé car il est du ressort des convictions morales de tout un chacun».

En effet, poursuit l’essayiste et théologienne marocaine, «s’immiscer dans la vie privée des gens et dans leur intimité est contraire à l’islam qui conditionne toute accusation du genre en la rendant impossible à démontrer. Le but étant de protéger (satr) les gens».

Citant les textes, Asma Lamrabet prend pour exemple «le prophète de l’islam [qui] a répondu à celui qui est venu dénoncer les relations sexuelles illicites d’une autre personne: «mais tu aurais dû le couvrir avec tes propres vêtements, cela aurait été meilleur pour toi!» لو سترته برداءك لكان خيرا لك (Hadith répertorié par l’Imam Malik 5/1198) ».

Ainsi donc, «le respect ou non de l’interdit religieux relève de la foi et des convictions morales personnelles. Seul Dieu est juge et donc les lois ne doivent pas juger mais arbitrer (tahkum bil el’adl) et notamment protéger la vie privée des gens et non pas les calomnier».

Et de conclure, «la loi du Code pénal marocain 490 qui aujourd’hui criminalise les relations sexuelles hors mariage est en contradiction avec l’éthique musulmane et avec l’éthique tout court. Elle est inacceptable au sein du Maroc d’aujourd’hui». 

Par Zineb Ibnouzahir
Le 08/02/2021 à 12h59

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j aimerais bien connaitre la signification de " wa ma malakat aimanoukom".

«s’immiscer dans la vie privée des gens et dans leur intimité est contraire à l’islam "!!! Je veux bien y croire !Sauf que ,Il y a longtemps j'avais amené mes enfants pour jouer un peu dans la forêt. Je me suis isolé un moment pour uriner. C'est alors que l'ainé a commencé à m'interpeler : Papa, Papa! attention, l'autre jour l'instituteur nous a dit que si l'on veut uriner, il ne faut jamais s'orienter vers la Mecque! J'ai du donc orienter le tuyau légèrement vers le nord pour viser le.......Vatican ! Alors Madame, uriner c'est intime ou pas intime ?

France 24 n a toujours pas compris chacun a sa culture et ses traditions ... Perdre sa culture et ses traditions c est perdre sa personalite ...

Une interprétation erronée d'un sujet sur lequel l'islam est très clair et pour de bonne raisons. Dire que cela concerne l'intimité entre deux personnes pour échapper à l'interdit et sous entendre quelque part qu'il n'y pas de mal relève plus que du raisonnement simpliste, c'est tout simplement une imposture. Le vol, le meurtre sont moralement condamnables. Pour autant faut il compter sur la seule conscience des personnes pour prémunir la sociétés de ces actes ? Si la loi n'est pas là pour faire respecter les préceptes de l'islam qui le fera ? Si interdis il ya, c'est pour de très bonne raisons passés sous silence et préjudiciables à la société : naissance hors mariage, maladies sexuelement transmissibles, infidélité etc et je ne parle même pas du déferlement du tourisme sexuel.

Le vol et le meurtre sont des atteintes à la propriété et à la vie d'autrui. Aucun parallélisme.L'article 490 est incompatible avec les libertés individuelles qui doivent être hautement consacrées.

Un référendum et la chose la plus démocratique, sa va mettre tout le monde d'accord

L'avis de Asma Lamrabet est intéressant: Nous vivons dans un pays musulman, et le droit musulman nous colle à la peau. Certes cet acte est sanctionnable et catégorique dans le Coran et la Sunnah, il n'y a pas photo et on ne peut pas polémiquer avec Dieu mais le voyeurisme et humilier un couple en public et une chose aussi grave et qui a ses sanctions pénales, la prison par exemple. On cherche a copier un modèle occidental qui n'est pas le notre, leur pensée est issue de la mécréance et nous le savons tous alors ca suffit l'imitation aveugle.

D’un côté, les détracteurs de cette loi jugée liberticide et portant atteinte aux libertés individuelles, de l’autre celles et ceux qui estiment que ce type de liberté n’a pas sa place dans une société aux valeurs musulmanes. Seulement, pourquoi "les moralistes" (masculins) ne se refusent pas un acte sexuel hors mariage ? Autrement, la gente féminine doit attendre que l'on vienne la demander en mariage. Quelle injustice à l'égard des femmes. Ce que nous avons de plus cher dans ce monde ce sont les mamans qui, jusqu'à preuve du contraire, sont des femmes. «au sein d’une société cet acte pratiqué entre adultes et en privé ne peut être pénalisé car il est du ressort des convictions morales de tout un chacun». Merci, Madame Lamrabet pour votre connaissance de l'interprétation.

Que pensent les membres du conseil national des ulémas ? Ils sont mieux placés du point religieux et constitutionnel pour répondre à la question.

Bonjour. Mme Asmae Lamrabet ne donne pas la suite des événements de ce hadith, et ce faisant elle lui donne une signification erroné. En effet celui à qui le prophèteصلى الله عليه وسلم a dit "tu aurais dû le couvrir avec tes propres vêtements, cela aurait été meilleur pour toi" est quelqu'un qui a convaincu un homme qui a eu des relations sexuelles hors mariage d'aller se dénoncer lui même devant le prophète صلى الله عليه وسلم et quand il l'a fait, le prophète a ordonné sa lapidation. La leçon à retenir de ce hadith est qu'il ne faut pas aller chercher dans la vie des gens et que si par hasard on apprend des choses de l'ordre de l'intime il ne faut pas le rendre publique car à ce moment il tombe sous le coup de la loi. Et nul ne peut dire de ce qui est(حرام) interdit qu'il est permis.

Bravo! Qui sommes-nous pour juger/épier autrui? A chacun/e sa morale. Ceux qui s'ennuient qu'ils aillent trouver une activité plus constructive plutôt que d'épier les voisins svp.

Seulement Bravo à cette femme qui a bien expliqué cette loi tout en protégeant les femmes victimes d'un jugement.....

Je suis d'accord avec Madame Lamrabet! Assez de sexisme religieux, il faut rester dans la foi avec Dieu et de se référer à Imarat Almoua'eminines comme cadre de structuration du cadre religieux dans la société, loin des influences outre-marocaines...

Bravo, bravo. Chez-soi que chacun agit à sa guise et dieu est lunique témoin. Quand je vois dans la rue que 2 jeunes se promènent main dans la main et qu'on les arrêtent et on les envoient pour les juger c'est aussi aberrant que liberticide

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