Les avocats et le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s'accusent mutuellement de «mensonges»

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice . DR

Critiquant la récente sortie médiatique d’Abdellatif Ouahbi, l’Association des barreaux du Maroc a dénoncé, dans un communiqué, les propos qualifiés de «mensongers» et d'«irresponsables» du ministre de la Justice qui a lui-même accusé les avocats de proférer des «mensonges».

Le 13/10/2022 à 17h38

Dans un communiqué, l’Association des barreaux du Maroc (ABAM) a démenti les déclarations du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, lors de son passage, il y a quelques jours, dans une émission radiophonique. Le bureau s’est ainsi dit «surpris par l’attaque menée par le ministre», contre les membres de l’association en les accusant de proférer des «mensonges».

Le bureau de l’association, qui s’était réuni mardi 11 octobre 2022, pour discuter des déclarations du ministre, a dit dénoncer les propos «mensongers» et «irresponsables» du ministre, et refuse le «langage de menace aussi bien explicite qu’implicite», employé par Abdellatif Ouahbi lors de son passage radiophonique.

Dans son communiqué, l’ABAM a réitéré sa position quant à l’avant-projet de loi encadrant la profession d’avocat et la tenue de l’examen national du barreau, tout en refusant «l’approche individualiste» de la tutelle. Dans ce sens, le bureau de l’association a «démenti catégoriquement» que le président de l’association ait demandé au ministre d’organiser ledit examen.

Reprochant à Abdellatif Ouahbi d’avoir «fermé la porte du dialogue», en refusant de se réunir avec les membres de l’association pour discuter de la réforme du projet de loi, celle-ci a, à son tour, annoncé la suspension de tous ses échanges avec le ministre.

L’association n’a cependant pas manqué de renouveler l’appel au gouvernement pour entamer un dialogue «sérieux et responsable» autour des différents sujets afférents au système de la justice en général, et à la profession d’avocat en particulier, de façon à préserver son indépendance.

Les tensions se poursuivent depuis quelque temps entre les avocats et le ministère de tutelle, après qu’une première ébauche de la loi organisant l’exercice de la profession d’avocat a «fuité». Si les dispositions du texte élaboré par les services du ministère ne font pas l’unanimité, c’est surtout l’approche «individualiste» du ministère que critiquent les robes noires.

«Une commission mixte avait mené, à l’époque de l’ancien ministre Mohamed Ben Abdelkader, un travail pertinent sur ce projet de loi. Pourtant, le ministre actuel, Abdellatif Ouahbi, a laissé de côté le texte élaboré avec la participation de toutes les parties prenantes et nous a sorti ce draft, sans impliquer les avocats», fait savoir une source à l’ordre des avocats de Casablanca, contactée par Le360.

Les avocats considèrent ainsi que l’approche du ministre Ouahbi constitue un «rétropédalage», ajoute notre source, qui affirme que c’est la première fois qu’un texte légal régissant la profession est élaboré par la tutelle en dehors de toute concertation avec l’ordre et les syndicats des avocats.

Le 13/10/2022 à 17h38