Le féminicide, terme apparu dans les années 80, désigne un meurtre intentionnel de femmes commis par des hommes parce qu’elles sont des femmes. Un phénomène mondial, ancré dans des systèmes patriarcaux, qui concerne même les pays les plus développés. Il est toutefois plus important en Afrique et en Asie.
Lié à la violence conjugale et aux discriminations systémiques, et longtemps banalisé, le féminicide devient visible grâce aux mobilisations féministes et à des initiatives légales. La domination patriarcale, même si elle faiblit dans les pays développés, continue à imposer des rapports de domination des hommes sur les femmes.
Quand les hommes étaient les seuls pourvoyeurs, leur pouvoir était «justifié». Aujourd’hui, les femmes s’émancipent, étant elles-mêmes pourvoyeuses, avec des responsabilités autrefois spécifiquement masculines. Cela remet en question le pouvoir masculin et pousse des hommes aux violences pour réaffirmer leur pouvoir.
Les féminicides ne sont pas toujours reconnus comme des crimes spécifiques. Quand la culture admet et encourage la suprématie des hommes, elle crée l’impunité qui encourage certains hommes à passer à l’acte.
Le féminicide a lieu surtout en milieu conjugal et à l’intérieur des maisons. L’élément déclencheur peut être lié aux conflits du couple, qui dégénèrent en communication violente. L’homme se sent humilié et «perd son contrôle». Les coups portés à la femme peuvent provoquer une mort «sans l’intention de la donner», comme ils peuvent sciemment la viser.
Ces hommes peuvent avoir des troubles de la personnalité et être incapables de maîtriser leurs émotions face à une femme qui refuse de se plier à leur volonté. Ils peuvent être d’une jalousie pathologique. Mais le plus souvent, il s’agit d’hommes qui refusent que leur partenaire ou épouse les quitte.
Soit il y a une dépendance affective d’un homme qui ne peut vivre sans cette personne, soit, le plus souvent, un problème d’orgueil, de virilité: c’est lui qui choisit avec qui se lier et qui décide de rompre le lien. Blessé dans sa dignité, il peut tuer.
En France, 40% des féminicides conjugaux ont lieu au moment ou peu après une séparation!
L’alcoolisme et la toxicomanie sont fréquents. Leurs effets diminuent les inhibitions et libèrent la violence dans des moments de forte contrariété. Le chômage peut aussi être un catalyseur, en créant des tensions économiques: l’homme perd son statut de pourvoyeur et se sent diminué. Pour compenser, il devient violent jusqu’à commettre l’irréparable.
Les victimes du féminicide sont également des sœurs, des tantes, des cousines ou toutes femmes qui se comportent différemment des normes dictées par la société, la communauté ou la famille.
Les plus abjects sont les crimes d’honneur, admis dans certaines sociétés: un ou plusieurs hommes tuent une femme qui a porté une tenue jugée indécente, qui a eu une relation amoureuse ou sexuelle hors mariage, adultère, ou juste un comportement suspect.
Dans ces sociétés, les hommes doivent contrôler le corps des femmes, source potentielle de déshonneur. Mais l’honneur des hommes est-il situé entre les cuisses des femmes?
L’honneur est un ensemble de valeurs, de qualités individuelles et de comportements honnêtes vis-à-vis des autres. Or, dans certaines sociétés, l’honneur des hommes est une valeur collective, évaluée par le groupe social à partir des comportements de leurs mères, filles, épouses, sœurs…
Quand une femme «profane» l’honneur des siens, le crime d’honneur est censé le «laver». L’exemple le plus exécrable est celui de ce mari, en Iran, dont les photos ont choqué les internautes: il a tranché la tête de son épouse et s’est promené avec dans son village. L’épouse, 17 ans, a été mariée à l’âge de 12 ans et s’est enfuie à cause de la violence de son mari. Elle est revenue après que ses parents l’ont rassurée et convaincue de le faire. Le mari a été condamné à 8 ans de prison… parce que ses beaux-parents lui ont accordé leur pardon!
Les crimes d’honneur existent en Jordanie, au Koweït, en Égypte, au Yémen, en Irak, ou en Arabie saoudite. Il existe dans des pays d’Asie. Au Pakistan, ce sont des conseils de village qui décident de ces crimes, en toute impunité.
Les meurtriers bénéficient de circonstances atténuantes. Au Maroc, la loi traite de la même manière le féminicide et les autres crimes. Certains pays occidentaux ont appliqué des lois spécifiques pour pénaliser les féminicides. Mais le problème n’est pas pour autant résolu!
Partout, il faudrait sensibiliser les populations, dans l’optique du long terme, en transformant les mentalités et en éduquant les jeunes générations à l’égalité des genres et aux relations respectueuses.