Khalid Aït Taleb, mettez à jour la liste des médicaments dangereux!

Karim Serraj.

ChroniqueQu’attend le ministre de la Santé pour légiférer sur le dangereux médicament antidiabétique Victoza, qui est détourné par des patients pour maigrir? Si le Maroc commence à constater ses dégâts sur des personnes vulnérables, il s’avère que d’autres pays, avant nous, ont tiré la sonnette d’alarme, qui n’a pas été entendue.

Le 04/02/2024 à 11h04

Encore un médicament dangereux vendu sans ordonnance aux Marocains! Cette fois-ci il s’agit du Victoza, une injection moléculaire destinée aux personnes diabétiques, mais dont l’utilisation est détournée par certains patients pour maigrir. Ce médicament est consommé à outrance par les personnes obèses ou boulimiques, mais aussi par les fashionistas et les acharnés des modes de vie végan, préhistorique ou crudivore pour perdre du poids.

Tout un programme d’amincissement à portée de main, sans passer par la case «médecin». Ce qui n’est jamais sans risque pour la santé des citoyens. La consommation de l’antidiabétique Victoza entraîne des complications sérieuses et provoque une pancréatite aiguë si les dosages ne sont pas contrôlés par un médecin. Cette inflammation soudaine du pancréas survient en quelques minutes, sans prévenir sa victime et nécessite toujours une hospitalisation immédiate qui, hélas, laisse des séquelles irréversibles.

L’autre danger est qu’il induit l’hypoglycémie, une baisse brutale du taux de sucre dans le sang aux conséquences mortelles si elle n’est pas traitée en urgence.

En haut lieu, le ministère de la Santé ne réagit pas, semble ne pas être au courant de ce nouveau fléau qui secoue les officines des pharmaciens. Le danger est pourtant connu depuis des années et la France, par exemple, a restreint son utilisation aux diabétiques, exigeant désormais la délivrance d’une ordonnance médicale.

Il faut savoir que le Victoza, disponible au Maroc depuis plus d’une décennie au prix de 1.193 dirhams, est remboursé par la sécurité sociale. Il est, pourtant, vendu sans ordonnance. Sans ce Sésame, les pharmaciens n’ont donc aucun moyen de prévenir l’emploi abusif du médicament auprès de leur clientèle. Ils sont responsables de la vente du Victoza, mais pas coupables; ils fournissent aux gens cette injection qui dégrade les organes du corps et parfois tue, mais ne sont pas comptables devant la déontologie médicale.

Notre ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, doit réagir promptement devant une situation jugée «alarmante» par les médecins dans les médias. La balle est dans son camp. Il incarne l’autorité de tutelle responsable et peut rapidement inclure le Victoza dans la liste des médicaments à prescription restrictive qui ne peuvent être vendus sans une ordonnance.

Pour l’instant, le ministère n’a pas communiqué sur le sujet, malgré les multiples signaux d’autres pays. Ailleurs, le même requiem est en train d’être joué. Bien des États, avant nous, ont pris des mesures drastiques en observant le phénomène Victoza (et ses alternatives de même molécule vendues dans le monde, l’Ozempic et le Trulicity).

Car le Victoza et ses dérivés sont un véritable phénomène, et derrière l’arbre se cache une forêt qui donne l’effroi. Depuis qu’il est détourné, les laboratoires fabricants ont vu leurs bénéfices exploser. Pas une semaine, nous apprend le magazine Que Choisir, sans voir leurs noms apparaître dans la rubrique économique. Le Danois Novo Nordisk, qui commercialise le Victoza et l’Ozempic, n’arrive plus à suivre la cadence. Confronté en 2023 à une trop forte demande, le fabricant a mis en place un plan d’action en réponse aux fortes tensions d’approvisionnement, dont des ruptures de stock. Selon le site de santé spécialisé Vidal, le groupe pharmaceutique a décidé, en décembre 2023, de réduire temporairement la disponibilité du Victoza. Il demande aux prescripteurs de ne plus initier de traitement par Victoza jusqu’au deuxième trimestre 2024 a minima, date à laquelle une stabilisation de l’approvisionnement est attendue.

Idem pour l’Ozempic pour lequel le laboratoire a préféré restreindre les approvisionnements en ville et dans les hôpitaux, précisant que les tensions d’approvisionnement sont attendues sur toute l’année 2024.

Le laboratoire Eli Lilly, qui produit Trulicity, est confronté à des problèmes du même type.

Ces fortes tensions sur le marché sont liées à une importante augmentation de la demande mondiale. Plusieurs médias internationaux font le lien avec la découverte des vertus amincissantes de cette famille de médicaments.

En tous les cas, le laboratoire Novo Nordisk semble avoir trouvé son filon d’or. Il y a quelques mois, il a investi 2 milliards d’euros sur son site français de Chartres et a annoncé en grande pompe un nouveau médicament en cours de conception. Devinez lequel! Il s’agit d’une nouvelle solution thérapeutique dans des maladies chroniques telles que l’obésité. Mais pas avant 2026, au plus tôt, précise Novo Nordisk. En attendant, les personnes obèses ou qui souhaitent mincir peuvent consommer le Victoza -et bousiller leur santé- sans être préoccupées par les autorités de tutelle, comme au Maroc.

Par Karim Serraj
Le 04/02/2024 à 11h04