Espagne: Ilyas Tahiri, le George Floyd marocain, est mort asphyxié sous le genou d’un agent de sécurité

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Revue de presseKiosque360. De nouvelles révélations sur la mort, le 1er juillet 2019, du jeune Marocain Ilyas Tahiri à Almeria, prouvent qu’il a été étouffé pendant plusieurs minutes sous le genou d’un agent de sécurité. La presse espagnole et marocaine, similitude oblige, parlent d’un George Floyd marocain.

Le 15/06/2020 à 13h06

Le quotidien espagnol Al Pais, repris par le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum du lundi 15 juin, fait de nouvelles révélations fracassantes sur la mort jusqu'ici suspecte, car qualifiée d'accidentelle par la justice espagnole, d’Ilyas Tahiri, l’année dernière à Almeria.

Selon Akhbar Al Yaoum, Ilyas Tahiri a été interné le 2 mai 2019 dans un centre pour mineurs à Oria (Almeria), à cause de ses comportements présumés «antisociaux». Deux mois plus tard, le jeune Marocain (18 ans non révolus) quittera ledit centre dans un cercueil. Ce jeune d’origine tétouanaise, résidant à Algésiras, a été en fait tué de la même façon que l’Afro-américain George Floyd dont la mort violente, à sous-bassement raciste, secoue les Etats-Unis en particulier, et le monde en général, depuis plusieurs jours.

C’est d’abord une vidéo, dévoilée par Al Pais, qui montre clairement qu’Ilyas Tahiri a eu maille à partir avec quelque cinq agents de sécurité, sous la supervision d’un responsable du centre où il était interné. A la vue de cette vidéo, il ne fait plus aucun doute que le jeune homme est mort asphyxié sur un lit. Plaqué à plat ventre, le visage enfoui dans une couette, un agent de sécurité lui a placé le genou sur la tête pour le maintenir ainsi pendant quelque 13 minutes. Un autre agent testait le pouls de la victime pendant ce temps-là. Pour s’assurer qu’elle avait rendu l’âme?

En tout cas, la mère d’Ilyas Tahiri a désormais des preuves suffisamment claires et nettes, attestant que son fils avait été tué "à la George Floyd" (mêmes considérations racistes et xénophobes, même modus operandi…), pour interjeter appel afin de rouvrir le dossier devant les juridictions espagnoles. Surtout, comme le rappelle le quotidien, que la justice ibérique avait déjà prononcé un non-lieu, en qualifiant de «décès brusque (crise cardiaque présumée) et accidentel», la mort de Tahiri, et en se basant sur la «partialité» des procès-verbaux établis par la Guardia civil et les rapports de l’administration du centre d’Almeria qui avaient alors impliqué un seul agent de sécurité, et non pas cinq comme cela est prouvé aujourd'hui par la nouvelle vidéo.

Mieux, au moment des faits, le jeune marocain était dans un état tout à fait «normal» comme le prouve une nouvelle lettre, révélée par Al Pais. Dans cette missive adressée à sa petite amie, Tahiri la rassure sur son état de santé en affirmant qu’il avait «suivi tous ses bons conseils», qu’il était en forme» et n’était plus soumis au «protocole anti-suicide», se plaignant toutefois de la nourriture servie dans le centre Oria d’Almeria, à part les «pizzas qui sont bonnes».

Akhbar Al Yaoum souligne que, si justice n’est pas rendue à la famille d’Ilyas Tahiri, il est à craindre que les milliers d’enfants et jeunes Marocains se trouvant actuellement sur l’autre rive de la Méditerranée ne subissent le même sort que le George Floyd marocain.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 15/06/2020 à 13h06