Question pour un champion: que faire d’un espace public de 3.000 m2 dans un no man’s land où la population manque de tout, et surtout d’espaces pour se divertir et respirer dans une ville comme Casablanca? Mohamed Mhidia, wali de la région Casablanca-Settat, a trouvé la réponse, et elle est plutôt simple: mettre ces espaces au service des populations et, en premier lieu, des plus jeunes.
Début avril 2024, le wali présidait une réunion avec les responsables des services décentralisés des ministères et des sociétés de développement local (SDL). Devant lui, un croquis, quelques notes et des questions: pourquoi les espaces situés sur les toits des équipements du groupe Al Omrane à Casablanca sont-ils inexploités? Silence dans la salle. Les représentants du promoteur public n’ont pas de réponse, pas plus que les quelques élus de la métropole présents.
Mohamed Mhidia, lui, en a une. Elle tient en une phrase aux airs de commandement: «Tous les espaces publics non utilisés doivent être viabilisés et aménagés au service de la population, et surtout des enfants», rapporte une source qui a assisté à ladite réunion.
La règle trouvera justement sa première application à Lahraouyine. Séance tenante, le wali ordonne la transformation en aire de jeux pour enfants du toit d’un bâtiment du groupe Al Omrane dans le quartier, abritant un foyer féminin, une crèche et un centre social.
Un mois de travaux… et presque zéro dirham
«Le groupe Al Omrane a été sommé d’aménager les lieux, et la SDL Casablanca Events et Animation de s’occuper de sa décoration avec du street art. Le wali leur a fixé un délai d’un mois pour terminer les travaux», affirme notre source. Et, un mois plus tard, le chantier était effectivement achevé, avec un résultat qui a transformé le quotidien des habitants du quartier.
«Avant, nous étions obligés de prendre le bus pour emmener les enfants dans un jardin public, où ils pourront jouer et respirer. Merci aux responsables qui nous ont offert cet espace», affirme une mère de famille interrogée par Le360.
«Cet espace est situé face à deux écoles publiques, un centre de santé, une mosquée et un immense bidonville. Imaginez alors les besoins en espaces de divertissement!», explique notre source. Pour quel coût? Nos sources ont refusé de livrer une estimation, se contentant d’affirmer que le budget mobilisé a été «vraiment insignifiant».
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«Nous sommes reconnaissants aux autorités pour cet espace, mais il est aujourd’hui de la responsabilité des riverains de le préserver», affirme un père de famille rencontré sur place. Notre interlocuteur appelle aussi à clôturer cet espace et à le doter d’un système d’éclairage, pour éviter qu’il ne se détériore et devienne une zone de «squat» pour des sans-abri ou des délinquants.
Cette expérience à Lahraouyine ne serait-elle toutefois qu’un «coup de fusil», ou au mieux un projet pilote? Nos sources répondent par la négative. «Quand le wali sillonne les rues de Casablanca et des localités composant la région, il prête attention aux moindres détails, surtout ces espaces publics vacants qu’il recommande de valoriser au service des populations», explique une source de la wilaya de Casablanca-Settat.
Il faudra donc s’attendre à voir fleurir des jardins publics et autres aires de jeux dans nombre d’espaces publics jusqu’alors laissés en friche à Casablanca et dans les autres villes de la région. Et ce ne sont pas les habitants qui s’en plaindront…