Egypte : Quelles solutions ?

Les images des scènes d’horreur, suite aux violences générées par la dispersion des manifestants pro-Morsi, continuent de nous parvenir d’Egypte via les chaînes de télévision et les réseaux sociaux. De véritables scènes de guerre qui révèlent la gravité des multiples fractures qui divisent aujourd’hui le peuple égyptien et que ces violences risquent d’amplifier. Car la question que tout le monde se pose depuis un certain temps est certainement de savoir comment sortir de cette crise. Et la réponse à cette question est manifestement plus problématique que jamais.

Fractures

Des centaines de morts et de blessés; des scènes apocalyptiques de corps calcinés, des hommes arrêtés et traînés ou alignés à genoux, mains sur la tête, devant des mitrailleuses, ce qui n’est pas sans nous remettre en mémoire certaines des scènes les plus terribles de l’histoire de l’humanité dont, manifestement, les hommes ne tirent pas toujours les leçons, églises incendiées lors même que les affrontements opposent militaires et pro-Morsi et n’ont rien à voir avec les Coptes, soit avec un conflit entre musulmans/chrétiens, de nouveau déclaré par ces actes qui viennent ajouter une fracture aux fractures. Fractures d’un peuple qui espérait un renouveau par le Printemps arabe et se trouve plus divisé que jamais après cette révolution qui n’aura débouché que sur une aggravation du chaos, au vu des multiples "récupérations" dont elle a fait l’objet. Les islamistes avaient en effet été accusés d’avoir récupéré la révolution, récupérée à présent par l’illégitime pouvoir militaire qui fait actuellement ses preuves dans un bain de sang.

Quelle solution ? Difficile d’en entrevoir, pour l’instant. La paix, en tant qu’aptitude au dialogue, passant par la force de cohésion qui cimente la société civile, les divisions qui meurtrissent aujourd’hui une population égyptienne déchirée dont l’identité est à redéfinir et ne saurait, au vu de l’histoire de ce pays à la civilisation grandiose et qui, il y a quelques décennies, était une référence intellectuelle et culturelle pour le monde arabe et au-delà, être réduite à des identités fragmentées et artificielles opposant pro-Morsi à militaires, islamistes à anti-islamistes, musulmans à chrétiens… Ce type de fractures, quand elles débouchent sur de telles violences, aboutissent en effet aussi à un saccage de la mémoire et de la conscience de soi et de l'autre.