Docu360. Covid-19: au Maroc, on se marie moins mais on divorce plus, voici pourquoi

Le360

Le 01/11/2020 à 17h57

VidéoDe nombreux couples ne se doutaient pas que le confinement allait porter atteinte à leur union. Acculés à rester ensemble plus que d’habitude, nombre d’entre eux en ont pâti. Eclairage sur un problème sociétal de grande acuité, né de «vacances obligées», à cause de la pandémie.

Au Maroc, comme nous l’expliquent des spécialises, le taux des mariages a largement baissé durant l’état d’urgence sanitaire. En revanche, celui des divorces, issus de disputes et de malentendus entre les couples, a fortement augmenté.

Président de l'Instance nationale des adouls, Moulay Bouchaïb Fadlaoui, affirme que les demandes en mariage comme celles de divorces sont en stand-by. Etat d’urgence oblige, les tribunaux ne fonctionnent que pour les cas urgents, ayant trait à d’autres «affaires».

«Mais depuis la levée partielle de l’état d’urgence sanitaire, on a relevé une forte baisse des demandes en mariage comparativement à la période précédent la pandémie», déclare le Dr. Fadlaoui, avançant que les dépôts de demandes en mariage ont baissé de plus de moitié.

Notre interlocuteur explique cette situation par le fait que les fêtes sont interdites par le ministère de l’Intérieur et les autorités sanitaires, ce qui, selon lui, a découragé bien des couples à convoler en justes noces.

En revanche, observe-t-il, les dépôts de demandes de divorce ont sensiblement augmenté. Et il avance un chiffre ahurissant: rien qu’à Casablanca, ils étaient près de 900 au mois d’octobre de l’année précédente, alors qu’ils en sont à plus de 4.700 à la même période de cette année 2020.

Pour la sociologue Soumaya Naamane Guessous, il faut prendre des précautions avec ces chiffres. D’autant plus que l’on ne dispose pas encore de chiffres officiels. Pour autant, elle estime que, durant le confinement, «toutes les pressions existent au sein du foyer et entre les couples». 

«La pandémie a créé un climat de terreur, d’inquiétude. Puis s’en est suivi le confinement qui limité la liberté du mari et de la femme. Alors qu’ils étaient libres de leurs mouvements et avec des rôles qui incombent à tout un chacun, ils se sont retrouvés soudainement entre quatre murs, avec enfants et parfois famille», détaille la Dr Guessous.

S’ajoutent aussi le manque de ressources, le travail à distance pour certains et surtout l’enseignement à distance pour les enfants, avec tout ce que cela implique comme moyens, beaucoup de famille n’ayant pas suffisamment de smartphones ou d’ordinateurs à offrir à tous leurs enfants pour qu'ils puissent suivre leurs cours, ce qui explique les tensions au sein des couples.

Soumaya Naamane Guessous ajoute à cela un fait non négligeable: «en principe, la maison est la propriété de la femme. Celle-ci avait ses propres habitudes et pouvait se sentir libre de gérer son foyer. Mais avec le confinement et la réclusion du mari à la maison, ces habitues ont été perturbées».

La sociologue estime, par ailleurs, qu’avec le déconfinement, de nombreux couples se sont ravisés, et ne divorceront finalement pas. Quant aux mariages, il est normal que le taux baisse, et continuer de baisser. La crise économique, le manque d’occasions de rencontres ainsi qu'une sorte de malaise ambiant chez les jeunes en sont particulièrement la cause. 

Par Fatima El Karzabi et Khalil Essalak
Le 01/11/2020 à 17h57