Bab Darna: malgré la sentence, les victimes réclament réparation et demandent que l’administration rende des comptes

Me Mourad Elajouti, avocat des plaignants, et l'une des victimes de l'affaire Bab Darna.

Me Mourad Elajouti, avocat des plaignants, et l'une des victimes de l'affaire Bab Darna. . Anas Zaidaoui / Le360

Le 12/01/2023 à 22h14

VidéoA l'issue d'un procès marathonien qui a duré plus de trois ans, le PDG du groupe immobilier Bab Darna, Mohamed El Ouardi, a été condamné à 15 ans de prison ferme. Les victimes réclament à cor et à cri leur dû et demandent que l'ensemble des parties impliquées dans ce scandale rendent des comptes.

Le scandale de l'escroquerie opérée par l'entreprise Bab Darna est revenu sur le devant de la scène cette semaine. La chambre criminelle chargée des crimes financiers à la cour d’appel de Casablanca a condamné, ce jeudi 12 janvier 2023, le PDG du groupe immobilier, Mohamed El Ouardi, à 15 ans de prison ferme pour falsification de documents officiels, escroquerie et émission de chèques sans provision.

Sept autres personnes ont été condamnées à des peines allant de 2 ans à 12 ans de prison ferme. Il s’agit notamment du directeur général, O.E.B., du directeur commercial, H.E.B., de la directrice administrative et financière, A.A, du directeur technique, F.O., du comptable, M.T., et d'un notaire, M.M., qui a écopé de 12 ans.

Les victimes de cette vaste arnaque immobilière disent accepter le verdict mais demandent que l’Etat assume ses responsabilités, étant donné, selon leurs dires, que des autorisations ont été accordées et qu'un notaire assermenté a également été impliqué. Elles exigent que leur argent leur soit restitué, mais aussi que la chaîne des responsabilités ayant permis un tel scandale soit définie et jugée.

Interrogée par Le360, l’une des victimes confie que les requérants réclament de toute urgence la restitution de l'argent détourné. «L'Etat doit assumer ses responsabilités, compte tenu de l’implication d’un notaire assermenté et de certaines communes urbaines. Les banques doivent également être sollicitées pour retracer l'argent. On aurait pu avoir des résultats plus satisfaisants si toutes les parties prenantes avaient été convoquées», témoigne-t-elle.

Et de prévenir: «Tout au long de ces trois ans de procès, on s’attendait fiévreusement à un dénouement heureux. Nous allons présenter de nouveaux éléments. L'affaire ne doit pas s'arrêter là.»

Une autre victime indique, de son côté, que le verdict vient de tomber après une trentaine d'audiences. «Le tribunal a prononcé son verdict. On était un peu surpris. Le notaire qui a écopé de 12 ans de prison avait pourtant un rôle clé dans cette affaire. L'argent a disparu et aucune saisie n'est possible», dénonce-t-elle.

«Nous, victimes, demandons à ce que toutes les parties et administrations impliquées dans cette affaire soient sollicitées. Nous n’étions pas partis de notre propre compte à la recherche d’El Ouardi. Nous avons regardé des publicités. Nous avons également rencontré les représentants de la société dans des salons de l'immobilier. Il y avait un notaire -notre garant de par la loi- et nous sommes même partis dans des administrations pour signer des documents. Toutes ces parties sont comptables de ce qui s'est passé», fait-elle savoir.

«Comment a-t-il pu bénéficier d’autorisations? Il faut que l’Etat intervienne. Il nous faut des solutions.»

De son côté, Me Mourad Elajouti, avocat des plaignants, a souligné qu’après trois ans de procès et plus de 39 audiences, le verdict est tombé dans cette affaire décrite comme étant la plus grande arnaque immobilière de l'histoire du Maroc.

Environ 12 projets immobiliers fictifs, tous standings confondus, avaient été commercialisés par le groupe Bab Darna. El Ouardi et ses multiples sociétés immobilières ne détenaient aucun des terrains sur lesquels devaient être bâtis ces projets, laissant ainsi sur le carreau plus de 1.200 réservataires, des avances pécuniaires en prime. Des projections estiment le montant des avances non restituées par le groupe à plus de 400 millions de dirhams.

Par Fatima El Karzabi et Anas Zidaoui
Le 12/01/2023 à 22h14