Al-Hoceïma veut sauvegarder son aigle-pêcheur et sa biodiversité

Le parc est né de la volonté de protéger le balbuzard, inscrit sur la liste rouge des espèces en danger de l'UICN.

Le parc est né de la volonté de protéger le balbuzard, inscrit sur la liste rouge des espèces en danger de l'UICN. . DR

C'est un trésor caché en plein coeur du Rif, à quelques encablures des touristes qui déferlent chaque été sur cette côte de la Méditerranée. Le parc national d'Al-Hoceïma veut préserver sa riche mais fragile biodiversité, tout en privilégiant un éco-tourisme responsable.

Le 18/05/2017 à 08h54

"Le parc d'Al-Hoceïma, c'est 40 km de falaises de 600 mètres de haut! Bien plus que les calanques de Marseille!", s'exclame Houssine Nibani, président de l'Association de gestion intégrée des ressources (Agir), impliquée dans la conservation du parc. A 150 km à l'est du détroit de Gibraltar, ce parc créé en 2004 s'étend sur 48.000 hectares, avec une partie terrestre parsemée de villages et une façade maritime immaculée de roches à pics et d'eau bleutée.

On y accède pour sa partie marine depuis la ville d'Al-Hoceïma: une petite heure de navigation, où les immeubles cèdent la place à une alternance de montagnes et de plages aux eaux transparentes. La route se termine à quelques jets de pierre d'une baie paradisiaque.

Nichant dans les falaises, de majestueux balbuzards planent à la recherche de leur proie au-dessus des eaux poissonneuses où s'ébattent différentes espèces de dauphins, raies et mérous, sur des fonds parsemés de corail rouge et dans un littoral constellé de patelles géantes. Le dernier phoque moine a disparu en 2004, mais les grottes marines qui lui servaient d'habitat sont intactes, laissant espérer un possible retour de l'espèce.

"Ces falaises qui se jettent à pic dans la mer offrent un échantillon remarquable de la biodiversité du pourtour méditerranéen", souligne le directeur du parc, Mohamed Jabran. "Dans une mer saturée comme la Méditerranée, il est rare d'en avoir un préservé comme ça sur 40 km". Le parc est né de la volonté de protéger le balbuzard, inscrit sur la liste rouge des espèces en danger de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ces rapaces piscivores sont aujourd'hui une trentaine d'individus à nicher sur les immenses falaises, l'une des plus grandes concentrations au monde de cette espèce.

Leur présence atteste d'une eau transparente non-polluée, explique Jabran, avec une faune marine qui prospère sur des fonds rocheux peu profonds. Près d'une centaine d'espèces d'oiseaux fréquentent le parc, dont le rare goéland d'Audouin.

Un plan de développement du parc a été mis en place pour 2015/2019. Dans le cadre d'un volet éco-tourisme, trois gîtes ont été ouverts et des sentiers de randonnée ont été aménagés. La zone est libre d'accès mais l'idée maîtresse est de "sensibiliser les touristes à la fragilité du parc, et de canaliser le flux d'estivants", selon Jabran.

Il s'agit aussi d'aider au développement de la région par le tourisme, que l'Etat voudrait promouvoir dans cette zone. Le parc est un atout clé "à condition d'éviter un tourisme de masse". En cela, "la chance de ce parc, c'est qu'il n'y a pas de route goudronnée", confie le responsable. L'ONG Agir, elle, tente d'associer à la protection des ressources les pêcheurs artisanaux: près de 700 d'entre eux ont reçu une formation et "ont compris la nécessité de protéger" les richesses de la faune marine locale.

Le 18/05/2017 à 08h54