Aïd Al-Adha: zoom sur les races de moutons les plus prisées au Maroc

Des moutons Sardi dans une unité d'élevage à Casablanca. (S.Bouchrite/Le360)

Le 09/06/2024 à 13h06

VidéoAlors que les préparatifs pour l’Aïd Al-Adha battent son plein, l’effervescence se fait sentir dans les souks et les marchés. Pour les familles, choisir le mouton à sacrifier est une décision importante, empreinte de traditions et de respect des préceptes religieux. Quelles sont alors les races ovines qui prédominent au Maroc et en quoi sont-elles particulières? Les réponses d’un expert.

Le Maroc se distingue par la richesse et la diversité de ses races ovines, endémiques et profondément enracinées dans le patrimoine agricole du pays. «Contrairement aux bovins, le Royaume n’a presque jamais eu besoin d’importer massivement des races étrangères, excepté dans quelques situations spécifiques liées notamment à des épisodes successifs de sécheresse», nous explique Mohamed Taher Sraïri, ingénieur agronome.

D’après cet expert, le Maroc est un pays «moutonnier» par excellence: «Les races élevées localement, avec leur adaptation aux conditions locales et leur valorisation des ressources naturelles, constituent un atout inestimable. Du Timahdite robuste des montagnes du Moyen Atlas au D’man prolifique des oasis du Sud, chaque race raconte une histoire de résilience et de symbiose avec son environnement.»

Voici donc les races de moutons les plus prisées au Maroc:

Le Timahdite, gardienne des montagnes

Première par son effectif et par la surface qu’elle occupe, le Timahdite est la race emblématique du Moyen Atlas, signale Mohamed Taher Sraïri: «Adaptée aux rigueurs climatiques de la montagne, elle valorise les pâturages pastoraux de la région. Appréciée pour sa viande de qualité et ses excellentes attitudes maternelles, la race Timahdite est une véritable fierté locale.»

(A. Gadrouz/Le360)

Sa capacité à survivre et prospérer dans des conditions difficiles en fait une race précieuse pour la région. Elle est également connue pour sa rusticité et sa capacité à parcourir de longues distances à la recherche de nourriture, ce qui en fait une race idéale pour les pratiques pastorales extensives.

Le Sardi, race à lunettes

Originaire de l’arrière-pays de Casablanca, de la Chaouia à Béni Mellal, ce mouton est reconnaissable à sa toison blanche et ses taches noires autour des yeux et sur les pattes. Souvent appelée «la race à lunettes» en raison de ses marques autour des yeux, elle est devenue la véritable star des marchés de l’Aïd Al-Adha, selon notre interlocuteur.

Cette race est également prisée pour sa viande tendre et savoureuse, ce qui la rend populaire sur les marchés locaux. En termes de productivité, le Sardi montre une bonne aptitude à l’engraissement et une croissance rapide, et donc plus économique pour les éleveurs.

Le Boujaâd, race qui se distingue par sa vitesse de croissance

Proche du Sardi, mais sans les lunettes, cette race se distingue par sa vitesse de croissance, indique l’expert. Originaire de Boujaâd, elle est appréciée pour son efficacité à transformer les ressources locales en viande de qualité, offrant une solution rapide et rentable pour l’élevage.

Le Boujaâd est également réputé pour sa robustesse et sa capacité à s’adapter à des conditions climatiques variées, ce qui en fait une race polyvalente. En outre, celle-ci possède une bonne aptitude à la reproduction, assurant ainsi des lignées de descendance continues et fiables pour les éleveurs.

Le Beni Guil, race la plus prisée dans la région de l’Oriental

Les hauts plateaux de l’Oriental, autour de villes comme Oujda et Guercif, sont le berceau de la race Beni Guil. Ces moutons, nourris aux herbes aromatiques comme le chih, produisent une viande savoureuse. Leur nom vient des tribus Beni Guil, enracinant cette race dans une tradition pastorale ancestrale, souligne Mohamed Taher Sraïri.

(M. Chellay/Le360)

Le Beni Guil est particulièrement apprécié pour la qualité supérieure de sa viande, souvent décrite comme tendre et parfumée grâce à son régime alimentaire naturel. De plus, cette race est bien adaptée aux conditions arides et semi-arides, ce qui la rend résistante à la sécheresse et capable de survivre avec des ressources limitées.

Le D’man, le prolifique des oasis

Des oasis d’Errachidia à Zagora, le D’man se démarque par sa capacité exceptionnelle à donner naissance à plusieurs agneaux par portée, jusqu’à quatre nouveau-nés, fait observer notre interlocuteur. En se nourrissant de déchets de dattes et autres ressources locales, cette race contribue à la mise en valeur des oasis, symbolisant l’adaptation et la productivité dans des environnements arides.

Le D’man est également connu pour sa prolificité et sa capacité à se reproduire tout au long de l’année, ce qui est un avantage considérable pour les éleveurs cherchant à maximiser leur production. Cette race est également appréciée pour son lait, souvent utilisé pour fabriquer des produits laitiers locaux.

Par Hajar Kharroubi
Le 09/06/2024 à 13h06