La théorie est simpliste, voire loufoque, mais elle n’en fait pas moins son chemin en Espagne: si ce pays pâtit actuellement des effets de la sécheresse, c’est parce que le Maroc vole sa pluie par le détournement des nuages.
«L’objectif final pour le royaume chérifien étant de servir son agriculture nationale pour, in fine, revendre au prix fort ses récoltes en fruits et légumes à l’Europe, et par extension à Madrid», explique le mensuel Jeune Afrique dans son édition électronique.
Chantre de cette théorique du complot, Fernando López-Mirones, un réalisateur de documentaires animaliers, devenu influenceur conspirationniste (63.000 abonnés sur Twitter et 45.000 sur Telegram). Les complotistes assurent qu’un avion serait utilisé pour rediriger les nuages d’une région entière.
Benito Fuentes, météorologue et vulgarisateur de l’Agence espagnole de l’État de Météorologie (AEMET), connaît bien ce sujet. Selon lui, «il faudrait que l’appareil en question abrite un réservoir d’une capacité de 20 millions de tonnes d’eau… Un dispositif est prévu pour dissoudre ou faire évaporer cette masse liquide, assènent-ils encore? Pour cela, il faudrait dépenser 730 fois l’énergie d’une bombe nucléaire comme celle qui a frappé Hiroshima en 1945. A ceux qui penchent plutôt pour un scénario impliquant un avion qui pulvérise des substances chimiques dans les nuages, le scientifique répond que le réservoir contenant ces substances devrait faire la taille de quatre stades Santiago-Bernabéu…», relaie Jeune Afrique.
L’idée selon laquelle le secteur agricole marocain tente de remplacer le secteur espagnol, considéré jusque-là comme le «potager de l’Europe», n’est pas le monopole des complotistes: plusieurs entreprises agricoles espagnoles disent ouvertement craindre le même scénario.
A l’appui de leurs craintes, ils citent le plan stratégique marocain «Génération Green», qui prévoit que le pays africain étende et valorise ses produits locaux pour augmenter leur compétitivité à l’horizon 2030.
Pour parachever ce scénario digne d’un film de science-fiction, les partisans du «vol de pluie» évoquent les manœuvres qu’ils attribuent au gouvernement de Pedro Sánchez.
Dans plusieurs tweets et discussions sur Telegram, le président du gouvernement espagnol et sa coalition sont accusés de «détruire l’Espagne» et de «tuer les agriculteurs espagnols» pour «favoriser» le Maroc.