L’appel a été adressé depuis le Sénat américain, le 16 mars 2023, et il est aussi clair que laudateur à propos du Maroc. Il a été exprimé par le sénateur Dan Sullivan, qui intervenait lors de la réunion de la Commission des forces armées du Sénat américain et ce, devant Michael Langley, commandant depuis août 2022 de l’Africom, le Commandement militaire américain pour l’Afrique. Sans détour, le sénateur Sullivan a demandé le transfert du siège de l’Africom au Maroc, au lieu de l’Allemagne où ce commandement est installé actuellement. Et pour cause, «un commandement pour l’Afrique doit être installé en Afrique. Et le Maroc peut être un très bon candidat», a-t-il déclaré. Pour lui, le Royaume est un «impressionnant allié» des États-Unis et l’un des plus anciens de par le monde (voir vidéo à partir de 02:12:00).
Dan Sullivan sait de quoi il parle. Il a notamment fait partie d’une délégation de 7 sénateurs américains (3 républicains et 4 démocrates) qui s’étaient rendue au Maroc, début janvier 2023, dans le cadre d’une tournée dans les pays signataires des Accords d’Abraham. Lors d’une conférence de presse donnée le vendredi 13 janvier, les membres de cette délégation, conduite par Jacky Rosen, n’ont d’ailleurs pas manqué de saluer le leadership du Maroc en matière de développement, de paix et de sécurité dans la région.
Avant même que le commandant de l’armée américaine en Afrique, le premier général quatre étoiles noir, n’apporte sa réponse, Dan Sullivan a évoqué les blocages dont une telle piste faisait l’objet dans le passé. Et d’ajouter qu’ajourner ce genre de décisions «n’est pas la bonne réponse» et que cela «joue contre les intérêts des États-Unis». «C’est trop facile de dire que parce qu’il existe de nombreux bons candidats (pour accueillir le siège précité, NDLR), qu’il est trop dur de choisir et qu’il vaut mieux laisser les choses en l’état et garder le commandement africain en Allemagne. Les vrais pays prennent de vraies décisions, même quand celles-ci sont dures», a conclu le sénateur.
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En parlant de blocage, le sénateur américain faisait allusion à la position hostile d’un certain James Inhofe, ancien sénateur républicain et ex-président de la Commission des armées, désormais à la retraite. Ce dernier n’aura, durant son long passage au Sénat, ménagé aucun effort pour faire pression contre le Maroc. Fervent défenseur du Polisario et des thèses algériennes, il a à de nombreuses reprises contré les intérêts du Royaume aux États-Unis. Il a même réussi à retarder d’un an la proclamation historique de Donald Trump sur la marocanité du Sahara. L’histoire retiendra (ou pas) qu’il avait également tenté, en octobre 2021, de limiter le soutien aux manœuvres militaires conjointes des États-Unis avec le Maroc, «African Lion», dans une résolution amendant le projet de loi budgétaire au Pentagone pour 2022. Sans succès.
Le Maroc, un choix logique
Dans sa réponse, le patron de l’Africom est resté évasif en affirmant que la question a été soulevée de nombreuses fois dans le passé, mais que, pour l’instant, c’est la solution de confort, soit la «proximité du siège actuel d’un grand nombre de nos partenaires», qui est de mise. Ceci tout en invitant le sénateur Dan Sullivan à une discussion en séance fermée sur le sujet. N’empêche, une telle demande est en soi un acquis considérable pour le Maroc. L’African Lion constitue déjà les plus grandes manœuvres militaires organisées sur le continent africain. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que le pays qui accueille les plus grands exercices militaires américains sur le continent abrite également le siège de l’Africom.