Les généraux et présidents algériens ont tous, depuis 1962, entretenu une hostilité injustifiée envers le Maroc. Mais contrairement à Chengriha et Tebboune, détenteurs actuels du pouvoir, aucun de leurs prédécesseurs n’est descendu aussi bas dans l’étalage de la malveillance et de l’agressivité.
Depuis l’avènement, en 2019, de ce duo de vieillards, ce fut le début d’une séquence déplorable. Auparavant, le lien diplomatique n’a jamais été brisé et les relations entre les deux pays se maintenaient, tant bien que mal. Les présidents Chadli Bendjedid, Liamine Zeroual et surtout Abdelaziz Bouteflika avaient la bienséance de ne pas sombrer dans la vilenie et résistaient aux pressions des généraux.
Le sentiment anti-marocain est devenu caricatural sous Chengriha et Tebboune. Cela amuse et afflige, à la fois, toutes les chancelleries dans le monde. Cette animosité donnerait, paraît-il, aux deux chibanis un sens à leur mandat marqué par la vacuité. Aucun grand dessein pour répondre aux attentes du peuple algérien. Aucun projet, programme ou réalisation majeure.
Que des dérivatifs pour occuper l’opinion publique par le futile et le dérisoire. Dans ces opérations d’intox et parmi les stratagèmes de diversion, on s’arrêtera, dans ce texte, sur les opérations d’appropriation du patrimoine culturel marocain.
L’appropriation du patrimoine marocain comme politique d’État
Ces opérations d’appropriation se sont accentuées sous le mandat Chengriha-Tebboune. Alger ne cesse de monter des dossiers bâclés et bricolés puis expédiés à l’Unesco, pour inscrire, au titre du patrimoine algérien, des éléments du patrimoine culturel marocain, attestés, prouvés et certifiés par l’Histoire.
Auparavant, Alger inscrivait à l’Unesco des éléments de son patrimoine (ou plus précisément quelques traditions de son «terroir», car le pays, créé par la France, reste très jeune) et personne ne trouvait à y redire. Mais avec Tebboune-Chengriha, les dossiers envoyés à l’Unesco sont tous chargés de conflictualité avec le Maroc. Comme si cet aspect litigieux était leur levier principal.
On était habitué au copiage, au mimétisme, au plagiat du pouvoir algérien, mais on observait de loin ces actes en souriant. Aujourd’hui, il s’agit toutefois de pillage.
Récemment, une tentative d’inscription à l’Unesco, par effraction, du «Caftan de Fès», donc du «Caftan marocain», comme patrimoine algérien, a fait l’objet d’une vive réaction du Maroc qui s’opposera fermement à cette manœuvre grossière.
Cette forfaiture a été précédée par l’affaire du zellige, que le pouvoir algérien a essayé de «vendre» comme faisant partie du patrimoine algérien. Ce zellige que les artisans marocains n’ont cessé, depuis des siècles, de faire évoluer et de sophistiquer, avec les fabuleux résultats que l’on connaît aujourd’hui. Et le monde entier en est témoin!
Le zellige marocain est une structure géométrique ordonnée, faite de milliers de petits fragments de céramique. Il n’a rien à voir avec les carreaux grand format de faïence imprimés (d’origine turque) que les Algériens appellent abusivement zellige.
Si l’on demande au duo de séniles haineux Chengriha-Tebboune de nous montrer un seul maâlem algérien capable de fabriquer du zellige, il en serait incapable, simplement parce qu’il n’existe aucune tradition de zellige en Algérie. Tout le monde sait que les généraux algériens qui ont construit de somptueuses demeures ornées de zellige ont fait venir des maâlems marocains de Fès et de Marrakech.
Au-delà de ces exemples et de tant d’autres trésors constitutifs du capital civilisationnel marocain, il est devenu évident que la focalisation sur notre patrimoine culturel est devenue une priorité pour Alger.
Un mimétisme inadapté aux besoins de l’Algérie
Avant les dérives de Chengriha et Tebboune, le Maroc s’amusait de ce mimétisme qui a ciblé plusieurs domaines. L’exemple majeur, et qui reste le marqueur principal, est bien la décision de Bouteflika de construire à partir de 2012 la grande mosquée d’Alger à l’image de la Mosquée Hassan II de Casablanca, inaugurée en 1993.
Bouteflika a exigé que le minaret dépasse de 15 mètres celui de la mosquée Hassan II, qui fait 210 mètres. On en avait souri et on avait bien raison, car le projet n’a jamais été viable. La grande mosquée d’Alger, construite par les Chinois, y compris la main-d’œuvre, semble être aujourd’hui une bâtisse embarrassante pour le régime. Une bâtisse sans âme, constamment fermée, parce que le pouvoir craint les attroupements propices au Hirak. Ce mimétisme absurde a motivé la construction de la mosquée d’Alger, qui ne répondait à aucun besoin spirituel. La preuve, ses portes restent closes.
Par contre, la mosquée Hassan II, embellie par le talent des maîtres, maâlems et artisans, est devenue non seulement un lieu de culte fréquenté par des millions de fidèles, dans la paix et la quiétude, mais aussi un véritable musée des arts traditionnels.
Arrêtons-nous sur quelques domaines où le pouvoir algérien, en panne d’inspiration, est perdu entre «copier, dupliquer et dérober» et ne cesse d’emprunter des idées de son voisin de l’Ouest.
D’abord ces opérations massives de solidarité sociale au Maroc, à travers le soutien alimentaire lors du ramadan, anciennement appelé «Paniers du ramadan». Peu de temps après, l’idée a été transposée en Algérie sous le nom de «Couffins du ramadan».
La performante industrie automobile marocaine a abouti en Algérie en une ridicule industrie de gonflage de pneus de voitures importées. L’expérience ratée a été stoppée net. Il s’agissait tout simplement d’un copiage, par rivalité ou par orgueil, sans que le projet ne soit accompagné d’un business plan déclinant une stratégie industrielle, financière et commerciale. Imiter pour concurrencer, même à fonds perdus ou sacrifiés, et sans tissu économique adéquat.
Ils ont également plagié, l’année dernière, la Charte de l’investissement rénovée du Maroc. Elle a fait l’objet d’un copier-coller effronté. Où est l’économie de marché pour cette Charte dupliquée?
On mentionnera aussi les tentatives répétées et vaines de créer un réseau bancaire algérien en Afrique, sur le modèle marocain, alors que le système bancaire algérien est archaïque, inexistant et au ban des dispositifs financiers reconnus. Celui d’un pays qui n’est même pas membre de l’OMC. Mission impossible!
Vient ensuite le suivisme diplomatique aveugle. À chaque fois qu’une délégation gouvernementale marocaine se déplace à l’étranger pour signer des conventions de partenariat bien ficelées et mutuellement bénéfiques, Alger dépêche immédiatement une délégation d’illuminés pour parler des milices du Polisario et d’autres slogans obsolètes et périmés. Mais que personne n’écoute!
Hier a été annoncée la signature d’un contrat-programme 2023-2037 entre le gouvernement et la compagnie nationale Royal Air Maroc, pour quadrupler la flotte de cette dernière, afin d’atteindre une somme de 200 appareils dans les 15 prochaines années.
On fait le pari que le pouvoir algérien va annoncer une décision similaire dans les prochains jours, mais avec une surenchère quelque part… similaire aux 15 mètres de plus de la mosquée d’Alger! On fait prend tout aussi le pari que ça restera un effet d’annonce!
Enfin, rappelons quelques pensée-repères de psychologie en lien avec les notions d’imitation et d’identité. L’imitation reste, quelque part, une «répétition».
Donc, ses limites sont tracées et elle ne peut mener loin. On imite souvent un modèle ou une matrice! Mais trop s’identifier à l’autre peut aussi être le reflet d’un mal-être. L’imitation tend à devenir comme «l’identité de remplacement» d’une autre identité difficilement identifiable et non assumée.
L’imitation peut aussi être comprise comme un moyen pour «effacer la différence». Mais cet objectif est inaccessible, car se posera toujours l’incontournable question identitaire. Qui suis-je? Le duo Tebboune-Chengriha se définit par une réaction hystérique à l’histoire et la culture millénaires du Royaume du Maroc.