Les liens historiques entre Tlemcen et le Maroc sont anciens et profonds. De 790, début de la première période marocaine, à 1554, date de la prise de contrôle par les Turcs, dans cette période de 764 ans, Tlemcen fut effectivement et directement marocaine 320 ans durant. Au cours de ses plages d’indépendance, la ville de Tlemcen, l’ancienne Pomaria romaine, eut une brillante destinée, mais elle ne dépassa pas le stade de la principauté.
Tlemcen a connu 4 périodes marocaines:
1- La période idrissienne (790-931)
Tlemcen fut islamisée à la fin du 7ème siècle, mais son véritable essor date du siècle suivant, quand la ville passa sous le contrôle des Idrissides de Fès, fondateurs du premier État marocain. La période idrissienne, qui dura 139 ans, de 790 à 931, fut la première séquence de présence marocaine.
En 931, les Idrissides furent chassés de Tlemcen par les Fatimides. Ces derniers conservèrent la ville durant 24 ans, jusqu’en 955, date à laquelle le calife omeyyade de Cordoue, Abd al-Rahman III, prit la ville. Un siècle de grande confusion débuta alors et dura jusqu’en 1078, date de l’arrivée des Almoravides.
2- La période almoravide (1078-1143)
Les Almoravides ouvrirent la seconde période marocaine de Tlemcen en l’occupant jusqu’en 1146. Ce furent eux qui bâtirent le noyau de la ville actuelle et qui y édifièrent la Grande mosquée, érigée sur ordre d’Ali Ben Youcef (1083-1143). Sous les Almoravides, Tlemcen devint la seconde capitale de l’empire marocain après Marrakech.
3- La période almohade (1143-1236)
La troisième période marocaine débuta en 1143 (ou en 1144, ou en 1145), quand le sultan almohade Abd el-Moumen (1130-1163) prit Tlemcen. Les Almohades confièrent la ville à des gouverneurs issus de la tribu berbère zianide (ou Beni Abd el Wadide).
En 1236, le gouverneur Yaghmorasan ben Zayan (1236-1283) se proclama indépendant et fonda une dynastie dont, avec des hauts et des bas, nombre d’interrègnes et d’occupations marocaines. Ses membres se maintinrent au pouvoir jusqu’en 1554, date de la conquête turque.
4- La période mérinide (1337-1358)
De 1299 à 1307, le sultan mérinide Abou Yakoub Youssef (1286-1307) assiégea Tlemcen et construisit le camp fortifié de Mansoura où, en 1307, il fut assassiné. Tlemcen retrouva alors brièvement son indépendance, avec le Zianide Abou Musa 1er (1308-1318) qui fut lui aussi assassiné. Le 13 avril 1337, le sultan mérinide Abou l’Hassan (1331-1351) prit Tlemcen. Brièvement redevenue indépendante en 1350, la ville fut de nouveau occupée dès l’année suivante par le sultan marocain Abou Inane Faris (1351-1358). Après sa mort, Tlemcen recouvrit une nouvelle fois son indépendance.
Sous le règne du Zianide Abou Hamou Musa II (1359-1388), la ville connut une grande prospérité, illustrée par un développement architectural et culturel qui en fit une ville de savants et d’artistes réputés. Tlemcen entra ensuite dans une longue période de décadence, oscillant entre deux maîtres successifs, le Mérinide marocain à l’ouest et le «Tunisien» hafside à l’est.
En 1411, à Tlemcen, soutenu par le sultan mérinide Abou Saïd III (1398-1420), Abou Malek (1411-1424) prit le pouvoir pour un premier règne. Puis, il se retourna contre son allié marocain, défit son armée et prit Fès. Abou Malek fut détrôné en 1424, mais, en 1428, il reprit Tlemcen pour un second règne qui dura jusqu’à 1430, date à laquelle il fut assassiné. En 1431, Tlemcen fut ensuite occupée par le sultan hafside de Tunis, Abou Faris al-Mutawakil (1394-1434).
En 1432 ou 1433, après le départ d’Abou Faris al-Mutawakil, les Zianides reprirent le pouvoir à Tlemcen, mais la ville traversa des temps difficiles, n’étant désormais plus que l’ombre d’elle-même.
En 1517, le Turc Arudj Barberousse prit Tlemcen, mais, dès 1518, depuis la base espagnole d’Oran, Diego de Cordoba lança une offensive contre Arudj Barberousse, qui fut tué au combat.
Tlemcen vivota ensuite jusqu’à la période ottomane, qui débuta en 1553 (ou en 1555), quand le pacha turc d’Alger, Salah-Raïs, prit la ville. Tlemcen ne fut dès lors plus qu’une cité parmi celles de la Régence turque d’Alger, mais les liens avec le Maroc ne furent pas rompus.
C’est ainsi que, dans les années 1820, Mahi ed Dine, le propre père d’Abd el-Kader, fut le khalifa du sultan du Maroc à Tlemcen cependant que, dans toute la région, et comme le remarqua en 1831 le futur général Louis de Lamoricière (1806-1865), la prière se faisait au nom du sultan marocain. De plus, après l’effondrement de la Régence d’Alger, la population de Tlemcen fit appel au sultan marocain Moulay Abderrahmane. Ce dernier nomma alors deux hauts responsables à Tlemcen, à savoir son cousin Moulay Ali Ben Moulay Slimane, en qualité de khalifa, et Si Bennouna comme pacha. Moulay Ali Ben Moulay Slimane entreprit de rétablir l’ordre dans la région en occupant militairement une partie de l’ancien beylicat turc d’Oran, dont Tlemcen.