Dans son allocution devant le Roi, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a indiqué que, malgré un environnement international difficile, la succession des années de sécheresse et le violent séisme qui a secoué la région d’Al Haouz, l’économie nationale a connu cette année une amélioration notable avec une croissance de 3,4%.
Sur le plan de l’évolution des prix à la consommation, et après un pic de 10,1% en février, l’inflation a progressivement reculé, terminant l’année avec une moyenne de 6,1% contre 6,6% en 2022, a poursuivi Abdellatif Jouahri, notant qu’outre l’affaiblissement des pressions inflationnistes externes, cette évolution est le résultat des mesures prises par le gouvernement et du resserrement de la politique monétaire par Bank Al-Maghrib qui a continué en parallèle à satisfaire l’intégralité des demandes de liquidités exprimées par les banques.
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Abdellatif Jouahri a précisé, en revanche, que sur le marché du travail, la situation est restée difficile en 2023, avec une perte d’environ 157 mille postes, reflétant des baisses importantes dans le secteur agricole. Les autres secteurs ont enregistré une relative amélioration mais qui a été insuffisante pour compenser la baisse de l’emploi agricole, a-t-il relevé.
Sur le volet des finances publiques, Abdellatif Jouahri a souligné que le processus de redressement budgétaire s’est poursuivi, le déficit étant revenu à 4,4% du PIB, à la faveur de la bonne performance des recettes fiscales, et des rentrées importantes des mécanismes de financement innovants, en plus des ressources mobilisées à travers le «Fonds spécial de gestion des effets du tremblement de terre» mis en place sur hautes instructions royales.
Au niveau des comptes extérieurs, le wali de Bank Al-Maghrib a affirmé que le déficit du compte courant s’est atténué à 0,6% du PIB, grâce au maintien de la dynamique de l’industrie automobile, des flux des recettes de voyages et des transferts des MRE. Les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib se sont ainsi renforcés à 359,4 milliards de dirhams, soit l’équivalent de près de 5 mois et demi d’importations, a souligné Abdellatif Jouahri.
«Le Maroc a maintenu et même élargi son agenda de réformes»
Et d’ajouter que malgré les contraintes et la succession des chocs, le Maroc, fort de sa stabilité politique et sociale, a maintenu et même élargi son agenda de réformes et ses chantiers économiques et sociaux structurants. Cette orientation, conjuguée à sa crédibilité en tant que partenaire fiable, lui a valu des évaluations positives des institutions internationales, un accès plus facile aux marchés financiers et aux instruments de financement et de précaution, en plus de l’accueil en octobre dernier des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, a relevé Abdellatif Jouahri.
Pour le wali de Bank Al-Maghrib, le défi aujourd’hui est de maintenir cet élan, de consolider les acquis et de veiller à leur soutenabilité. Pour cela, le pays doit gérer et réussir un certain nombre de transitions majeures, initiées par le Souverain.
Ainsi et pour une plus grande contribution du dialogue social à la transition du Maroc vers un État social, Abdellatif Jouahri considère qu’il serait plus judicieux et équitable qu’il soit basé sur une approche qui tient compte, en plus de l’amélioration des conditions de travail, de la justice sociale et de l’atténuation des inégalités. Il a également rappelé l’importance de faire aboutir la réforme des systèmes de retraite au moment où leurs équilibres restent fragiles.
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Il a, par ailleurs, affirmé qu’une transition réussie vers une économie verte et durable exige, au-delà des solutions d’urgence, certes nécessaires, d’accélérer les politiques d’adaptation et de lutte contre le changement climatique et de renforcer leur efficacité et leur cohérence pour consolider la place du Maroc parmi les pionniers dans ce domaine.
Sur le volet de la transition numérique, Abdellatif Jouahri a assuré qu’à la veille du lancement d’une nouvelle stratégie, la réussite de ce chantier reste tributaire du renforcement de l’infrastructure de base, notamment publique, de l’amélioration de la qualité de l’éducation, de la promotion de la culture numérique et de la création d’un environnement incitatif et propice à l’émergence d’un écosystème digital.
Dans ce cadre et dans le domaine financier en particulier, le wali de Bank Al-Maghrib a annoncé que la Banque centrale envisage de mettre en place, en collaboration avec les parties prenantes, un Fonds dédié aux Fintechs devant fournir aux porteurs de projets un soutien financier et un accompagnement pour leur réalisation.
Il a souligné, par ailleurs, que la réussite de l’ensemble de ces transitions requiert des ressources importantes que l’État ne peut mobiliser seul de manière durable, ce qui pourrait requérir l’implication du secteur privé et des partenaires étrangers.
Abdellatif Jouahri a, en outre, affirmé que le Maroc poursuit avec détermination sa marche vers l’émergence et la prospérité et que la réalisation de cette grande transition nécessite le maintien du recentrage des politiques publiques sur les fondamentaux du développement. Il s’agit du développement du capital humain, du renforcement de la gouvernance, de l’amélioration de l’environnement des affaires parallèlement à la préservation des équilibres macroéconomiques. Elle suppose également la mobilisation de toutes les forces vives du pays dans un esprit de sérieux et de responsabilité, priorisant avant tout l’intérêt national, conformément à l’appel lancé par le Roi dans son discours du Trône de l’année dernière.
Abdellatif Jouahri a, à cette occasion, remis au roi Mohammed VI le rapport annuel de la Banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2023.