Sahara: les «attaques terroristes» du Polisario condamnées depuis le Parlement européen

Un défilé de la milice armée du Polisario. AFP or licensors

Ciblant des civils, les tirs revendiqués par le front séparatiste et visant des villes marocaines au Sahara suscitent désormais l’ire de la communauté internationale. Depuis le Parlement européen, des voix s’élèvent pour dénoncer des «actes terroristes» et appeler à des sanctions contre le Polisario.

Le 22/12/2023 à 16h01

De toutes les gesticulations du Polisario et de son sponsor algérien contre l’intégrité territoriale du Maroc et sa souveraineté sur le Sahara, les attaques armées contre des populations civiles au cœur des provinces du Sud constituent le crime de trop. Au point que la communauté internationale commence à s’en saisir et s’en inquiéter. Deux de ces actions terroristes ont particulièrement choqué. Il s’agit des attaques contre des civils lancées par le Polisario le 28 octobre dans la ville d’Es-Semara et le 4 novembre à l’ouest du mur de défense. La première a fait un mort et trois blessés civils graves alors que la seconde n’a pas fait de victime.

C’est ainsi que le Parlement européen a condamné ces «attentats terroristes», indique notamment le quotidien espagnol La Vanguardia. «Le front Polisario lui-même a revendiqué ces attaques depuis le siège des Nations Unies à New York, quelques jours après leur survenue», lit-on.

Le quotidien rapporte ainsi qu’à travers une question parlementaire écrite à la Commission européenne, l’eurodéputé et ancien ministre français Thierry Mariani a condamné les attentats et souligné «le risque pour la stabilité de la région» posé par le Polisario, qui «pourrait même avoir des effets négatifs sur les États de l’Union européenne».

Dans sa question, Mariani met en avant les «liens entre le front Polisario et les groupes terroristes islamistes». En ce sens, la question écrite souligne que «le fondateur de l’État islamique du Grand Sahara, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, combattait pour le front Polisario».

Par ailleurs, l’initiative de l’ancien ministre français met en lumière le fait que le front Polisario reçoit une aide humanitaire de l’Union européenne pour les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie), que le Polisario lui-même «contrôle et gère de manière totale et exclusive». En ce sens, le Parlement européen exhorte la Commission européenne à reconsidérer et à réévaluer ces points. «La Commission européenne doit désormais fournir une réponse écrite à cette question dans un délai maximum de six semaines», lit-on.

On s’en souvient, quatre déflagrations de projectiles qui ont touché, dans la nuit du 28 au 29 octobre dernier, des quartiers civils dans la ville d’Es-Semara, dans le sud du Maroc, et fait 1 mort et 3 blessés, dont 2 graves, ainsi que des pertes matérielles.

À coups de communiqués quotidiens et d’hostilités armées de faible intensité le long du mur de défense, le Polisario ne cache plus son retour à la «lutte armée» depuis qu’il a décidé, le 13 novembre 2020, de rompre unilatéralement le cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU. Si, jusqu’ici, ses menaces n’ont guère eu d’écho, et encore moins un impact sur le terrain, le front semble vouloir mener une montée en charge ciblant cette fois les populations civiles.

S’agissant d’Es-Semara, l’un des indices qui pointent la responsabilité du Polisario dans les attaques lâches contre des populations civiles est justement la revendication formelle par le groupe séparatiste lui-même de l’action à travers son «communiqué de guerre n° 901». La milice y affirme avoir mené des attaques armées contre Es-Semara –qu’il nomme– et avoir fait des victimes. Autre élément à charge: le silence coupable du Polisario, alors que sa revendication de cette attaque a fait les gros titres de la presse internationale. Des dizaines d’articles ont relayé les informations relatives à ces tirs et leur revendication par le front. Muet, le Polisario ne les a pas contestés. Mieux, le front aurait, vendredi 15 décembre dernier, lancé quatre projectiles sur la ville d’Aousserd, située près de la frontière avec la Mauritanie à 350 kilomètres de la ville de Dakhla, selon les relais de sa propagande.

Le Maroc, dans le cadre de l’État de droit, préconise la sagesse et la retenue. Le parquet compétent à Laâyoune a ouvert une enquête et les analyses techniques et balistiques sont en cours pour définir la nature et la provenance exactes des projectiles. Une fois les responsabilités établies, la loi s’appliquera dans son implacable rigueur.

Entretemps, et dans le cadre de son enquête sur les attaques d’Es-Semara, une équipe de la mission onusienne au Sahara (MINURSO), menée par son chef, Alexander Ivanko, s’est notamment rendue à Rabat. Ses investigations ont abouti à un rapport, qui a été remonté au quartier général de l’ONU avant d’être soumis au Conseil de sécurité. Saisie par les autorités immédiatement après les explosions, la MINURSO a pu constater leur localisation exacte: le quartier Essalam, où deux des déflagrations ont eu lieu, le quartier Al Wahda, objet d’une explosion et le quartier industriel dans la périphérie de la ville.

Par Tarik Qattab
Le 22/12/2023 à 16h01