Alors que les membres du Conseil de sécurité, qui représentent les cinq continents et les cinq puissances mondiales, ont voté à une écrasante majorité, 13 voix pour et 2 abstentions, la résolution 2602 du 31 octobre 2021 sur le Sahara, le régime algérien se met au ban de la communauté internationale en affirmant qu’il ne soutiendra pas cette résolution. C’est la première fois qu'Alger oppose un refus à une résolution onusienne, une position en rupture avec la littérature qu’il a jusqu'ici servie, à savoir qu’il n’est pas partie au conflit du Sahara.
Le communiqué (très tardif) du ministère algérien des Affaires étrangères confirme donc sans ambiguïté que l’Algérie est la véritable partie au conflit du Sahara. Pourquoi en effet prendre le risque d’avancer à rebours de la communauté des Nations, en s’engageant avec force dans le rejet d’une résolution onusienne, supposée ne pas concerner?
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Le ministère algérien des Affaires étrangères affirme dans une déclaration, diffusée ce dimanche à la mi-journée (très précisément à 11h57), que «l'Algérie, qui exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes» du Maroc.
Reprenant mot à mot le communiqué des séparatistes du Polisario, publié hier samedi, le département de Ramtane Lamamra écrit que «suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2602 (2021) portant renouvellement du mandat de la Minurso, l'Algérie exprime son profond regret quant à l'approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil».
Sachant que Staffan de Mistura, le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, est appelé à travailler dans le strict respect des dernières résolutions du Conseil de sécurité, qui prônent le mécanisme des tables rondes comme unique voie à des négociations politiques, l’Algérie reprend textuellement, encore une fois, un passage du communiqué du Polisario: «par principe et par solidarité avec le peuple frère du Sahara occidental, l’Algérie attend du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général qu’il inscrive strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de Règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité».
En fait, il ne faut pas être devin pour savoir que le communiqué du Polisario est sorti des bureaux de l’appareil militaro-politique qui dirige l’Algérie. Le régime d’Alger n’a même plus assez de ressource, ni de créativité pour composer deux communiqués différents. Résultat: le contenu du communiqué du Polisario est quasiment le même que celui du régime algérien.
Il faut dire que le régime algérien s’est pris les pieds dans le tapis en annonçant, bien avant le vote de la résolution 2602, sa décision «irréversible» de ne pas prendre part aux tables rondes. Le régime algérien, «fatigué, le Hirak l’a fragilisé», comme l’a très justement rappelé le président Emmanuel Macron, n’est pas en mesure d’imposer des diktats au Conseil de sécurité.
Violant cette fois-ci la décision 693 de l’Union africaine, décidée au 31e sommet panafricain tenu à Nouakchott (Mauritanie), et en vertu de laquelle le conflit du Sahara relève exclusivement de la compétence du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Algérie préconise, alors qu’elle vient d’être mise en minorité par ses pairs africains, une nouvelle implication directe de l’UA dans le dossier du Sahara marocain.
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Le ministère algérien des Affaires étrangères ira même jusqu’à brandir, exactement comme l’a fait le communiqué des séparatistes du Polisario, une menace de guerre dans la région en qualifiant la résolution du Conseil de sécurité de «contre-productive, injuste, dangereuse, et [qui] ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région».
Quant à leur vieille rengaine, celle du «Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en leur qualité d’Etats membres de l'Union africaine (UA)», ses jours sont comptés. La junte avait introduit à l’OUA, en février 1982, une entité, qui ne disposait pas de la moindre composante d’un Etat, avec des procédés hors-la-loi, à coups d’intimidations, de menaces et de liasses de dollars américains. Le Royaume du Maroc éjectera ce corps étranger à l’UA par la force de la loi et par la volonté des Etats membres, dont la majorité ne reconnaît pas cette entité, tenue sous perfusion par le régime d’Alger. L’expulsion de la RASD de l’Union Africaine n’est qu’une question de temps. Et elle aura lieu bien plus vite que la junte ne le croit.