Retraites: Le CESE vient à la rescousse de Benkirane

LE360

Revue de presseKiosque360. Le CESE a rendu son avis après la saisine du gouvernement. Il recommande plusieurs mesures. Il est vrai que les caisses de retraite courent à la catastrophe. Pourtant, les solutions proposées ne convainquent pas les syndicats, qui accusent le CESE d’être un « Parlement parallèle ».

Le 01/11/2014 à 12h15

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient de rendre jeudi sa copie sur les projets de loi 71.41 et 72.14 relatifs à la réforme des régimes civils de retraites. Il vient de recommander d’élever l’âge de la retraite à 63 ans, souligne Al Ahdath Al Maghribia. «Après un mois de débats internes sur les deux projets et trois mois après la saisine du conseil par le Chef de gouvernement, la version finale de l’avis du CESE sur la réforme du régime de retraites a été adopté avec l’assentiment de la majorité, mais pas de l’ensemble de l’assemblée générale extraordinaire tenue par le conseil à son siège à Rabat», peut-on lire dans le quotidien.

Démarche graduelle

Le conseil, dans son avis, a préconisé d’augmenter la durée de contribution, en adoptant une démarche graduelle étalée sur une période longue, qui oscille entre 8 et 10 ans. Le CESE a également suggéré d’adopter «un rythme très lent» pour élever l’âge de départ à la retraite. Il a prôné de procéder à une élévation de six mois, chaque année, de cet âge, et ce durant six ans pour arriver à 63 ans à l’horizon 2020. Les fonctionnaires qui désirent exercer jusqu’à 65 ans peuvent le faire volontairement; à charge pour l’Etat de procéder à une évaluation de cet effort volontariste au bout de deux ou trois ans, pour juger de son impact sur la continuité du service public.

Règles prudentielles

Au niveau des règles prudentielles, le CESE a recommandé d’amender l’article 7 du décret 749.95.2 relatif aux régimes de retraite civils, en fixant le seuil minimum des réserves légales à 5 au lieu de 2, rapporte Al Ahdath Al Maghribia. En matière de contribution des salariés, le CESE a refusé de faire passer celle-ci de 20 à 28% entre 2015 et 2016. Il a proposé, en lieu et place, deux contributions, l’une obligatoire et l’autre complémentaire. Al Ahdath révèle aussi que le CESE a conseillé de se baser sur les «meilleures huit années» de salaire au lieu des dernières années. Une mesure qui avantagerait fonctionnaires et employés.

Un dossier sur la table des négociations

Le ton neutre et informatif adoptée par Al Ahdath contraste avec celui de deux journaux partisans, Libération et Al Alam. Ce dernier s’interroge: «Benkirane écoutera-t-il la voix du CESE?». Al Alam révèle à sa Une qu’un mémorandum sur l’état d’avancement des travaux de la commission technique a été envoyé au Chef de gouvernement et contient des données importantes relatives à la Caisse marocaine des retraites (CMR). Celle-ci procède à une étude actuarielle des régimes de retraite qui révèle que le facteur démographique va se détériorer de façon aigüe à telle enseigne qu’en 2063, il y aura 1,6 contributeur par retraité contre 3 actuellement. Libération, pour sa part, titre: «Les syndicats rejettent l’avis du CESE sur la réforme du système des retraites». Pour la FDT comme pour l’UGTM, la «seule voie pour débattre du dossier n’est autre que celle du dialogue social». Sic. Les deux centrales expriment leur forte désapprobation. Mohamed Kafi Cherrat, Secrétaire général de l’UGTM, a rejeté cet avis, estimant que le CESE, qualifié de «parlement parallèle», a outrepassé ses attributions en tranchant la question. Le Chef de gouvernement, suite à la grève générale, compte renouer le dialogue social. Ce sera l’occasion de débattre de cette réforme qui s’impose vu la complexité de la situation.

Par Amine Haddadi
Le 01/11/2014 à 12h15