Les États-Unis n’ont eu de cesse de le répéter depuis la nouvelle investiture du président Trump, qui l’a confirmé dans un message adressé au Souverain à l’occasion de la fête du Trône. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, s’y était, lui, engagé dès avril 2024, quand il a réaffirmé que «les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», «soutiennent la proposition d’autonomie marocaine, sérieuse, crédible et réaliste», comme «seule base pour une solution juste et durable au différend» et «contribueraient à tout progrès en vue d’atteindre cet objectif». Et de réitérer l’appel du président Donald Trump pour que les parties s’engagent dans des discussions sans délai, en se basant sur la proposition d’autonomie «comme seul cadre, afin de négocier une solution mutuellement acceptable».
Cette contribution et cet engagement, Washington vient désormais de les formaliser, et ce, rien de moins que dans le projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, dont les États-Unis sont le penholder et dont la première mouture a été présentée aux membres dudit Conseil en vue d’un vote à la fin de ce mois d’octobre.
Loin d’être une résolution de plus, le texte marque une évolution majeure –voire un tournant– avec tous ceux qui l’ont précédé. Et pour cause, le plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté du Maroc y est présenté cette fois comme «la seule» solution au conflit et «la base la plus crédible» à toutes futures négociations. La mouture de la résolution prend en cela note «du soutien exprimé par les États membres à la proposition marocaine d’autonomie, sérieuse, crédible et réaliste, présentée le 11 avril 2007 au Secrétaire général, en tant que base la plus crédible pour parvenir à une solution juste et durable du conflit». Il y est précisé que «l’autonomie réelle sous souveraineté marocaine constitue la solution la plus viable».
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Dans ce sens, des discussions doivent être engagées «sans délai» entre les parties, nommément le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario, en utilisant la proposition marocaine d’autonomie comme «seul cadre». Les États-Unis sont disposés à accueillir les négociations à venir.
Signe que le temps est compté et que la volonté de résoudre le différend est décisive, la résolution stipule que le mandat de la mission onusienne au Sahara, la MINURSO, soit prorogé de seulement trois mois supplémentaires, et ce, jusqu’au 31 janvier 2026. Le Secrétaire général et son envoyé personnel sont priés pendant ce temps de présenter régulièrement des briefings au Conseil de sécurité sur l’état d’avancement des négociations, à tout moment jugé approprié au cours du mandat, y compris dans les six semaines suivant son renouvellement, et de nouveau avant son expiration. La transformation ou la clôture de la MINURSO seront étudiées en conséquence.
Constituant l’avancée la plus remarquable du processus politique de résolution du conflit et un pas majeur vers la clôture d’un dossier vieux de cinquante ans, la résolution n’en est pour l’heure qu’à l’état de draft. Mais il n’en fallait pas plus pour que l’Algérie, principal acteur de cette crise, et son affidé, le Polisario, ne remuent ciel et terre pour la dénoncer intégralement. Les mauvaises langues voudraient que l’Algérie soit derrière la fuite de son contenu, une manière tant de désamorcer une véritable déflagration à venir que d’y faire un tant soit peu barrage. Une tactique qui rappelle étrangement celle ayant précédé l’annonce par la France de son soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, avec les conséquences que l’on connaît: du vacarme, des menaces, des coups bas… pour zéro résultat. À la différence cette fois-ci que ce sont les États-Unis que le régime d’Alger retrouvera en face en cas d’incontrôlable agitation.
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Cela n’empêche pas les coups de sang habituels. Dans une véritable diatribe contre le projet de texte, un média porte-voix du régime parle d’une «négation frontale du droit international et d’une insulte à la Charte des Nations unies». «Toute tentative d’imposer un cadre politique unilatéral constitue un acte colonial», lit-on. Téléguidé depuis Alger, le Polisario fait également des siennes. Pour la milice séparatiste, en passe d’être requalifiée en groupe terroriste, le document ne reflète que la position américaine, et non celle des quinze membres du Conseil de sécurité. «L’avenir du peuple sahraoui n’est pas entre les mains des États-Unis, de la France ou de toute autre puissance, mais bien entre celles du peuple sahraoui lui-même, déterminé à défendre ses droits légitimes à l’autodétermination et à l’indépendance», a ainsi menacé Mohamed Omar, autoproclamé représentant du Polisario auprès des Nations unies et coordonnateur avec la MINURSO. Une façon de dire que la milice ne se départira pas de sa logique terroriste.
Pendant ce temps, le vote de la résolution en l’état promet de passer comme une lettre à la poste. Trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, France, Royaume-Uni) soutiennent officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara. L’engagement de Washington, qui s’est intensifié au cours des derniers mois, n’est plus à prouver. S’y ajoutent l’attitude constructive de Paris et de Londres, ou encore celle de Madrid, ancienne puissance coloniale, tous du côté du Royaume. Même la Russie et la Chine, traditionnellement prudentes, semblent ouvertes à un dialogue renouvelé autour d’une solution politique basée sur l’autonomie. La visite officielle de Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, à Moscou, au moment même où le Conseil de sécurité prépare son vote, illustre la nouvelle centralité du Maroc dans les équilibres régionaux. S’agissant du Maghreb, l’inconséquence, l’opportunisme et l’impéritie du président algérien Abdelmadjid Tebboune ont eu raison du crédit qu’accordait Moscou à Alger. Le grand perdant n’est autre que l’Algérie, qui aura tout parié sur un parasite créé de toutes pièces pour affaiblir le Maroc. Cinquante ans après, elle aura tout perdu. L’ironie de l’histoire voudra qu’Alger, membre non permanent du Conseil de sécurité, soit aux premières loges pour assister à son propre échec.












