Dans un entretien avec Le360, Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, a exprimé ses vives réserves à l’égard du ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui. Il lui reproche d’avoir privilégié une baisse de prix portant sur quelque 5.000 médicaments dont les tarifs sont déjà peu élevés, et qui, selon lui, ne représentent que 5% des remboursements effectués par les organismes de sécurité sociale tels que la CNSS.
Mohamed Lahbabi déplore également l’absence, dans la liste tarifaire proposée, des 150 médicaments les plus coûteux, notamment ceux utilisés dans le traitement des maladies chroniques et des cancers.
«Le ministre n’a pas touché aux médicaments dont les prix représentent plus de 50% des remboursements effectués par les organismes d’assurance et de protection sociale», a-t-il déploré. En particulier, les médicaments les plus coûteux, souvent prescrits pour les maladies chroniques ou les cancers, sont absents de la liste tarifaire révisée.
Mohamed Lahbabi met également en garde contre les effets secondaires potentiels d’une nouvelle baisse de prix, craignant qu’elle ne mette en péril la pérennité des laboratoires pharmaceutiques nationaux. «Une telle mesure pourrait entraîner la faillite de certains producteurs et compromettre l’avenir des exportations du secteur», a-t-il averti, tout en affirmant que les pharmaciens défendent à la fois les intérêts des citoyens et ceux de l’économie nationale.
Le président de la Confédération a ainsi appelé le ministre à reconsidérer les choix opérés, en incluant dans la liste des baisses les médicaments destinés au traitement des pathologies lourdes.
Par ailleurs, certaines sources politiques à Rabat n’excluent pas que cette baisse ciblée, limitée à des médicaments à faible coût, puisse être détournée à des fins peu transparentes. Une situation qui alimente les interrogations quant aux motivations réelles de cette réforme partielle et à ses bénéficiaires implicites.
Lire aussi : Médicaments: une nouvelle baisse des prix
«Le rééquilibrage des charges des caisses sociales ne peut se faire sans une baisse des prix des 150 médicaments les plus coûteux, qui pèsent le plus lourd sur les finances des organismes de sécurité sociale», a conclu Mohamed Lahbabi. Le président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc n’exclut pas le recours à la grève si le ministre de la Santé persiste dans sa décision actuelle.
En novembre 2024, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, avait reconnu devant la Chambre des représentants que certains médicaments commercialisés au Maroc affichaient des prix pouvant être jusqu’à quatre fois plus élevés que ceux pratiqués dans d’autres pays.






