Reconnaissance d’Israël: un fait de droit international, l’UE va entrer en action selon Abouddahab

Le politologue Zakaria Abouddahab.

Le 20/07/2023 à 20h50

VidéoLa reconnaissance d’Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara a visé deux objectifs; le Royaume s’est réapproprié le débat de la justesse de sa cause sur le plan du droit international et les deux pays peuvent s’appuyer sur le soutien de l’Union européenne (UE) pour consolider de nouveaux partenariats.

Réagissant à la lettre qu’a envoyée mercredi 19 juillet 2023 le roi Mohammed VI au premier ministre israélien dans laquelle le Souverain a estimé que la décision d’Israël est «à la fois juste et clairvoyante», le politologue Zakaria Abouddahab, connu pour être l’un des plus brillants professeurs du droit international au Maroc, a expliqué que la reconnaissance de Benjamin Netanyahu est «juridiquement actée parce que le message constitue pour nous, les juristes, un acte qui produit des effets de droit».

La décision a été communiquée à «tous les Etats avec qui Israël a des relations diplomatiques et en même temps à l’ONU et aux organisations internationales dont il fait partie et aux organisations régionales». Et d’ajouter que «c’est extrêmement important, comme on le dit dans le jargon juridique, c’est une déclaration qui est opposable, connue sous le nom de «erga omnes» (NDLR: erga omnes est une locution utilisée en droit et signifiant: «À l’égard de tous», et non uniquement à l’égard des parties prenantes)».

Par ailleurs le message du Roi, selon lui, «est rassurant, symboliquement fort qui coïncide avec le 1er Moharram 1445 et en même temps il exprime la satisfaction au plus haut niveau de Sa Majesté et également des forces vives, et de la clairvoyance de la démarche israélienne qui est fondée sur la dynamique internationale en s’appuyant sur le plan d’autonomie proposé en 2007».

D’après Zakaria Abouddahab, «c’est un processus irréversible car aujourd’hui il y a un paradigme qui s’installe, c’est celui du règlement politique de ce conflit absurde». «L’approche des deux pays est fondé, a-t-il souligné, sur des éléments de langage historiques et anthropologiques de terrain. Il n’est pas question aujourd’hui de rappeler la justesse et la sacralité de la cause marocaine, mais tout simplement cette occasion nous permet de nous réapproprier le débat de la justesse de la cause marocaine sur le plan du droit international».

Evidement, a-t-il regretté, «les adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc ne vont pas lâcher du lest ou manquer d’occasion pour essayer d’annihiler cet élan, car ce nouveau apport profitera non seulement au Maroc et à Israël mais à tous les partenaires qui peuvent s’adosser à cette dynamique dans le cadre de cette triangulation». Le professeur de droit international à l’Université Mohammed V de Rabat s’est déclaré convaincu que «les Etats-Unis voudraient bien parrainer cette approche, car ils sont aussi des partenaires des accords d’Abraham avec Bahreïn, les Emirats arabes unis et par extension, d’autres pays arabes qui ont signé un accord de paix comme l’Egypte et la Jordanie, ou comme l’Union européenne qui appuie cette démarche dans le cadre des relations euro-méditerranéennes».

Et c’est là où réside l’une des importances de cette reconnaissance. «Vous savez qu’Israël et le Maroc ont un statut avancé dans leurs partenariats avec l’UE, les deux peuvent s’appuyer sur le soutien de cette dernière pour lancer des projets, et c’est ici où je vois des combinaisons intelligentes sur le plan géopolitique, sur le plan logistique, sur le plan du développement, d’une façon générale dans l’intérêt des deux nations». Et de poursuivre que «la position des Etats-Unis est constante car depuis l’arrivée de la nouvelle administration Biden, il n’a jamais été question de renier et de remettre en cause la position de l’équipe précédente».

«La singularité, a rappelé Abouddahab, c’est que les Etats-Unis soutiennent le plan d’autonomie pour aboutir à une solution politique mutuellement acceptable parce qu’ils sont membres permanents du Conseil de sécurité». En conclusion, le politologue a estimé que le Etats-Unis ont «un poids» et avec «la reconnaissance israélienne, ils vont devoir remettre à l’agenda une relance de l’ouverture d’un consulat général à Dakhla au bénéfice des Etats-Unis, du Maroc et d’Israël». Pour rappel le roi Mohammed VI a affirmé au Chef du gouvernement israélien que la question du Sahara marocain est «la Cause nationale du Royaume, et la priorité de sa politique étrangère», ajoutant que «la décision importante que Vous avez prise est, à la fois, juste et clairvoyante».

«Elle est juste en ce qu’elle conforte le Maroc dans ses titres juridiques authentiques et ses droits historiques irréfragables sur ses Provinces Sahariennes», note le Souverain, ajoutant que «la juridiction effective de l’Etat marocain et les liens juridiques d’allégeance qui ont toujours existé, depuis des temps immémoriaux, entre les Rois du Maroc et les populations marocaines de ces terres chères à Leurs cœurs, sont avérés et incontestables».

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 20/07/2023 à 20h50