La forte abstention qui a prévalu lors du scrutin présidentiel organisé dimanche dernier, 8 septembre 2024, en Algérie, ainsi que dans certaines représentations diplomatiques de ce pays, tout particulièrement en France où vit une importante communauté algérienne, démontre que les institutions républicaines de ce pays ne convainquent plus du tout les électeurs.
Dans un article mis en ligne ce mercredi 11 septembre, le média numérique français L’Opinion signale que la colère des électeurs algériens s’est donc une nouvelle fois manifestée par leur désertion des bureaux de vote, où la «participation [a été] d’à peine 10 %».
C’est donc un record d’abstention qu’ont pu noter les observateurs internationaux, venus veiller à la tenue de ce scrutin, qui démontre les défiances qu’entretiennent les Algériens envers les institutions de leur pays, toujours dirigé par Abdelmadjid Tebboune, élu une première fois le 18 avril 2019, et réélu au terme de ce scrutin, à un taux de 94,6% des voix.
«Seul un électeur algérien sur dix se serait rendu aux urnes lors de l’élection présidentielle», estime le média, qui se fonde sur des déclarations de sources gouvernementales françaises.
Pour L’Opinion, ce taux de participation d’environ 10%, extrêmement faible, est très éloigné du chiffre officiellement communiqué par les autorités algériennes, qui est «de 48,03 %».
La colère exprimée par les électeurs algériens, qui ont donc décidé de déserter les bureaux de vote, est identique à celle des Algériens résidant en France et en mesure de voter dans la représentation consulaire de leur pays.
En France, «la participation a été encore plus basse, à 4% des inscrits», indique L’Opinion, selon lequel «le trucage des chiffres a été tel qu’il a contraint les trois candidats, dont le président sortant Abdelmadjid Tebboune, vainqueur à 94%, à contester le décompte des voix par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE)».
Dans un communiqué conjointement émis avec ses rivaux, eux aussi candidats à ce scrutin présidentiel, le président algérien a même dénoncé des «incohérences majeures» dans l’organisation de ce vote, «du jamais vu», ironise L’Opinion.
Dans une explication de ce qui résulte visiblement d’un tripatouillage du comptage des bulletins de vote, L’Opinion signale que «la participation aurait été de 26,46 % (selon les chiffres officiels), samedi à 17 heures, soit 6,6 points de moins que lors du précédent scrutin de 2019, avant de bondir de plus de 21 points en trois heures, après avoir repoussé la fermeture des bureaux de vote jusqu’à 20 heures».
Avec ce score manipulé, la légitimité déjà contestée du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui fêtera ses 80 ans au mois de novembre prochain et qui se retrouve encore une fois mal réélu, n’a fait que renforcer sa perte de crédibilité. A ce propos, L’Opinion s’interroge sur l’identité de ceux «qui avai[en]t ainsi intérêt à l’affaiblir».
Avec ce fort taux d’abstention, résume L’Opinion, «la réélection de Abdelmadjid Tebboune intervient à un moment complexe pour l’Algérie au niveau international. Fin 2023, elle s’est vu refuser l’entrée dans le club des Brics (l’équivalent du G7 pour les non-Occidentaux), même si elle vient de se voir accorder un strapontin à la banque des Brics. Par ailleurs, les tensions s’accumulent avec le Mali voisin, alors que le Maroc, son grand rival, enregistre de nombreux succès, notamment sur la question du Sahara».