Polémique autour du «client mystère», un marché public de 147 MDH pour l’évaluation des hôtels

Le ministère du Tourisme, de l'artisanat et de l'économie sociale et solidaire.

Revue de presseLa dépense de 147 millions de dirhams engagée pour l’évaluation de la qualité des services hôteliers par des «clients mystères» fait polémique. Alors que le ministère du Tourisme y voit un outil pour accompagner le nouveau système de classification des établissements, une députée de la majorité dénonce, elle, une opération trop coûteuse et plaide pour une alternative numérique, moins chère et plus efficace. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 08/09/2025 à 18h27

Un marché public de 147 millions de dirhams continue de faire débat et d’entraîner des controverses. L’opération, qui consiste à évaluer la qualité des services dans les établissements d’hébergement à travers des visites effectuées par des «clients mystères», a été vivement critiquée par la députée Kouloub Faitah, élue du Parti authenticité et modernité (PAM) et membre de la majorité gouvernementale, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 9 septembre.

Dans une question écrite adressée le 4 septembre à la ministre du Tourisme, Faitah s’est dite préoccupée par le coût jugé «excessif» de cette opération, alors que le Royaume s’engage dans une transition numérique ambitieuse avec le programme «Maroc Digital 2030».

Elle a proposé une alternative consistant à mettre en place une plateforme nationale numérique, ouverte aux clients, pour recueillir directement leurs avis sur les hôtels, riads, maisons d’hôtes et autres structures. «Une telle approche permettrait d’obtenir une base de données exhaustive, transparente et en temps réel, tout en réduisant considérablement les dépenses publiques», a-t-elle argumenté.

La parlementaire s’est également interrogée sur la transparence du processus d’attribution du marché, ainsi que sur les conditions de son exécution, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Le ministère du Tourisme a justifié cette initiative par la nécessité d’accompagner la mise en œuvre du nouveau système de classification hôtelière, prévu par la loi 14.80. Ce dispositif vise à rénover en profondeur les critères de notation des établissements, en introduisant des standards internationaux élaborés avec l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Les visites de clients mystères, réalisées par des experts spécialisés, ont pour objectif de vérifier jusqu’à 800 critères couvrant l’ensemble de l’expérience touristique, depuis la réservation en ligne jusqu’à la qualité de l’accueil, des services et des installations. Ce suivi, régulier, doit permettre de renforcer la compétitivité du secteur et de garantir aux voyageurs une expérience conforme aux standards internationaux.

Pour les observateurs, la polémique renvoie à une problématique plus large: celle de l’efficacité de la dépense publique. L’investissement de 147 MDH soulève la question de l’allocation optimale des ressources dans un secteur où d’autres besoins pressants persistent, tels que la formation du personnel hôtelier, la modernisation des infrastructures ou encore la promotion internationale de la destination Maroc.

Les critiques pointent également un risque de décalage entre la logique de contrôle administratif et les attentes actuelles des voyageurs, de plus en plus habitués aux évaluations en ligne (Booking, TripAdvisor, Google Reviews), a-t-on encore lu.

Cette controverse intervient dans un contexte où le tourisme marocain affiche des performances remarquables. Selon les données du ministère, les recettes générées entre janvier et juillet 2025 se sont élevées à 67 milliards de dirhams, un niveau historique. Le pays ambitionne de franchir de nouveaux caps, notamment à l’horizon de la Coupe d’Afrique des nations 2025 et de la Coupe du monde 2030, deux événements pour lesquels la qualité des infrastructures et des services touristiques sera scrutée de près.

Par La Rédaction
Le 08/09/2025 à 18h27