Panique à Alger: «l’intégration au Maroc» devient, soudain, une option pour le Polisario

Mohamed Yeslam Beissat, prétendu ministre des Affaires étrangères du Polisario, lors d'une conférence de presse à Alger, mercredi 22 octobre 2025.

Mohamed Yeslam Beissat, prétendu ministre des Affaires étrangères du Polisario, lors d'une conférence de presse à Alger, mercredi 22 octobre 2025.

Après avoir poussé le Polisario à envoyer une obscure «proposition élargie» au Secrétaire général de l’ONU, l’Algérie a déroulé le tapis rouge à la milice pour qu’elle en présente le «fond». Depuis Alger. Derrière la prétendue ouverture à une «intégration au Maroc», on devine mal une angoisse croissante à l’approche de l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité qui valide le plan d’autonomie comme seule solution. Ce spectacle confirme une évidence désormais éclatante: tôt ou tard, c’est à l’Algérie, et non à son proxy, de se confronter à la réalité.

Le 23/10/2025 à 11h29

Les signes d’agitation se suivent et se ressemblent à Alger à l’approche du vote de la prochaine résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, prévu pour la fin octobre et consacrant le plan d’autonomie comme seul cadre à une solution au conflit. Lundi 20 octobre, le régime voisin pressait son proxy du Polisario d’adresser un courrier au secrétaire général de l’ONU, contenant ce qu’elle a pompeusement baptisé une «proposition élargie pour une solution politique mutuellement acceptable prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui». Celle-ci a été formalisée dans un communiqué massivement relayé par les médias algériens. Que fallait-il en retenir? Un vague «signe de bonne volonté» et une tout aussi obscure prédisposition à partager «le coût de la paix». On notera, tout de même, la précipitation avec laquelle cette proposition a été adressée au secrétaire général. À peine dix jours avant l’adoption de la résolution sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité. Autant dire qu’il y a péril en la demeure. Cette manœuvre téléguidée de communication a un mérite: elle montre le vent de panique qui souffle à Alger et à Tindouf.

L’objectif était de brouiller la perspective, désormais inévitable, de la consécration du plan d’autonomie comme unique issue viable au conflit. À force de bricoler une «contre-khouta» sur un coin de table, le régime d’Alger s’est une fois encore empêtré dans sa propre incohérence. Et fidèle à lui-même, il a repris ce qu’il maîtrise le mieux: s’acharner et persister dans sa bêtise.

Un baltaji qui parle de paix

Hier mercredi, à Alger même, le «Système» a déroulé le tapis rouge aux représentants du Polisario pour soi-disant «étayer» sa «proposition». Le pantin du jour n’était autre que Mohamed Yeslam Beissat, prétendu ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines de la Rasd. Un vrai voyou, un baltaji recyclé en diplomate par la grâce de ses bienfaiteurs, faut-il le rappeler.

Décembre 2022, Pretoria. À l’époque «ambassadeur» autoproclamé de la Rasd en Afrique du Sud, Beissat s’était déjà distingué, non par la finesse de son verbe ni la qualité de sa diplomatie, mais par un mélange d’incivisme, de grossièreté et d’incompétence rarement atteint. La scène se déroulait dans un hôtel de Johannesburg, en marge d’un conclave consacré à la coopération entre le Parlement panafricain et le Comité des représentants permanents de l’Union africaine. Muet pendant toute la durée des travaux, Beissat a choisi le moment de la présentation des conclusions pour se réveiller, fusillant le Royaume du Maroc à coups d’insultes et d’accusations grotesques. L’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union africaine, Mohamed Arrouchi, n’a pas manqué de répliquer, renvoyant le personnage à sa juste place: celle d’un mercenaire au service d’un projet sans horizon.

Ce n’était d’ailleurs pas une première. Le même Beissat s’était déjà illustré par deux sorties similaires: la première lors d’une réunion ministérielle de la Justice tenue à huis clos, la seconde lors du dernier sommet de l’Union africaine, lorsqu’il s’était lamenté de la désignation du Maroc comme membre du Conseil pour la paix et la sécurité. Toujours fidèle à sa ligne de conduite, celle de la provocation sans argument et du vacarme sans fond, le prétendu chef de la diplomatie sahraouie confirme, à chacune de ses apparitions, qu’il ne maîtrise qu’un seul art, celui du scandale inutile et du ridicule assumé.

Voir ce voyou, à qui le régime d’Alger a confié le titre pompeux de ministre en vue d’exacerber davantage les invectives contre le Royaume du Maroc, parler diplomatie avait un aspect à la fois cocasse et surréaliste. C’est comme si l’on demandait à un délinquant de s’attabler avec de bonnes sœurs.

Fuite en avant

C’est ce même mercenaire qui, mercredi, s’est vu confier la mission absurde de tendre au Maroc le calumet de la paix, alors même que les dés sont jetés. Fidèle à son rôle de figurant, il s’est contenté de réciter, sans y croire, le texte préparé pour lui, paraphrasant à peine le communiqué du lundi. Seule «évolution» notable: l’apparition soudaine de l’idée que la «proposition élargie» inclurait désormais une «intégration au Maroc». Une option que le front séparatiste, par un miraculeux retournement de logique, prétend désormais envisager. Du jamais vu, ni entendu, dans le discours officiel de la milice.

Loin d’être une maladresse, cette inflexion est une tentative de progression politique calculée. Même si les médias algériens ont soigneusement censuré le passage où Beissat le dit explicitement, ne laissant filtrer que quelques bribes écrites, le reste de sa déclaration en confirme le sens et la portée. «Si le Maroc tient à sa proposition, qu’il la présente comme l’une des options parmi lesquelles le peuple sahraoui pourra choisir librement. Mais tenter de l’imposer comme l’unique option est inacceptable, totalement et catégoriquement», a déclaré le faux diplomate, visiblement dépassé par son propre texte. Ou alors…

C’était laborieux, confus, presque pathétique, mais on y est. Le régime d’Alger, en pleine fébrilité, s’agite et fait s’agiter son proxy pour tenter de devancer, ou tout au moins de brouiller, le projet de résolution 2025 du Conseil de sécurité. Et pour cause, la résolution à venir entérine, et c’est un véritable tournant, le plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine comme «la seule» issue au conflit et «la base la plus crédible» pour toute négociation future. Dans cette perspective, des discussions devront s’ouvrir «sans délai» entre les parties concernées (le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario) en prenant la proposition marocaine d’autonomie comme «seul cadre».

À l’origine de cette nouvelle dynamique, soigneusement pilotée par la fine fleur de l’administration Trump, figurent les États-Unis eux-mêmes, avec l’implication directe du président américain, expressément cité dans le texte. Washington se dit prêt à accueillir ces négociations, scellant ainsi un appui politique et diplomatique de premier ordre. Et que répond Mohamed Yeslam Beissat? On vous le donne en mille: «nous rejetons les solutions imposées». La formule est répétée à satiété, martelée comme un mantra vide, au point d’en devenir un tic de langage. Voilà tout le problème du régime d’Alger: lorsqu’il trouve un slogan, il le ressasse jusqu’à l’écœurement, comme si la répétition pouvait tenir lieu de stratégie.

Une antienne pour conjurer l’inévitable

La paternité de cette trouvaille revient au président algérien Abdelmadjid Tebboune qui, lors de sa dernière diatribe contre le Maroc, le jeudi 9 octobre, a juré que l’Algérie «ne se départira jamais de son soutien» aux séparatistes sahraouis, promettant que, tant qu’il est en vie, «personne ne leur imposera la solution» à laquelle ils n’auraient pas consenti. Un discours éculé, à peine dissimulé sous un vernis de bravade, qui traduit moins la fermeté qu’une panique mal contenue. À mesure que la réalité diplomatique s’impose, Alger s’enferme dans le déni, répétant inlassablement ses slogans comme pour conjurer l’inévitable. La fin du mirage séparatiste.

Qu’à cela ne tienne! Depuis, le «concept» est devenu un refrain, une antienne. Un leitmotiv qu’on pourrait presque fredonner par automatisme. Dans son speech, Mohamed Yeslam Beissat l’a démonté pièce par pièce, comme un horloger obsédé. Extraits: «Le véritable esprit de paix ne se construit pas par les intrigues, ni par les manœuvres, ni par les solutions imposées»; «la paix véritable ne vient ni des intrigues, ni des manœuvres, ni du recours à des puissances étrangères, ni des solutions imposées»; «la véritable paix ne s’impose pas par la force, mais qu’elle réside dans le traitement des causes profondes des conflits pour éviter leur répétition». Oui, on a compris. Mais encore?

Pour ajouter un peu de piquant, Mohamed Yeslam Beissat dit tout ignorer sur la future résolution, alors que c’est Alger et le Polisario qui ont orchestré les leaks de son contenu et que le but de la conférence est de la dénoncer. C’est fou.

Il ne se contente pas de philosopher. Il balance ses griffes sur toute la communauté internationale, qui se range résolument derrière le Maroc. À sa cible principale: les États-Unis, qui en prennent pour leur grade. «La contribution constructive attendue des puissances internationales actives consiste à cesser de soutenir une partie contre l’autre, à devenir partie prenante de la solution plutôt que du problème». Ouch.

Le Maroc est prévenu et doit frissonner, à l’heure qu’il est. «Miser sur des acteurs extérieurs est un choix risqué et coûteux, tandis que le dialogue avec les Sahraouis demeure la meilleure option», avertit le milicien. Là où tant Alger que le Polisario ont un train de retard, c’est qu’on ne propose aucune alternative alors que le texte de la résolution est déjà bouclé, et que son vote et son adoption ne sont qu’une question de jours. Sauf à sombrer dans la folie, on ne change pas de langage du jour au lendemain, passant des communiqués triomphalistes sur des victoires chimériques sur le terrain à des discours châtiés sur un «nécessaire dialogue» avec «nos frères marocains».

Et surtout, il faut éviter de se faire piéger par son propre jeu. Le Polisario n’est en aucun cas un interlocuteur crédible dans la gestion de cette crise, mais simplement le bouc émissaire d’Alger. Elle a beau – et très mal – le cacher, le véritable acteur du conflit, et donc de sa solution, c’est l’Algérie. Si dialogue il y a, ce sera entre Rabat et Alger, sur la base du plan d’autonomie. Le Polisario y participera, mais on sait bien qui lui dicte à la conduite à suivre. En annonçant un «accord de paix» entre les deux capitales sous 60 jours, les États-Unis ne s’y trompent pas. Reste à espérer que le voisin finisse par se rendre à l’évidence. Sinon, le prochain train, le dernier, risque fort de partir sans lui.

Quant à Mohamed Yeslam Beissat, il sait que le plan d’autonomie prévoit un retour au pays et une amnistie, y compris pour des voyous de son acabit. Mais comme le temps presse– à peine 60 jours–, il gagnerait à suivre une formation accélérée pour apprendre le civisme.

Par Tarik Qattab
Le 23/10/2025 à 11h29