Maroc-pays du CCG: feuille de route royale pour un bloc politiquement fort et influent

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Dans son discours en ouverture du premier Sommet Maroc-Pays du CCG, hier mercredi à Ryad, le roi Mohammed VI a plaidé pour la création d’un bloc fort et influent, capable de dissuader toute velléité interventionniste et de défendre les intérêts et les causes arabes justes. Décryptage.

Le 21/04/2016 à 14h10

Le diagnostic est sans appel! Le monde arabe, de l’Océan atlantique au Golfe arabe, fait l’objet de convoitises certaines. Si les visées sur les richesses arabes font l’unanimité, il manque toutefois une vision pour y faire face. Or, la recette proposée par le roi Mohammed VI, dans son discours inaugural, hier à Ryad, lors de l’ouverture du premier Sommet Maroc-Pays du CCG, est on ne peut plus efficace, voire salutaire.

Cette vision participe du principe que l’union fait la force. Plus qu’une nécessité, une urgence pour affronter, à travers la mise en place d’un bloc uni, des velléités qui, sous couvert de slogans et d’idéaux clinquants, visent au fond à défendre les intérêts des grandes puissances au détriment des peuples.

La vision déclinée par le souverain devant ses homologues du Conseil de coopération du Golfe participe d’une stratégie d’«empowerment» du bloc à construire entre le Maroc et les pays du CCG, d’où cette insistance royale sur un «bloc fort et influent» capable de défendre les intérêts communs et les causes justes du monde arabe et musulman. Cette stratégie dénote une compréhension minutieuse d’un contexte géopolitique en phase de reconfiguration où il n’y aura de place que pour les puissants.

Voilà pour le fond. Reste maintenant à définir le pourquoi du comment. Or, disait-on plus haut, le souverain va au-delà du diagnostic et propose les remèdes à cet état d’impuissance dans lequel se dépêtre le monde arabe et musulman face à la mainmise des grandes puissances de ce monde.

Parlons d’abord du Maroc! Il va de soi que le royaume fait face à moult problématiques diplomatiques et stratégiques, dont la matrice est le conflit créé autour de son Sahara. L’enlisement de ce dossier dans les arcanes de l’ONU n’est-il pas fonction d’une stratégie de mise en essoufflement des efforts déployés durant quatre décennies par le royaume pour tourner la page de ce faux conflit autour de ses provinces sahariennes? Pourquoi, alors, toute cette fixation sur le dossier saharien par l’ONU, pour ne pas dire cette cabale anti-marocaine dans les couloirs du fameux «gadget», alors que d’autres dossiers, bien plus chauds, en l’occurrence la Syrie, le Yémen, ou plus encore l’Irak, sont laissés insolubles, à la faveur d’une déflagration régionale de plus en plus menaçante?

Face à cette cabale qui ne dit pas son nom, et qui viserait en fait le modèle régional qu’offre le royaume, autant sur le plan politique qu’économique, il est clair que le Maroc a besoin d’appui de la part des pays frères du Golfe. Le partenariat stratégique avec lesdits pays, et dont le souverain a tracé les contours, permettra à coup sûr de développer des approches et des initiatives qui feront avancer de façon pertinente et efficace les causes défendues de manière individuelle et collective.

Il s’agit, est-il précisé dans le discours royal, d’un partenariat sur le principe gagnant-gagnant. Le roi Mohammed VI a été on ne peut plus clair en plaidant pour un partenariat équilibré, d’égal à égal, dans le respect mutuel des spécificités et de la souveraineté de chaque Etat. Sur ce point justement, l’apport du Maroc est d’autant plus sollicité qu’il s’est forgé une expérience atypique en termes de démocratie et de progrès économique.

Quand à cela, il faur ajouter cette communauté de vues et de destin liant les monarchies du Golfe et le royaume du Maroc, on ne peut qu'applaudir cet appel du coeur (et de la raison) lancé par le souverain pour la mise en place d'un bloc uni avec les pays du CCG.

Par Ziad Alami
Le 21/04/2016 à 14h10