Les pays du Sahel n’ont pas besoin de tuteurs ni de recevoir de leçons, estime Nasser Bourita

Karamoko Jean Marie Traoré, ministre du Burkina Faso des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, et son homologue marocain Nasser Bourita à Rabat le 21 juin 2024.

Le 21/06/2024 à 19h17

VidéoEn recevant ce vendredi 21 juin à Rabat, Karamoko Jean-Marie Traoré, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, son homologue marocain Nasser Bourita a estimé que les pays du Sahel n’ont pas besoin d’un «tuteur» dans la gestion de leurs affaires en allusion aux ingérences de l’Europe et de l’Algérie.

Le ministre marocain des Affaires étrangères a dénoncé à cette occasion «les ingérences de certains pays d’Europe ainsi que celui d’un pays qui partage une partie des frontières avec les pays de la région du Sahel».

«Avec leurs hommes et leurs compétences, les pays du Sahel sont en mesure de régler leurs affaires», a martelé Nasser Bourita lors d’une conférence de presse conjointe.

«La politique du Maroc est fondée sur trois principes, le premier étant que la stabilité est fondamentale et la priorité numéro un», a souligné le ministre marocain avant de préciser que «les dissertations sur le Sahel peuvent être faites depuis l’Europe, mais vivre la situation sur place et être impacté directement par elle donne une perspective différente où la stabilité est l’élément clé».

Pour le haut responsable marocain «un Sahel qui vit dans le chaos est une menace pour ses populations et aussi pour son voisinage». Nasser Bourita a expliqué en outre que donc «la stabilité est au cœur de la vision de Sa Majesté le Roi par rapport à cette région».

Quant au deuxième élément, a-t-il ajouté, «la transition démocratique pour ces pays est nécessaire et le Maroc fait confiance aux élites et au génie des peuples du Sahel pour trouver le meilleur chemin et faire face à cette situation complexe pour réussir leur transition».

«Le Maroc est contre l’ingérence au Sahel, contre les politiques de donneurs de leçons au Sahel et contre les politiques de ceux qui considèrent que parce qu’ils ont des frontières avec le Sahel, ils peuvent opter pour des politiques de chantage», a dénoncé Nasser Bourita en pointant du doigt le voisin de l’Est. Et d’expliquer que «malheureusement, ce ne sont pas seulement les visions de pays européens, mais même dans le voisinage du Sahel il y a des pays qui pensent qu’ils peuvent gérer le sahel par le chantage et régler leurs problèmes aux dépens de la stabilité du Sahel».

Le Maroc, a-t-il expliqué en substance, a une politique sage diamétralement opposée: «le Maroc n’a jamais été dans cette logique de régler les problèmes par le chantage, il est dans la logique quant à la capacité de ces pays à régler eux-mêmes leurs problèmes, car la politique du Roi et du Maroc est une politique d’accompagnement, pas une politique de substitution».

Au début de la conférence de presse, le chef de la diplomatie du Burkina Faso a tenu à rassurer sur la situation actuelle de son pays, en dénonçant les fausses informations véhiculées par les réseaux sociaux. «Je veux dire au peuple ami du Maroc, a-t-il affirmé, que tout va bien au Burkina Faso et que le président Ibrahim Traoré déroule sa vision, accompagné des équipes qu’il a mises en place».

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 21/06/2024 à 19h17