A l’instar des grandes villes algériennes, où des manifestations de plus en plus massives sont organisées en continu depuis le 22 février dernier contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un 5e mandat présidentiel, Tindouf, pourtant zone militaire sous haute sécurité, a été le théâtre de grosses manifestations, vendredi dernier.
L’arrivée de cette onde de choc jusqu’à la ville où résident les dirigeants du Polisario a créé une vive inquiétude chez ces derniers.
Cela transparait aussi bien à travers la quasi-paralysie de leurs activités propagandistes ces derniers jours, qu’au niveau de leurs médias, acculés à relater, avec une crainte non feinte, la situation qui prévaut en Algérie en reprenant, à la virgule près, uniquement les dépêches de l’APS, l’agence officielle algérienne.
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«Que serons-nous demain si le FLN est balayé du pouvoir, vu l’ampleur du mouvement de protestations?» Telle est la seule question qui taraude ces jours-ci les dirigeants du Polisario.
En effet, c’est le FLN, ou du moins sa vieille garde boumédieniste encore prisonnière des archétypes de la guerre froide, qui est derrière la création du conflit autour du Sahara marocain à travers l’hébergement, l’armement, le financement et le soutien diplomatique au Polisario.
La cheville ouvrière de ce conflit factice n’était autre que Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères inamovible de Boumediene, et que feu Hassan II avait surnommé à l’occasion «Boutefriqa» (celui qui divise).
C’est pourquoi, plus que les manifestations actuelles, ce qui inquiète davantage le Polisario, c’est plutôt la disparition d’Abdelaziz Bouteflika et de l’héritage du boumédiénisme– socle idéologique du soutien de l’Algérie au Polisario.
Une issue vers laquelle les Algériens poussent dans une mobilisation populaire admirable autant par son pacifisme que par le nombre impressionnant des personnes qui y participent.
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Car Bouteflika, comme le décrit le journaliste algérien irrévérencieux, Mohamed Benchicou, dont il a fermé le journal (Le Matin d’Algérie), a poussé le colonel Houari Boumediene à renverser Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante (1963-1965).
Ce même Bouteflika a œuvré férocement pour la création du Polisario et a engagé la diplomatie algérienne dans une cause qui ne la concerne pas. Alors que le pouvoir algérien a haussé le dossier du Sahara au rang de première cause de sa diplomatie et de sa presse, le peuple algérien ne se préoccupe guère de cette question.
Ce même peuple qui est en train de chasser hors du pouvoir les oligarques de l’ancien régime, élèvera de nouveaux défis au successeur de Bouteflika– qui répondent mieux aux aspirations des Algériens. La question du coût des dépenses d’Alger pour maintenir en vie le Polisario est totalement taboue.
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Le jour où un chiffre sera annoncé, il fera l’effet d’une bombe en raison du nombre considérable de milliards de dollars dilapidés.
Les dirigeants du Polisario connaissent très bien cette réalité. Et ils sont visiblement tétanisés à la perspective de tomber avec l’ancien monde qui les a créés.