La Tunisie, en pleine crise interne multiforme, est-elle victime d’un chantage des séparatistes du Polisario qui profitent de la «mainmise» actuelle de l’Algérie sur sa voisine de l’Est pour s’y afficher à chaque fois qu’une rencontre internationale est organisée sur place? Ou bien, son Président, le très contesté Kaïs Saïed, a-t-il été poussé, en contrepartie de prébendes-aides, à se ranger du côté d’Alger dans son inimitié gratuite et chronique à l’égard du Maroc?
Il y a tout juste un mois, une crise diplomatique inédite a éclaté entre Rabat et Tunis suite à l’accueil inattendu réservé au chef des séparatistes du Polisario par le président tunisien, dont le pays était l’hôte, les 26 et 27 août dernier, du 8e Forum de coopération nippo-africaine (Ticad). Il s’ensuivit un rappel immédiat de l’ambassadeur du Maroc à Tunis, puis de celui de la Tunisie à Rabat.
Lire aussi : Comment la Tunisie a tenté de faire valider son accueil du chef du Polisario par la Ligue arabe
Si le ministère marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a expliqué que «l’accueil réservé par le chef de l’Etat tunisien au chef de la milice séparatiste, est un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives», la Tunisie a vaguement répondu en arguant qu’elle a «maintenu sa totale neutralité sur la question du Sahara dans le respect de la légitimité internationale».
Une déclaration qu’infirme aujourd’hui la présence à nouveau du Polisario en Tunisie où il a participé à une rencontre du «Camp sur la justice environnementale et climatique», qui se tient du 25 au 30 septembre à Nabeul, ville située à 60 km au sud-est de Tunis, la capitale du pays. Ces éléments du Polisario seraient venus en Tunisie sous le parapluie d’une organisation espagnole basée à Barcelone, dite «Novact», connue pour son soutien manifeste aux thèses algériennes sur le Sahara marocain. Or, les médias algériens les ont présentés comme étant des membres de la pseudo «Association pour le contrôle des ressources naturelles et la protection de l'environnement du Sahara occidental».
Lire aussi : Kaïs Saïed, ou les dérives d’un président sous influence
Présente depuis dimanche dernier en Tunisie pour participer à cette rencontre, la délégation marocaine a découvert les intrus, mardi dernier, soit au 3e jour des travaux dudit camp, et ce, en apprenant que les séparatistes du Polisario projetaient d’organiser un atelier qui porte sur le Sahara marocain.
La délégation marocaine, qui faisait partie des 400 délégués officiels, représentant 65 pays à cette rencontre, s’est immédiatement retirée et a protesté auprès des organisateurs. Ces derniers ont fini par déprogrammer l’atelier dont le thème portait sur le «Changement climatique sous l’occupation - blanchiment écologique».
Cependant, il faut reconnaître qu’avec ce nouvel accueil d’une délégation du Polisario, la Tunisie a commis en moins d’une année une série d’actes inamicaux à l’égard du Maroc, surtout qu’ils touchent directement à la question de son intégrité territoriale. Ces actes ont commencé en octobre 2021 à l’ONU, quand la résolution 2602 du Conseil de sécurité sur le Sahara a été votée par 13 voix, alors que la Tunisie, membre non permanent, a choisi l’abstention aux côtés de la Russie. Cette position tunisienne inutile, mais qui sonne comme un rejet déguisé d’une résolution favorable au Maroc, a été interprétée par les observateurs comme un début d’alignement de Kaïs Saïed sur la position du régime algérien dans le dossier du Sahara.
Cet alignement, qui a vite évolué en abdication de la souveraineté nationale en faveur du régime algérien, se confirme par la présence inédite, et à deux reprises en l’espace de quelques jours, des séparatistes du Polisario à des réunions officielles en Tunisie. Et ce n’est là que la face apparente d’une vassalisation à l’œuvre et dont les avatars, très nombreux, polluent les rencontres internationales. En atteste le Conseil de la Ligue des Etats arabes, réuni au niveau des ministres des Affaires étrangères, qui s’est tenu au Caire les 6 et 7 septembre derniers, où la Tunisie de Kaïs Saïed a tout tenté pour introduire un paragraphe qui légitime l’accueil réservé à Tunis au chef des séparatistes. En vain.