Le Polisario s’apprête à tenir, dans les camps de Tindouf, son 16e congrès. Dans les camps, c’est un air de «campagne électorale» qui règne. Un simulacre de campagne électorale pour dire vrai, puisque depuis un demi-siècle, on assiste à une permutation des mêmes visages sur différents postes de commande du Front et de sa république fantoche, comme le souligne le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 26 septembre.
C’est ainsi, explique le quotidien, qu’en recourant aux nouvelles technologies de communication, chaque responsable se fait entourer par sa propre milice électronique qui se charge de redorer son image auprès de la population. Les réseaux sociaux sont donc infestés depuis quelque temps d'images et de clichés des dirigeants du Front affairés à exhiber leurs prouesses et réalisations, ou ce qu’ils croient comme tel. Souvent, les médias officiels algériens, appelés en renfort, ne se font pas prier et jouent le jeu volontiers, poursuit le quotidien.
Évidemment, la population séquestrée dans les camps de Tindouf n’est pas dupe. Elle sait que, depuis longtemps, les chefs de la milice armée du Polisario sont réduits à de simples pantins. C’est la diplomatie et les militaires algériens qui mènent le jeu depuis toujours, et aujourd'hui de plus en plus ouvertement. Les chefs du Polisario sont relégués au second plan, quand ils ne sont pas tout simplement écartés. Ils sont devenus d’ailleurs de plus en plus encombrant au vu des scandales dans lesquels ils sont impliqués et les casseroles qu’ils traînent.
Mais voilà que le congrès du front approche, et il faut donc rejouer la même comédie, encore une fois. Et par un coup de magie, les dirigeants du Front deviennent de plus en plus visibles. C’est sans doute le pseudo ministre des affaires étrangères, Salem Ould Salek, qui marque l’un des come-back les plus remarqués. Le voilà qui se prend en photo avec les dirigeants du Pérou et puis, juste après, dans une soi-disant réunion avec les officiels du Soudan du Sud et puis une autre avec les responsables du même pays à New York. C’est là, où il a même pris l’un des clichés les plus coûteux avec le chef de la diplomatie algérienne. Les deux hommes ont pris un avion depuis Alger pour aller se prendre en photo ensemble à New York.
Bref, explique le quotidien, ce n’est pas en égrenant des clichés ici et là que ce dirigeant, au poste depuis 1998, va abuser les populations des camps. Là-bas, comme ailleurs, tout le monde sait qu’il vient de payer, avec l’argent des aides humanitaires destinées aux camps, un centre médical pour son rejeton en Écuanteur où il séjourne régulièrement pour s’occuper de ses autres investissements dans ce pays.Tout le monde sait aussi qu’en plus des comptes ouverts en son nom au Panama, il détient également des participations dans une banque algérienne.
Selon le quotidien, le chef du Polisario, Brahim Ghali, s’est, lui aussi, fait remarquer dernièrement par la fréquence de ses apparitions sur les réseaux sociaux et les médias algériens. Du sommet de la Ticad en Tunisie au l’investiture du nouveau président de l’Angola en passant par la cérémonie de l’investiture de celui du Kenya, le chef de la milice armée ne cesse de se pavaner devant les caméras des médias qui lui sont totalement acquis et de multiplier les «selfies» qu’il a ordonné d’afficher partout dans les camps.
Évidemment, tout cela n’est que pure comédie. Les habitants des camps, relève le quotidien, savent très bien comment les dirigeants du Front mènent la belle vie à Alger, ou dans d’autres pays, tout en poussant la jeunesse des camps à lancer des provocations contre les FAR, dans des opérations suicides menées dans la zone tampon, au-delà du dispositif de sécurité.
Tout le monde dans les camps, poursuit Assabah, sait aussi, ou du moins s’attend à ce que le prochain congrès soit un véritable «massacre politique». Il n’échappe plus à personne que Brahim Ghali a la ferme intention de liquider politiquement ses adversaires pour asseoir définitivement sa mainmise sur tous les rouages du Front.
On sait d’ores et déjà, souligne le quotidien, que des dirigeants comme Bachir Mustapha Sayed, Mustapha Mohamed Ali Sid El Bachir ou même Mohamed Lamine El Bouhali ont été interdits de toute activité en lien avec les préparatifs du congrès.