Cela fait plus d’un mois que l’Algérie déploie une énergie démesurée pour torpiller la candidature du Maroc à la présidence du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour l’année 2024. Mobilisation de ses antennes diplomatiques, déchaînement de sa meute médiatique, attaques de son proxy polisarien et de ses relais, grossières manœuvres en coulisses… tous les moyens ont été déployés. Avec pour objectif d’éviter le pire scénario envisageable: la défaite de l’Afrique du Sud, son soutien le plus actif du continent africain face au Maroc. Il n’y a qu’à voir le nombre d’articles et d’éditoriaux consacrés au sujet dans la presse algérienne ces dernières semaines pour s’en rendre compte.
Face au tohu-bohu du voisin de l’est, le Royaume du Maroc a opposé calme et action. Finalement, les vertus du travail ont triomphé des verbiages et autres coups de menton.
Le verdict du face-à-face entre l’Afrique du Sud et le Maroc est tombé ce mercredi 10 janvier. Et c’est haut la main que le Maroc a été élu, à Genève, à la présidence du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies pour l’année 2024.
Le score est sans appel: le Royaume a recueilli 30 voix sur les 47 que compte l’organe onusien. Et face à qui? À l’Afrique du Sud, qui n’a rallié que les 17 restantes. Si la présidence du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, tournante, devait naturellement revenir à l’Afrique, le Maroc et l’Afrique du Sud étaient en lice pour succéder à la Tchéquie.
Face à la candidature d’Omar Zniber, ambassadeur représentant permanent du Maroc à l’ONU à Genève, le Sud-Africain Mxolisi Nkosi a joué des coudes. Anecdotique, mais tout aussi symbolique: l’absence, ce matin-là, de l’urne consacrée au vote et retrouvée endommagée, n’y a rien changé. Les membres ont dû remettre leurs bulletins directement aux officiers de l’ONU. Et le vote a été lumineux.
Une première historique pour le Royaume, qui voit ainsi récompensé son choix irréversible de la consécration de l’État de droit et du respect des droits de l’Homme. Mais c’est surtout une douloureuse défaite pour l’Algérie, dont l’assourdissant tapage n’aura finalement abouti qu’à une éclatante humiliation. D’un côté, un Maroc qui travaille en silence, consolidant son édifice démocratique et dont l’action extérieure gagne confiance et crédibilité sur la scène internationale et dans le système multilatéral. De l’autre, de basses manœuvres de l’Algérie qui, aux crises internes, préfère s’attaquer au voisin, manipulant à l’envi tant son proxy qu’est le Polisario que son parapluie international qu’est l’Afrique du Sud.
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«Tout en consacrant la démarche volontariste et constructive du Maroc sur le registre des droits de l’Homme, objet par ailleurs de régulières évaluations et d’examens périodiques qui en soulignent la pertinence, cette élection est en soi un démenti cinglant des accusations portées par l’Algérie et l’Afrique du Sud sur la situation des droits de l’Homme au Maroc, et au Sahara en particulier», indique le politologue Mustapha Sehimi. Ce fin connaisseur du dossier en veut pour illustration le score impressionnant obtenu par le Maroc auprès de pays représentant plusieurs continents. «Cela montre que tous les argumentaires fomentés par les adversaires du Maroc ne sont pas recevables», explique-t-il.
Hystériques appréhensions
L’agitation du régime algérien a un autre nom: la peur panique. La junte appréhendait avec hystérie de voir le Maroc, dans le cas où il triomphait de l’Afrique du Sud, accéder aux dossiers, et ils sont légion, des atteintes du régime algérien aux droits de l’Homme. Et ceci depuis la décennie noire, durant lesquelles les pires atrocités, crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont été commis contre les populations civiles, aux emprisonnements en série et autres condamnations à mort qui continuent d’être la règle contre toutes les voix dissidentes. Sans parler des sanctions administratives qui s’abattent sur ce qui reste de la société civile encore un peu critique à l’égard du «Système». Le régime d’Alger craint que ses nombreuses casseroles relatives aux violations des droits de l’Homme ne soient mises à nu devant le Maroc s’il prenait la présidence le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
De plus, la situation humanitaire désastreuse qui règne dans les camps de Tindouf sera probablement au cœur de l’action du Maroc. Pas plus loin qu’en octobre dernier, Omar Zniber dénonçait à ce titre la «militarisation» des camps devant le comité exécutif du programme de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), pointant le refus de l’État hôte de procéder ne serait-ce qu’au recensement d’une population séquestrée et privée de ses droits les plus élémentaires. À commencer par celui de la libre circulation.
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Mais ce qui explique par-dessus tout l’anticipation hystérique du régime algérien sur une éventuelle victoire du Maroc, c’est l’identité du pays qui était en lice face au Royaume. Alger considère l’Afrique du Sud comme son meilleur soutien contre l’intégrité territoriale du Maroc. Cette puissance continentale sert toujours de levier à la junte pour contrer les percées diplomatiques du Maroc sur le dossier du Sahara occidental. Or, voir l’ogre sud-africain défait par le Maroc est une image insupportable pour le régime algérien. Cela signifie que le Maroc n’inflige pas des revers uniquement au régime algérien, mais aussi à la puissance à laquelle il recourt pour mettre en difficulté le Royaume. Or, cette puissance a été défaite de façon humiliante, avec un score sans appel de 30 contre 17. Ce revers aura certainement des répercussions sur le plan continental et est déjà annonciateur de l’issue d’une autre bataille, dont l’enjeu est d’expulser la pseudo-RASD de l’Union africaine.
Pretoria, peu habitué jusque-là à recevoir des coups du Maroc, va devoir désormais composer avec une nouvelle réalité: son hostilité criante à l’intégrité territoriale du Royaume a un impact préjudiciable sur son agenda international.
Pour cacher et se dérober à ses propres responsabilités, Alger a tout misé sur la candidature de l’Afrique du Sud, dont une des rares «causes» communes avec la junte est le soutien évident à la milice du Polisario. L’occasion est, cette fois encore, ratée, «tout comme l’ont été les autres tentatives visant à donner une place au Polisario dans des événements internationaux, et comme l’a été le projet d’adhésion de l’Algérie aux BRICS, qui allait servir de tremplin aux thèses de ce pays. Une nouvelle preuve, s’il en faut, d’une diplomatie à la dérive», conclut Mustapha Sehimi.