L'affaire de la fausse «ambassadrice sahraouie» au Pérou sonne le glas de la «RASD» en Amérique Latine

Khadijetou El Mokhtar.

Khadijetou El Mokhtar. . dr

Le Polisario joue son «avenir diplomatique» à l'aéroport Jorge Chavez de Lima, où sa présumée «ambassadrice», Khadijetou El Mokhtar, est en «guerre» depuis dix-sept jours contre les autorités péruviennes pour tenter d'accéder à ce pays latino-américain, affirme l'agence «EFE». Les détails.

Le 26/09/2017 à 19h44

La présence de la "RASD" en Amérique Latine est aujourd'hui plus que jamais menacée. C'est en tout cas ce qui ressort d'un article de l'agence de presse espagnole, paru mardi 26 septembre au sujet de l'affaire de la fausse "ambassadrice sahraouie" la dénommée Khadijetou El Mokhtar, bloquée depuis le 9 septembre à l'aéroport international Jorge Chavez de Lima, où elle engage toujours un "bras de fer" avec les autorités péruvienes dans la tentative d'accéder à leur pays. "Si, finalement, le Polisario perd la bataille de l'aéroport, il aura mis en place un cours qui pourrait être reproduit dans d'autres pays d'Amérique Latine, la seule région au monde, avec l'Afrique, où le Front Polisario bénéficie d'un solide soutien", estime l'agence "EFE", dans cet article signé Javier Otazu.

"El Mokhtar, résidant à Madrid et ayant la nationalité espagnole, est arrivée à Lima le 9 septembre et les autorités péruviennes ne l'ont pas admise dans le pays", relève "EFE". En cause, un antécédant gravissime au passif de cette présumée "ambassadrice de la "RASD". Lors d'un séjour précédent, effectué en août dernier au Pérou, l'intéressée avait en effet «violé les conditions migratoires pour entrer en tant que touriste et s'engager dans diverses activités de nature politique", a expliqué jeudi le ministère péruvien de l’Intérieur, cité par "EFE".

"Les autorités migratoires péruviennes ont ensuite offert à El Mokhtar un retour gratuit à Madrid, auquel elle s'est opposée, et lui ont ensuite donné le droit d'entrer dans le pays "avec l'engagement exprès de réaliser uniquement des activités touristiques", indique encore "EFE". "Maintenant, son cas rappelle celui de Tom Hanks dans "The Terminal", affirme-t-elle, en référence au personnage "Viktor Navorski" (Tom Hanks). Un touriste qui, au moment de s'enregistrer sur le territoire américain, est bloqué car son pays d'origine, la Krakozie, vient de voir son gouvernement renversé par un soulèvement de l'intérieur et plonger dans la guerre civile.

"El Mokhtar est l'un des «ambassadeurs sahraouis» itinérants dans des pays latino-américains où il n'y a pas de représentation stable de la "RASD" pour maintenir des contacts permanents avec des groupes politiques, presque toujours des partis, et des journalistes (...) À l'instar de ses autres collègues, elle ne peut utiliser son passeport diplomatique sahraoui dans les pays qui reconnaissent la RASD (Mexique, Uruguay, Panama et ALBA), tandis que dans d'autres, elle utilise son passeport espagnol qui l'oblige théoriquement à maintenir un statut de touriste", explique "EFE". Et d'ajouter: "C'est le cas du Pérou, mais aussi du Brésil, de l'Argentine, du Chili ou de la Colombie, des pays qui n'ont jamais reconnu la RASD ou, à un moment donné, ont suspendu leur reconnaissance (affaire Pérou en 1996) ou l'ont gelée (cas de la Colombie en 2001)".

La "realpolitik" du Maroc mise en exergue

"Dans presque tous les pays d'Amérique Latine, il existe des «groupes d'amitié» avec le Polisario, qui reçoivent ses représentants et les accompagnent dans leurs activités politiques, mais ils ont contre eux le Maroc, l'ennemi éternel du Polisario, qui ne s'arrête pas", constate "EFE", relevant que le Maroc a réussi à "mettre en place 26 groupes d'amitié parlementaires avec tant de pays d'Amérique Latine".

"Le Maroc, qui est traditionnellement en retard sur le lobbying en Amérique Latine, a été pris plus au sérieux ces dernières années", estime l'agence espagnole, qui affirme s'appuyer sur les témoignages de plusieurs diplomates latino-américains à Rabat.

"Au Pérou, comme dans le reste du continent, la gauche est la plus proche de la cause sahraouie, tandis que la droite est la plus proche de la «realpolitik» que représente le Maroc. Le gouvernement de Rabat semble avoir compris et, maintenant, il compte plusieurs amis latino-américains", remarque "EFE". "En parallèle, et cela est nouveau, le Maroc démarche des pays qui étaient autrefois des bastions du Polisario, comme cela s'est passé avec le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba: parce qu'ils veulent aussi faire des amis", indique l'agence de presse espagnole, en guise d'explication à la démarche marocaine.

Une démarche fondée sur la légitimité de sa cause, innovante par son pragmatisme et allant dans le sens de l'esprit prôné par l'ONU qui appelle à faire preuve de "réalisme" dans la négociation d'une solution politique juste et équitable au conflit du Sahara.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 26/09/2017 à 19h44