Les relations entre le Maroc et la France ne sont pas au mieux. Durcissement des conditions d’octroi de visas aux ressortissants marocains, ambiguïté de la position française sur le dossier du Sahara marocain, affaiblissement des liens économiques, sont, entre autres, les dossiers chauds qui minent cette alliance et risquent même de mener à une crise diplomatique entre les deux pays. Pour parler de ces dossiers et d’autres encore, Le360 a interviewé Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l’étranger, ancienne ministre déléguée aux Affaires étrangères chargée des Français de l’étranger de 2012 à 2014, vice-présidente du Sénat de 2018 à 2020, et secrétaire de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Pour Hélène Conway-Mouret, la décision du gouvernement français de durcir l’octroi des visas aux ressortissants marocains est «incompréhensible». D’abord, parce que «les deux pays ont une relation particulière basée sur la confiance, le respect et sur la réciprocité, ainsi que sur des conventions, signées il y a très longtemps, permettant de faciliter la mobilité entre les deux pays», s’indigne la sénatrice.
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Il est «inadmissible» qu’une telle mesure soit prise «tout simplement parce qu’il n’y a pas eu une entente entre les deux gouvernements au niveau diplomatique», et que «les citoyens marocains soient pénalisés et, de fait, victimes de cette mésentente», tonne Hélène Conway-Mouret qui croit dur comme fer que «la France se pénalise elle-même dans cette mesure qu’elle a décidé de prendre».
Si les mésententes entre le Maroc et la France perdurent au point de menacer les relations entre les deux pays, c’est qu’il y a un problème de communication. Pour l’ancienne ministre déléguée aux Affaires étrangères, il est du ressort des politiques et diplomates d’apaiser les tensions, de communiquer et de se mettre autour d’une table. L’objectif est de comprendre pourquoi il y a cette incompréhension et pourquoi on a besoin de réciprocité et de se faire confiance, explique la sénatrice pour qui «la France n’a pas besoin d’en passer par là, surtout pas avec le Maroc».
Selon plusieurs analystes, le froid diplomatique qui grippe la relation entre les deux pays serait imputé à l’ambiguïté de la position française sur le dossier du Sahara marocain, surtout après la reconnaissance par les Etats-Unis de la pleine souveraineté du Maroc sur ses Provinces du Sud et le soutien public du gouvernement espagnol au plan d’autonomie marocain pour le Sahara. Pour l’ancienne ministre française aux Affaires étrangères, «il est peut-être plus facile pour les Etats-Unis de prendre une décision que pour la France, au vu de la relation passée, présente et à venir avec le Maroc et l’Algérie». Pour elle, la France doit servir d’intermédiaire entre les deux pays et faire le maximum pour faire progresser les choses.
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Le froid diplomatique entre Rabat et Paris commencent à peser lourd sur les relations économiques entre les deux pays. Pour Hélène Conway-Mouret, la mesure de rétorsion en utilisant les visas a des «effets désastreux». «Je repars à Paris avec une longue liste de marchés qui ont été perdus parce qu’un visa n’a pas été attribué à un investisseur et parce la personne, qui croyait en la France, a été humiliée et n’a donc pas envie de continuer avec la France», confie la sénatrice.
«Les politiques français doivent réaliser que la rétorsion en utilisant les visas n’est pas la bonne mesure à prendre pour inciter le Maroc à accepter de rapatrier certains de ses ressortissants. Cette mesure punit les citoyens marocains, francophones et francophiles, qui aspirent à un avenir en France», insiste la Hélène Conway-Mouret.