La crise ukrainienne a donné une autre dimension à la visite au Maroc, programmée depuis longtemps, de la sous-secrétaire d'Etat américaine, Wendy Sherman.
Nombre de commentateurs ont spéculé sur un mécontentement des deux partenaires historiques du Royaume, les Etats-Unis et l’Union européenne, suite à la non-participation du Maroc, le 2 mars, au vote de la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant l’agression militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie.
Le communiqué conjoint du Maroc et des Etats-Unis, qui a fait suite à la rencontre, ce mardi 8 mars à Rabat, de Wendy Sherman avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, était particulièrement attendu. Or à la lecture de ce communiqué, on se rend compte que la relation entre les deux pays a atteint une grande maturité. Et si ce qui est partagé entre le Maroc et les Etats-Unis couvre un terrain très étendu, il peut y avoir des nuances par rapport à des considérations propres aux intérêts de chacun des deux pays. Au sujet de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, cette nuance s’est cristallisée sans ébranler la solidité des relations entre Rabat et Washington.
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D’ailleurs, le paragraphe du communiqué conjoint qui cite l’Ukraine est conforme aux termes du premier communiqué du Maroc qui a fait suite au début du conflit armé. «Le ministre des Affaires étrangères Bourita et la sous-secrétaire d'Etat Wendy Sherman, ont également discuté d'une série de questions régionales, notamment le Sahel, la Libye et l'Ukraine. À cet égard, le ministre et la sous-secrétaire d'Etat ont réaffirmé l'importance du respect de l'intégrité territoriale, de la souveraineté et de l'unité nationale de tous les Etats membres des Nations Unies», lit-on dans le communiqué. Et c’est là la seule référence à la crise ukrainienne.
Dans sa déclaration devant la presse, Wendy Sherman a été davantage prolixe sur la guerre en Ukraine. Elle a condamné dans des termes vigoureux l’offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine et a eu des mots de compassion pour les femmes et les enfants ukrainiens, tués ou contraints de fuir leur pays. Quant à Bourita, il est resté droit dans ses bottes dans sa déclaration verbale, en affirmant que la position du Maroc sur la crise ukrainienne demeure celle-là même qui a été exprimée dans les deux communiqués du ministère des Affaires étrangères.
Par ailleurs, le communiqué conjoint du Maroc et des Etats-Unis fait référence à la Déclaration tripartite, signée le 22 décembre 2020 par le Royaume du Maroc, les Etats-Unis d'Amérique et l’Etat d’Israël, consacrant la reconnaissance américaine de la pleine souveraineté du Royaume sur son Sahara. A ce sujet, il est précisé que «les Etats-Unis continuent de considérer le plan d'autonomie marocain comme sérieux, crédible et réaliste, et en tant qu’approche pouvant répondre aux aspirations des populations de la région».
A cette occasion, les deux parties ont exprimé leur «soutien ferme» à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, dans la conduite du processus politique relatif au Sahara, mené sous les auspices des Nations Unies.
Le communiqué conjoint fait aussi référence au partenariat stratégique entre les Maroc et les Etats-Unis et aux prochaines manœuvres militaires, Africain Lion, qui se dérouleront au Maroc en 2022 et qui constituent les plus grands exercices militaires au continent africain.
Ce communiqué conjoint est donc la démonstration que la relation entre le Maroc et les Etats-Unis n’est pas liée à un vote. «D’ailleurs la non-participation du Maroc au votre de l’Assemblée générale de l’ONU n’a pas une surprise pour les USA et l’UE. En tant que partenaires du Maroc, ils ont été prévenus que le Maroc ne prendrait pas part au vote à l’ONU relatif à la condamnation de la Russie», affirme une source diplomatique à Le360.
En somme, si le Maroc a gagné des points avec la Russie, il n’en a pas perdu avec les Etats-Unis qui a compris les contraintes du Royaume.