Lors d’une interview accordée, vendredi 19 novembre, à la chaîne BBC Africa, Antony Blinken a répondu à une question insistante de la journaliste Anne Soy. Elle lui demandait si les Etats-Unis allaient revenir sur leur décision de reconnaître la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara.
Le secrétaire d'Etat américain lui a alors répondu: "maintenant, l'accent devrait être mis sur l’action de l'ONU pour trouver une solution durable et digne".
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La journaliste est ensuite revenue à la charge une deuxième, puis une troisième fois, en demandant encore au secrétaire d’Etat si les Etats-Unis allaient revenir sur leur décision, et s'ils allaient aussi "donner une chance" à "un éventuel référendum". Antony Blinken a alors répété que le pays a été "très engagé avec toutes les parties". "C'est l'objet de nos efforts", a-t-il dit, ajoutant que "nous parlons à toutes les parties concernées".
"Nous avons été très engagés avec toutes les parties. Et comme je l'ai dit, notre objectif en ce moment, d'autant plus que nous avons maintenant un envoyé de l’ONU, après une longue période sans en avoir, est de nous assurer que ce processus peut avancer. C'est là-dessus que nous nous concentrons. C'est là que va notre soutien", a réitéré le secrétaire d’Etat américain. Les Etats-Unis s’en remettent donc toujours au processus des Nations Unies.
Ci-dessous, l'extrait sur le Sahara marocain de l'interview accordée à BBC Africa, à partir de la minute 1:07 :
Et une retranscription des propos d'Antony Blinken, sous le feu des questions insistantes de la journaliste de BBC Africa:
QUESTION: Une région dont on parle rarement, le Sahara occidental. Nous avons vu vers la fin de l'administration Trump qu'ils reconnaissaient la souveraineté du Maroc sur cette région contestée. Est-ce quelque chose que vous allez inverser?Antony BLINKEN: Nous sommes maintenant très concentrés sur le soutien des efforts de l'envoyé de l'ONU, Staffan de Mistura, et d'un processus dirigé par l'ONU pour trouver une solution durable et digne. C'est l'objet de nos efforts.
QUESTION: Mais allez-vous revenir sur cette décision?Antony BLINKEN: Nous nous concentrons sur ce processus de l'ONU, en aidant à le faire avancer. Nous parlons à toutes les parties concernées. Et en ce moment, l'accent devrait être mis sur ce que l'ONU fait, encore une fois, pour trouver une solution durable et digne.
QUESTION: Les Etats-Unis sont le seul pays au monde à reconnaître la pleine souveraineté du Maroc sur cette région. Allez-vous inverser cette position?Antony BLINKEN : Encore une fois, notre objectif...
QUESTION: ... et donner une chance à l'effort dont vous parlez, un éventuel référendum? Allez-vous inverser la position?Antony BLINKEN: Nous avons été très engagés avec toutes les parties. Et comme je l'ai dit, notre objectif en ce moment, d'autant plus que nous avons maintenant un envoyé de l'ONU après beaucoup de temps sans en avoir, est de nous assurer que ce processus peut avancer. C'est là que nous nous concentrons. C'est là que va notre soutien.
Fin des questions insistantes.
La journaliste de la BBC semble ignorer qu'en plus des Etats-Unis, 23 autres pays reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara et ont ouvert des consulats, aussi bien à Laâyoune qu'à Dakhla. Autre enseignement important: on ne revient pas sur un acquis, on le consolide. Et la seule façon de le consolider est de se conformer à la dernière résolution (2602) du Conseil de sécurité, qui exhorte à une solution réaliste et à l’esprit de compromis. L’unique solution réaliste pour le conflit du Sahara est donc bel et bien consubstantielle au plan d’autonomie que prône le Royaume du Maroc.
Cela fait près d’un an que le régime algérien, son protégé le Polisario et leurs relais à Washington et ailleurs gambergent sur une improbable inversion par le président Joe Biden de la décision de son prédécesseur sur la souveraineté du Royaume sur son Sahara. On verra si les spéculations vont se calmer avec l’an deux de cette reconnaissance historique. Pourtant, ces spéculateurs devraient se résoudre à l’idée de cette reconnaissance, et même cesser de poser à chaque occasion cette question: est-ce que l’administration Biden va revenir sur la décision de l’administration Trump? L'insistance est un peu lassante, 11 mois plus tard. Et c’est peut-être là qu’il faut chercher les réponses (ou non réponses) d’Antony Blinken sur ce sujet qui n’est plus d’actualité. La reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n’est plus à commenter: elle est, de fait, banalisée.