La réaction de l’Algérie, que l’on pourrait aisément qualifier de prévisible, mais néanmoins forcenée, de rappeler ce mardi 30 juillet 2024 son ambassadeur de France après la reconnaissance par celle-ci de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, témoigne d’une perte de contrôle notable parmi les généraux algériens. Symptomatique de la fébrilité algérienne sur ce dossier, ce retrait est le climax d’une série de plusieurs rappels consécutifs depuis que Macron est à l’Élysée.
Précédemment, Alger avait réagi en rappelant à trois reprises son ambassadeur en France. La première fois en 2020 après la diffusion sur France 5 et LCP de documentaires sur le Hirak, la deuxième fois après les commentaires de Macron sur «la rente mémorielle» entretenue par «le système politico-militaire» en Algérie et la troisième fois après l’affaire relative à la fuite en France de la journaliste Amira Bouraoui. Ces rappels à répétition illustrent parfaitement le coefficient épidermique qui tient lieu de réaction dans les relations bilatérales selon Alger. Les trois rappels précédents d’ambassadeurs algériens n’ont strictement servi à rien. La crise provoquée par Alger s’est à chaque fois dégonflée et l’ambassadeur a regagné son poste par la petite porte sans que la junte n’obtienne ne serait-ce que l’ombre d’une concession. Donc, tout porte à croire que ce quatrième rappel d’ambassadeur, sous le mandat du président Macron, connaitra le même aboutissement que les précédents. Le régime d’Alger ne réussira pas à modifier la position historique de la France sur le Sahara et son ambassadeur reprendra en catimini un vol à destination de Paris.
Néanmoins, le revers diplomatique subi par le régime d’Alger est cette fois-ci sévère. Il s’agit d’un tournant historique qui renvoie comme un miroir de la vérité au système algérien l’image de son impéritie et de son petit poids régional. Car, au-delà des réactions impulsives et de la mobilisation de partis politiques aux ordres, des cris d’orfraie et du brandissement de pseudo principes, c’est à un naufrage de près d’un demi-siècle d’hostilité à l’intégrité territoriale du Maroc auquel le régime algérien assiste impuissant.
Dans son hystérie, le régime d’Alger en oublie même qu’il a rendu complètement invisible le Polisario, supposé être la partie en conflit avec le Maroc. Le péril en la demeure a poussé Alger à sortir du bois et se proclamer comme la principale –et unique– partie en conflit avec le Maroc sur le Sahara comme Rabat n’a eu cesse de le répéter.
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Que va faire le régime d’Alger? Se contenter d’un troisième rappel de son ambassadeur en France? Trop tempéré, trop consommé. Prendre d’autres mesures de représailles? Le régime d’Alger en perte de vitesse partout, et particulièrement au Sahel où il est en conflit quasi ouvert avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso dispose de peu de leviers pour faire pression sur la France. Va-t-il garder 18 mois à Alger l’ambassadeur Saïd Moussi comme il l’a fait en 2022 quand Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, a adressé une lettre au roi Mohammed VI où il considère «l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» au sujet du Sahara marocain? L’inutilité de cette décision a été mesurée avec l’Espagne. D’ailleurs, c’est ce même Saïd Moussi qui était en poste à Madrid quand il a été rappelé par le régime d’Alger.
Que faire? Alger est dans une impasse et la seule voie qui lui reste est de faire le pari de l’avenir et des peuples du Maghreb en reconnaissant à son tour la marocanité du Sahara occidental. Cela ne se fera pas avec les chibanis qui tiennent les rênes du pouvoir. Mais l’horloge biologique tourne, même si comme l’a rappelé l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, la relève en Algérie, ce sont les septuagénaires qui remplacent les octogénaires.