Hélène Laporte ou quand le RN préside le groupe France-Maroc à l’Assemblée nationale

Hélène Laporte, députée française du RN.

Hélène Laporte, députée française du RN.

Revue de presseLe Groupe d’amitié France-Maroc a depuis peu une nouvelle présidente, en la personne de la députée du Rassemblement national Hélène Laporte, une nomination qui a surpris plus d’un observateur. Cette personnalité, dont le groupe soutient avec ferveur la marocanité du Sahara, est en effet une farouche opposante à la commercialisation de la tomate marocaine en Europe. Un paradoxe qui mérite des explications, comme le souligne une revue de presse tirée du site de «Jeune Afrique».

Le 06/02/2025 à 21h59

Le Rassemblement national (RN, ex-Front national, extrême droite), actuel second parti en nombre de députés au sein de l’actuelle Assemblée nationale française a pris, cette semaine, les rênes du Groupe d’amitié France Maroc à la Chambre des députés française. Une nouvelle qui aurait pu être rassurante, la France et le Front national soutenant ouvertement la marocanité du Sahara.

Mais le hic, c’est que la nouvelle présidente du Groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale, Hélène Laporte, est opposée à la commercialisation de la tomate marocaine en France.

Dans un article-portrait paru le 5 février 2025, le site du mensuel panafricain Jeune Afrique estime que le choix d’Hélène Laporte, de la part de la présidente du RN Marine Le Pen, peut sembler surprenant.

D’une part, le Maroc a toujours été considéré par Marine Le Pen et son parti comme «un grand pays de diplomatie et de développement économique», mais aussi comme «un partenaire dans la lutte contre l’immigration», écrit Jeune Afrique.

D’autre part, il existe au sein du RN des personnalités influentes ayant fait montre d’un soutien inconditionnel au Maroc, comme Sébastien Chenu, qui a d’ailleurs été pressenti pour diriger ce groupe. La présidence a été acquise par le RN selon la «règle du tourniquet» (une astuce politique à la française qui n’a rien à voir avec la présidence tournante).

Pourquoi dans ces conditions, Marine Le Pen a-t-elle choisi une députée connue pour son opposition aux accords commerciaux Maroc-UE? Tout simplement parce que le RN a, dans la foulée, donné des garanties au Maroc sur la défense de ses intérêts.

C’est en ce sens que Jeune Afrique écrit que «si les autorités marocaines n’ont pas officiellement commenté cette nouvelle, elles semblent l’avoir accueillie positivement, le RN étant perçu comme pro-marocain, notamment sur le dossier du Sahara».

D’ailleurs, la nouvelle présidente du groupe d’amitié France-Maroc a elle-même envoyé des signaux rassurants dès sa nomination. D’abord, elle a eu un échange qu’elle estime «très constructif», le 3 février courant, avec l’ambassadrice du Royaume à Paris, Mme Samira Sitail.

Ensuite, elle a publié un tweet sans équivoque: «Pleinement convaincue que nos deux peuples ont vocation à faire grandir le lien profond d’amitié qui les unit, je tiens à assurer l’ensemble des Français et des Marocains de ma volonté de travailler en ce sens dans le cadre de ma fonction de présidente». Et d’ajouter: «La France et le Royaume du Maroc, qui ont la vocation géographique et la responsabilité historique de soigner les relations entre les deux rives de la Méditerranée, partagent une riche histoire commune et des liens culturels, économiques et diplomatiques étroits qui font de nos deux pays des partenaires privilégiés».

Cette députée anti immigration, anti-LGBT, pro-Poutine et pro-Donald Trump a-t-elle mis de l’eau dans son vin? Car concernant le Maroc, elle tweetait en octobre dernier, lors de la visite historique d’Emmanuel Macron au Maroc: «Profitez de votre visite au Maroc avec monsieur Macron pour mettre fin à l’accord commercial visant à exonérer de droits de douane la tomate marocaine qui place nos agriculteurs dans une situation de concurrence déloyale invivable depuis 2012!».

Ce qui est certain, c’est que ses positions anti-tomate marocaine s’expliquent par des raisons strictement électoralistes, car «les agriculteurs français représentent l’une des bases électorales les plus importantes du RN qui se doit de leur apporter des gages de soutien», justifie Jeune Afrique.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 06/02/2025 à 21h59

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