Élus, administration... pourquoi le roi Mohammed VI est si critique

DR

Le roi Mohammed VI a souligné, vendredi, sa volonté de redresser la situation et de corriger les dysfonctionnements constatés à tous les niveaux de l’administration et au niveau des conseils élus et des collectivités territoriales, et qui empêchent l’évolution du modèle de développement marocain.

Le 14/10/2017 à 10h12

"Nous ne critiquons pas pour le plaisir de critiquer, tout en laissant les choses en l'état. Notre volonté est, plutôt, de redresser la situation, en veillant à rectifier les erreurs commises et à corriger les dysfonctionnements constatés". C'est ce qu'a affirmé le roi Mohammed VI, dans un discours prononcé devant les membres des deux chambres du Parlement, à l'occasion de l'ouverture de la première session de la 2ème année législative de la 10ème législature.

Le roi a d'abord rappelé que cette session fait suite au discours du trône dans lequel le souverain avait identifié les difficultés qui empêchent l’évolution du modèle marocain de développement et constaté les dysfonctionnements qui sévissent à tous les paliers de l’administration et au niveau des conseils élus et des collectivités territoriales. Le roi a ensuite indiqué que le fait de prendre un temps d’arrêt pour engager une réflexion critique répond à une exigence du moment et n’est nullement une fin en soi, ni le terme du processus.

Cette pause marque plutôt l’avènement d’une étape cruciale, où il sera question d’établir une corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes, a encore dit le souverain, ajoutant qu’"il conviendra alors de rechercher activement des réponses et des solutions appropriées aux problèmes urgents et aux questions pressantes des citoyens".

Le souverain a indiqué que l’action qu'il mène s’inscrit au cœur de ses prérogatives constitutionnelles et illustre sa volonté d’aller de l’avant dans la dynamique de réformer et de donner l’exemple à toute personne ou entité chargée de la gestion de la chose publique.

Le roi a affirmé n'avoir jamais hésité à sévir contre quiconque fait preuve de négligence dans l’accomplissement de son devoir national ou professionnel, soulignant que "dans l’état actuel des choses, une plus grande fermeté s’impose pour rompre avec le laisser-aller et les pratiques frauduleuses qui nuisent aux intérêts des citoyens".

"Les problèmes sont connus et les priorités sont claires; nous n’avons nul besoin de recourir à d’autres diagnostics vu qu’il y a, déjà, pléthore en la matière", a fait remarquer le souverain.

Après avoir rappelé qu'il a, à maintes reprises, fait le point sur la situation et pris la pleine mesure des dysfonctionnements, lesquels sont connus de tous les Marocains, le roi a ajouté que ce qu’il demande en définitive c’est, en premier lieu, "une mise en œuvre efficace des projets de développement programmés et mis en chantier; corrélativement, la recherche de solutions pratiques et réalisables aux vrais problèmes des citoyens et des réponses adaptées à leurs demandes raisonnables et à leurs attentes légitimes en termes de développement, d’éducation, de santé, d’emploi, etc."

"En parallèle, il importe d’assurer un suivi rigoureux et continu de l’état d’avancement des programmes sociaux et développementaux, et d’accompagner les travaux engagés en les soumettant à une évaluation régulière et intègre", a expliqué le souverain, qui a décidé dans ce cadre la création d’un ministère délégué auprès de celui des Affaires étrangères, chargé des affaires africaines, et plus particulièrement de l’investissement, ainsi que la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances.

Le roi a donné également ses orientations à la Cour des comptes pour qu’elle remplisse ses missions de suivi et d’évaluation des projets publics lancés dans les différentes régions du royaume.

"Comptables devant Dieu, devant le Peuple et devant le Roi" Pour le souverain, les Marocains ont besoin d’un développement équilibré et équitable, de la généralisation de la couverture médicale et de la facilitation de l’accès, digne de tous, à de bons services de santé, d'un enseignement de qualité, d'une justice équitable et efficace et d'une administration à leur service et au service de l’intérêt général. Le souverain a toutefois fait observer que les "dysfonctionnements qui entachent la gestion des affaires publiques ne sont pas une fatalité. Les surmonter n'est pas impossible, à condition de s’armer d’une volonté sincère et d’exploiter judicieusement les moyens disponibles".

Cette tâche est du ressort du parlement, du gouvernement et des élus, lesquels sont "comptables devant Dieu, devant le Peuple et devant le Roi de la situation dans laquelle le pays se trouve actuellement", et doivent "souscrire, avec responsabilité et sincérité, à l’effort national visant à changer cet état des choses, loin de toute considération politicienne ou partisane", a insisté le souverain.

Après avoir souligné que la patrie appartient à tous les citoyens et que l’ensemble des Marocains ont le droit de bénéficier des bienfaits du progrès et des fruits de la croissance, Mohammed VI a appelé le parlement, le gouvernement et les élus à être à la hauteur de la lourde responsabilité nationale qui leur incombe et à œuvrer dans l’intérêt bien compris de la Nation et des citoyens.

Le 14/10/2017 à 10h12